UUBBUURRUU

Le FME bûche-t-il ? | Acte 2 : Pirates et découvertes

Un samedi qui s’annonçait définitivement plus difficile, en plus de la gueule de bois, car le programme n’annonçait pas grand-chose à se mettre sous la dent niveau musique de sauvage. C’était sans compter sur les pirates de ruelles locaux et les concert non-officiels, en plus de belles découvertes, qui ont finalement donné un excellent samedi soir.

* Consultez notre article Acte 1 : Quadriphonies et punk septuagénaire

Il faudra attendre que la nuit tombe pour que les choses sérieuses commencent. Les premiers à faire un peu de bruit digne de ce nom sont les Montréalais de Royal Caniche au Petit Théâtre. Un duo batterie-guitare, mais quelle guitare : un instrument totalement fait maison, sans frettes, joué au slide. Le batteur utilise habilement un pad pour envoyer des séquences et bruits étranges, et le tout est quand même bien ficelé pour nous envoyer un genre de stoner grunge francophone, assez sale, noisy et lourd. Après une version québécoise bien grasse du Chaperon Rouge, Royal Caniche termine avec leur efficace et bien-aimée Rebecca.

C’est sur la même scène qu’arrivera un plus tard, vers dix heures, une grosse pointure de la soirée. Metz n’est pas qu’une ville en France, c’est aussi un trio post-hardcore de Toronto, et ça envoie du lourd. Très bien en place, les trois Ontariens se donnent à fond, jusqu’à la dernière goutte de sueur dans l’écrasante chaleur du Petit Théâtre, et en plus le son est excellent. Metz a définitivement un aspect nirvanesque, le bassiste ayant fortement des airs de Krist Novoselic, et le batteur martelant ses fûts avec une brutalité Dave Grohlienne. Et certains riffs auraient même un feeling des pièces les plus heavy de In Utero par exemple. Le dernier morceau sera très noisy, planant dans un final fuzzy finissant de nous envahir de fréquences en distorsion. Chapeau bas à Metz pour une solide performance.

Merci à Antoine Bordeleau, de Voir, pour nous avoir prêté cette photo.

Merci à Antoine Bordeleau, de Voir, pour nous avoir prêté cette photo de METZ.

On aurait pu voir du bon rock’n’roll vintage dans le glauque Bar des Chums, mais la tentative de spectacle impromptu des Deuxluxes s’avère difficile. Leur prestation est déjà moins entraînante quand les petites percussions ne sont pas là, et l’atmosphère assez moche du bar n’aidera pas à réchauffer l’ambiance, en plus de la malchance d’une corde cassée. Dommage, le remarquable duo montréalais n’était pas mis en valeur ici.

 

Shows pirates : Barricade et Docteur V

Mais la magie du FME est bel et bien en train d’agir, et on commence à courir entre les différents lieux pour aller voir les prestations qui fusent. Mais surtout, un élément très important vient changer la donne : l’émergence des pirates, de l’anti-festival, c’est-à-dire des spectacles non-officiels. Ça commence dans le petit magasin de disques Joubec – coiffeur – barbier avec l’excellent groupe local Barricade. Branchés entre deux bacs de vinyles au fond du shop, le groupe balance son post-hardcore aux touches sludge et doom, avec des arpèges planants qui envoûtent le public qui se tasse tant bien que mal dans l’endroit minuscule, se mélangeant aux musiciens qui jouent à même le sol. Belle surprise et bonne initiative des légions locales, autour d’un groupe qui vaut vraiment le détour.

Et ça prend de l’ampleur avec un des maîtres de l’underground en Abitbi, Docteur V, qui envahit la ruelle derrière le site du FME.

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Encore une fois les gens du coin se sont entraidés pour électricité et éclairage, permettant au groupe de monter une installation pirate pittoresque, punk et remarquable. En fond de scène, une télévision cathodique diffuse des images d’un feu de bois, installée à l’arrière d’un pick-up avec des haut-parleurs sur les côtés : l’Abitbi dans toute sa splendeur.

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Le groupe à Docteur V a sa popularité et ses fans, la ruelle est remplie et l’ambiance est géniale. Sur la scène, ou plutôt le sol de gravier jonché de packs de bières, le groupe envoie son répertoire rock-métal-chanson-fusion-dans tous les sens. Avec des hymnes comme Biscuit Social ou Rat d’égout, Docteur V nous offre un spectacle authentique, crade, rebelle et proche du peuple, où on peut enfin « boire aut’chose que d’l’ostie de Boréale ! ».

La foule se presse aussi du côté du Diable Rond pour le show à guichet fermés pour le retour des Goules. Même les médias ne peuvent pas rentrer, la capacité maximum est atteinte, et c’est par chance et gracieuseté d’une amie abitibienne que je trouve un billet vers la fin pour voir trois morceaux. Et c’est tout un spectacle qu’offrent les Goules, même si ce n’est rien d’exceptionnel niveau musical, mais avec une bonne présence déguisée avec perruques et paillettes. Un joyeux bordel, punk et carnavalesque, drôle ou fatiguant selon les goûts.

Une des vraies claques musicales de la soirée arrivera finalement à une heure du matin dans le sous-sol du Petit Théâtre avec les imprononçables mais remarquables UUBBUURRUU. Armée non pas de deux mais trois guitares qui s’harmonisent dans un mur de son vintage et électrique, la formation montréalaise nous assomme avec un rock stoner aux touches 70’s, menés par un chanteur à cape. Le son est bien travaillé, les arrangements sont subtils mais très habiles, les riffs groovy à souhait, et le tout exécuté sans une note a coté par des musiciens de très bon niveau. Dans la pénombre du sous-sol, dans la nuit alcoolisée, UUBBUURRUU conclue en beauté cette soirée qui aura finalement été plus prolifique que prévu en terme de bûchage au FME.

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