Grande Réunion autour du feu (pour Petite-Vallée)

La Grande réunion autour du feu pour Petite-Vallée | Karkwa et Octobre se réunissent pour soutenir Petite-Vallée

Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, disait l’adage. Pour Alan Côté et son Festival en chanson de Petite-Vallée, ça ne pourrait pas être plus vrai…

Tel un village gaulois, Petite-Vallée refuse d’abdiquer. La petite municipalité gaspésienne, considérée par une bonne partie de la colonie artistique québécoise comme un épicentre de la création en chanson, a été durement éprouvée cet été par un incendie qui a réduit en cendres le valeureux Théâtre de la Vieille Forge, lieu mythique et dynamique autour duquel gravite non seulement le festival, mais toutes sortes de concerts à l’année.

L’élan de solidarité n’a pas tardé. « On est comme ça au Québec ! », souligne le grand manitou Alan Côté, le sourire aux lèvres. Il souligne avec une grande fierté que la veille, lors de la remise des prix de la Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec (SPACQ), le grand Yvon Deschamps a remporté le prix Sylvain-Lelièvre, soulignant sa carrière exceptionnelle. Le prix venait avec une bourse de 10 000$… que l’humoriste a spontanément décidé de remettre à Alan Côté — présent sur les lieux puisqu’il a lui-même remporté le prix Diane-Juster décerné pour son implication exceptionnelle auprès des auteurs-compositeurs-interprètes — pour la reconstruction de la Vieille Forge.

Plus tôt cet été, un spectacle-bénéfice tenu au Centre Vidéotron de Québec, ainsi qu’une campagne silencieuse en ligne, a permis à Petite-Vallée d’amasser 360 000$.  Un encan aurait aussi eu lieu en Europe. Bref, les appuis affluent.

Alan Côté était de passage à Montréal mardi matin afin de tenir une conférence de presse pour annoncer la tenue d’un autre spectacle-bénéfice, cette fois du côté de la Métropole, dans le but d’amasser des fonds afin d’embrayer le processus de reconstruction.

petite-vallee-michel-rivardAinsi, le lundi 23 octobre 2017, au MTELUS, se tiendra un événement ingénieusement titré « La Grande Réunion autour du feu ». Les artistes au menu : Michel Rivard (2 fois parrains, et 1 fois passeur), la Gaspésienne Marie-Pierre Arthur, mais surtout deux réunions pour le moins appréciables, soit celles des groupes Karkwa et Octobre.

Tous étaient présents à la conférence de presse. Michel Rivard a été le premier à témoigner que « je ne vois pas comment j’aurais pu ne pas accepter », lui qui n’était pas disponible pour le concert à Québec en septembre. Marie-Pierre Arthur abondait dans le même sens, rappelant à quel point le festival et son école ont été centraux dans son évolution en tant qu’artiste. Pierre Flynn et les membres d’Octobre ont aussi embarqué à pied levé.

 

Réunion de Karkwa

Bien entendu, le spectacle du 23 octobre à Montréal comptera sur l’attrait de la solidarité envers Petite-Vallée, mais aussi celui du retour de Karkwa, ne serait-ce que pour une seule soirée. Ce ne sont pourtant pas les occasions de se réunir qui manquaient, mais les 5 gars du groupe rock québécois ont toujours résisté à l’appel du comeback depuis qu’ils se sont déclarés en « pause prolongée », il y a près de 6 ans maintenant.

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« On a tous des liens très étroits avec Petite-Vallée. C’est vraiment comme la famille », nous explique François Lafontaine, conjoint de Marie-Pierre Arthur. Une bonne partie de la famille de Louis-Jean Cormier provient également de ce petit coin de la province. D’ailleurs, Alan Côté et Louis-Jean Cormier sont cousins. Mais au-delà des liens personnels de chacun, le groupe doit aussi beaucoup à la petite municipalité gaspésienne et son festival. « On s’est fait les dents là-bas. Petite-Vallée nous donnait toujours des push, comme pour le Grand Huit, qui est un espèce de truc France-Québec et on était le house band. »

« Dans notre vie, comme band, on a peut-être passé une quarantaine de jours à Petite-Vallée. Il n’y a aucune autre place au Québec où on aurait pu faire ça. On a donc aussi un attachement au lieu, aux loges, aux gens », ajoute le batteur Stéphane Bergeron.

Tous autant qu’ils sont, les gars de Karkwa semblent aussi excités à l’idée de renouer. « On se parle, on se voit, on s’aime encore », confie Louis-Jean à la poignée de journalistes réunis.

« Au-delà des chansons, c’est aussi le plaisir de se retrouver entre nous, qui avons passé des années à être toujours ensemble, et essayer de voir comment ça rebondit entre nous après tout ce temps, rajoute Julien Sagot. Les étoiles se sont bien alignées pour qu’on soit encore capables de bien s’entendre et de vouloir faire de la musique. On va le faire pour Petite-Vallée et un peu pour nous aussi. »

« C’est un contexte où il n’y a pas de pression, ce n’est pas impliquant pour nous, on n’est pas dans la machine pantoute, ajoute François Lafontaine. Il n’y a pas le follow spot sur nous. C’est juste le fun de se dire qu’on va prendre une couple de bières, aller dans un local et travailler quelques chansons. »

La bande se garde bien de parler d’un « retour » (« on n’est pas en train d’annoncer un retour de Karkwa sur les tablettes des disquaires », scandait ironiquement Louis-Jean) puisqu’il s’agit pour l’instant d’une histoire d’un soir. C’est plutôt une « réunion », et on ignore toujours pour l’instant à combien de chansons les fans auront droit le 23 octobre prochain.

Julien Sagot laisse tout de même entendre, par le biais d’une métaphore étrangement liée à Petite-Vallée et sa proximité de la mer, que personne n’est fermé à ce qu’il y ait peut-être une suite à cette expérience… « C’est vrai que ça peut être un moteur. Le fait de se rencontrer, de refaire de la musique ensemble, ça peut entraîner un mouvement… Des fois ça crée un tsunami, des fois ça fait juste quelques vagues et ça s’étend… »

Plus ambitieux que l’original

On dit souvent que ce qui fait de Chicago une ville extraordinaire, c’est l’ambition de rebâtir plus grand et mieux qu’à l’origine à la suite des incendies qui ont détruit la quasi-totalité de la ville au 19e siècle.
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Alan Côté adhère à cette philosophie. « Il faut tourner une catastrophe en occasion de rebâtir et de partir à neuf. Ce qu’on avait avec la Vieille Forge, ça s’était fait au fil de 35 ans de travail. Des petits bouts gagnés un an à la fois mais ensuite, il y avait plein d’incohérences. On n’avait pas tout pensé de la bonne manière », ajoute-t-il, en énumérant les détails techniques qui n’étaient pas exactement au goût du jour, surtout sur le plan environnemental. « Il y a 35 ans, on n’était pas dans le développement durable, l’ergonomie, la gestion de l’énergie… Avec le nouveau théâtre, on voudrait être moins dépendants de l’énergie qui vient de l’extérieur.»

Il n’y a pas un gouvernement qui va me demander : « as-tu l’appui du milieu? » en tout cas !

De plus, le sympathique gaillard parle ouvertement d’un projet qui lui tient à coeur : l’idée de construire un studio en bord de mer, où des artistes en résidence pourraient créer et enregistrer, tout en bénéficiant d’une aide financière qui leur permettrait de s’investir dans la création sans avoir à se soucier du reste, durant une certaine durée. « Je veux doter la chanson du Québec de quelque chose de plus. Je veux évidemment avoir une belle salle qui va les accueillir le mieux du monde, mais aussi créer un studio, comme il y a à New York, à Paris, un peu aussi sur le modèle du Domaine Forget pour la musique classique, mais qui va accueillir et outiller les chanteurs. Un studio POUR la chanson. Le momentum est super important en ce moment. Je pense pouvoir gagner mon pari, et quand je vais prendre ma retraite, disons dans 10 ans, je serais fier de laisser tout ça derrière. »

Quoi qu’il en soit, la reconstruction sera longue et nécessitera beaucoup de patience, mais en mobilisant le milieu, Alan Côté améliore ses chansons d’accélérer le processus.

Y’aura-t-il un Festival en chanson de Petite-Vallée à l’été 2018 ?  « Ça c’est certain ! On a déjà notre plan B de trouvé au cas où », assure Alan Côté, qui ignore si le nouveau théâtre sera prêt à temps. « Il faut au moins que la construction soit amorcée. Sinon, on le sait, ça peut être là. Et on peut se dépanner, mais pas éternellement. En plus, symboliquement, c’est très important non seulement pour moi, mais pour la communauté. »

Les billets (65$ à 150$) sont présentement en vente par ici.

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