Les Cowboys Fringants

La fausse modestie des Cowboys Fringants

Les Cowboys Fringants publiaient mardi un message sur leur page Facebook, comme ça, discrètement, pour leurs 85 000 adeptes: « Ne votez pas pour nous pour le Groupe de l’année à l’Adisq (sic) ». Or, se faisant, ils prennent sans doute une sérieuse avance pour l’emporter…

Pour un groupe qui vend l’intégrité comme marque de commerce dans une Province où la modestie est l’ultime vertu, une telle déclaration est un gage de respect qui risque de se traduire en vote massif. Les Cowboys Fringants ne sont certainement pas sans le savoir.

En écriture pendant la majeure partie de l’année, Les Cowboys Fringants n’ont pas été aussi présents sur les scènes, sur les radios, en entrevues ou sur le web que leurs compatriotes aussi en lice: Alfa Rococo, Karkwa, Radio Radio et Les Trois Accords. Ils se seraient retrouvés « malgré eux » en nomination dans cette catégorie convertie en vote populaire en 2009 et seraient « gênés d’aller chercher un trophée qu’on ne mériterait pas », selon le message publié sur Facebook.

Le groupe était sans doute loin de se douter de l’ampleur que prendrait cette cyber-déclaration: multiples mentions à CKOI, articles dans le Voir et sur le site de Radio-Canada, et rien de moins que la une du Journal de Montréal. Sans compter plus de 800 « Like » de fans sur Facebook et une centaine de commentaires complaisants; les fans y voient de la « noblesse », de la « diplomatie », de la « grande classe » et de la « modestie ».

 

Le malaise Mes Aieux

Cette situation découle sans doute du « malaise Mes Aieux » de 2010. L’an dernier, rappelons-le, Stéphane Archambault s’était permis un commentaire senti au sujet de la victoire inespérée et un brin gênante de Mes Aieux, qui n’avait pourtant pas été très présent sur les radars des mélomanes québécois cette année-là.

De l’aveu même d’Archambault, Karkwa s’est fait voler le Félix du Groupe de l’année en 2010. Une fois de plus cette année, Karkwa est en nomination dans cette catégorie qui fut, jadis, prestigieuse, avant que le vote du public n’en fasse un concours de popularité. Avec un prix Polaris, une percée vers le monde anglophone tout en gardant un engagement régulier au Québec, 2011 fut peut-être encore plus « l’année Karkwa » que l’an précédent. Et pourtant, vote populaire oblige, la statuette du Groupe de l’année risque de leur glisser encore des doigts, au profit du groupe le plus invisible de l’année parmi les 5 possibilités.

 

En nomination malgré soi

La notion d’être inscrit dans un gala majeur à son insu me semble curieuse. Surtout quand la gérance du groupe relève en grande partie du Président du C.A. de l’ADISQ, Claude Larivée.

L’équipe de La Compagnie Larivée Cabot Champagne a vu neiger et n’est certainement pas du genre à omettre de communiquer ce genre de « détail » à ses poulins.

Voyant venir les contre-coups de leur sortie, Les Cowboys Fringants ont tôt fait de corriger le tir en diffusant un second message. « Nous sommes les seuls responsables de cette nomination puisque nous aurions dû avertir notre équipe de ne pas nous inscrire cette année », soulignent-ils d’une seule voix tout en spécifiant qu’ils maintiennent leurs propos tenus quelques heures plus tôt.

Une chose est sure: cette mini-polémique devrait ramener sur les tribunes un débat quant à la pertinence d’attribuer un prix aussi large et significatif d’après un vote populaire. À tout le moins, l’ADISQ devrait considérer de renommer le Félix « Groupe préféré du public 2011 » ou une appellation qui n’aurait pas de connotation qualitative puisqu’il ne souligne que la notoriété du groupe et le dévouement de ses fans, indépendamment de l’apport de celui-ci sur une période donnée.

En ce qui concerne Les Cowboys Fringants, cette mini-controverse et un petit discours humble au Gala de l’ADISQ tomberaient à point pour une formation qui lancera son nouvel album le 15 novembre, date que tous les médias ont pris soin de souligner en traitant du fameux message Facebook.

La stratégie est ingénieuse, il n’y a rien de mal à cela. Il faudrait juste se garder de confondre « stratégie de mise en marché » et « modestie ».

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