John 5

John 5 et Jared James Nichols à Montréal | Freak show, bluegrass et guitar-héros

Le Piranha Bar affichait complet depuis longtemps pour cette soirée présentant le guitariste qu’on connaît surtout par Marilyn Manson ou Rob Zombie, John 5, qui s’est permis d’amener – à l’image des artistes avec qui il joue – un décor démesuré pour l’endroit. Au final, John 5 a donné un spectacle plutôt hallucinant et surprenant dans une salle remplie à craquer, s’affirmant dans son univers et jeu déjanté, alors que le guitariste Jared James Nichols s’est illustré en ouverture. Retour sur une soirée mémorable.

Prélude : Dead Girls Army

Dead Girls Army fait du émo-rock comme on en fait plus. Et ce n’est peut-être pas pour rien qu’on en fait plus. Un voyage au début des années 2000. Les gars jouent bien (même si on entend peu leurs guitares), et affichent un super look affirmé jusqu’aux cheveux, mais leur pop-core séquencé est loin d’être exceptionnel, loin derrière les grands du genre qui ont pavé une voie un peu délaissée.

 

Acte I : Jared James Nichols

Jared James fait du blues rock comme on en fait plus. En jouant avec tout son cœur et son être, généreux, et avec un superbe son sur sa guitare signature Epiphone « Old Glory » et son ampli signature Blackstar. Ses compositions donnent dans un hard-rock blues à l’américaine, aux touches parfois stoner, qui ne serait pas sans rappeler par moments les Canadiens de Monster Truck. Parce qu’en plus d’être un super guitariste, il a une bonne voix ! Appuyé par un bassiste et un batteur vraiment solides, Jared James Nichols s’affirme en bête de scène, allant jusqu’à plonger dans la foule compacte pour jouer un solo.

Mais ce qui fait la particularité et la singularité de ce six-cordiste que beaucoup de magazines encensent comme un des nouveaux espoirs de la guitare, c’est que tu n’as aucune chance d’attraper un pick après son concert : il n’en utilise pas ! Une technique assez impressionnante inspirée des vieux rois du blues des années 60 et 70 comme Albert King. Jared frappe ses cordes aux doigts, ce qui crée un son vivant, organique et chaleureux. Ou pensez à une version plus brutale et hard rock de Mark Knopfler. Il nous présente un nouveau titre, A Nail in My Coffin, plus lent et mélodique, avant de finir avec des morceaux plus bluesy, nous envoyant quelques derniers solos arrachés à mains nues. Remarquable.

Acte II : John 5 et ses créatures

Jean Cinquième du nom fait des concerts instrumentaux comme on en fait plus, surtout dans des petites salles comme ce soir : un vrai spectacle varié et intéressant, où on ne s’ennuie pas après deux morceaux de branlage de manche. Déjà en amenant un des décors les plus démesurés qu’on ait vu au Piranha Bar : chateaux hantés gonflables, écrans de chaque côté de la scène sur les amplis, et évidemment John 5 lui-même et son look excentrique Dommage que son bassiste n’ait pas fait l’effort du look, mais il est tellement talentueux qu’on oublie vite ce détail.

Et les guitares de John 5, aussi extravagantes que lui : impossible de compter le nombre d’instruments qu’il a utilisés, ça devait prendre toute la place du backstage du Piranha. Mention spéciale à son roadie qui travaille sans relâche pendant tout le spectacle pour ces changements.

Lorsqu’on voit John 5 sur les grandes scènes aux côtés de Manson ou Rob Zombie, on saisit dans ses courtes interventions qu’il y a du talent et du haut niveau. C’est une pointe de l’iceberg, et on a pu voir l’immense et surprenante partie cachée ce soir. Saviez-vous que John 5 est un excellent joueur de bluegrass (même de banjo et de mandoline électrique!), de jazz et blues avec une vibe un peu années 50 ? Si les deux premiers morceaux étaient un peu prévisibles et encore trop imprégnés de la touche metal-indus, tout le reste du spectacle est surprenant dans la variété des styles évoqués, mais aussi dans la technicité du guitariste. Car c’est une chose de jouer à toute vitesse et faire du sweeping avec une grosse distortion et des effets, mais avec un son clair un peu country, c’est une autre paire de manches.

On note aussi la reprise de Beat It de Michael Jackson et une des meilleures interprétations jamais vues du fameux solo de Van Halen. Et que dire du medley assez hallucinant passant par Led Zeppelin, Metallica, Pantera, Moltey Crüe ou Rush, enchaînant à toute vitesse de célèbres riffs et thèmes sans jamais manquer une note. John 5 expérimente aussi des accordages différents, un peu inspirés de la country. Il conclue avec son titre robotique I am John 5 , revenant dans le style metal-indus mais toujours en envoyant du slapping, sweeping et autres prouesses techniques. Même si son univers visuel semble imprégné de Rob Zombie, John 5 prouve ce soir qu’il est un guitariste à part entière avec son propre univers musical déjanté, dans une variété surprenante. Respect Jean Cinq.

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