Sarah Millican

Just For Laughs 2015 | Michael Che à la Maison Théâtre

Coanimateur du Weekend Update de Saturday Night Live depuis 2014, le New-Yorkais  Michael Che a présenté jeudi soir à la Maison Théâtre un excellent stand-up de 90 minutes, soit 30 de plus que prévu à l’horaire.

D’entrée de jeu, on ne sait pas trop à quel genre de personnage s’attendre. Habitués de l’entendre lire un texte, son discours ralenti nous surprend lorsqu’il improvise, comme quelqu’un qui viendrait de se réveiller.  « Je fais les nouvelles à SNL, mais sérieusement, je ne devrais pas. Je ne regarde même pas les nouvelles. Je ne suis pas du tout qualifié pour ce travail! », lance-t-il en guise d’introduction.

Dès le début de la performance, il choisit quelqu’un dans la première rangée, un dénommé Andrew, à qui il adressera toutes sortes de questions embarrassantes même si ce dernier ne semble pas du tout avoir envie de se prêter au jeu. Visites aux bars de danseuses, type de pornographie qu’il recherche… Andrew sera le go-to guy de la soirée.

Bien que Che se soit muni de quelques notes, il est évident que la préparation du spectacle est minime. Il improvise en s’esclaffant souvent de ses propres blagues.

 

Le N-Word

Le sujet principal du spectacle s’arrêtera sur la situation des noirs aux États-Unis. Plus précisément sur leur appellation et leur localisation. Che aborde entre autres la gentrification de New York, alors que Brooklyn, l’un des quartiers traditionnellement occupés par des Afro-Américains, s’est vu changer avec l’arrivée de jeunes femmes blanches. « J’habite dans un immeuble généralement blanc, mais le gardien à l’entrée est noir. Chaque mois, je vois la fierté dans ses yeux lorsqu’il s’aperçoit que j’ai à nouveau réussi à payer le loyer! », raconte-t-il.

Puis le sujet dévie vers le terme « nigger » et la manière dont les noirs peuvent se permettre de l’utiliser abondamment entre eux, mais de moins en moins publiquement, sous peine d’être jugés.  Un excellent numéro où Che ira même chercher l’approbation des quelques spectateurs noirs dans la salle.  Plusieurs membres de l’auditoire seront amenés à débattre la question sous forme de discussion, qui bifurquera vers des plaisanteries sur les spectateurs, ce que Che fait habilement.

 

Participation du public

En conclusion, la formule lente et observatrice de Michael Che est efficace et il adresse bien les débats sociaux avec humour et une bonne dose d’autodérision. Il affirmera même en fin de spectacle, que c’était la première fois que le public était plus drôle que lui, alors qu’il a reçu quelques bonnes réponses à ses moqueries.

Une leçon à retenir de ce type de performance : si vous n’avez pas envie de vous faire inclure dans un stand-up par un humoriste, c’est simple, ne vous assoyez pas dans la première rangée. Il est bien évident que le pauvre Andrew a eu sa leçon hier soir : si tu ne participes pas de ton plein gré, tu deviendras la tête de Turc. Che l’a lui-même bien expliqué : « Les amis, ceci est un spectacle d’humour, je ferai donc des blagues ».  Nous n’aurions pas su dire mieux.

 

Affion Crockett

En ouverture, Affion Crockett a réchauffé la foule en racontant que malgré son allure, il n’aurait jamais pu être un thug. Il a effectué quelques imitations drôlement réalistes, dont Tupac qui danse le ballet et Jay Z qui vante son équipe de basket.

Puis, il a affirmé qu’il n’y a pas assez de noir au cinéma et que des personnages sombres comme Batman devraient être joué par des acteurs Afro-Américains. « Laissez Terry Crews sauver Gotham pour une fois! » s’est-il exclamé.

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