Dance Me

Les Ballets Jazz de Montréal sont de retour avec Dance Me et l’essence de l’oeuvre de Leonard Cohen

Compagnie de danse contemporaine de renommée internationale, les Ballets Jazz de Montréal sont de retour à la Place des Arts avec Dance Me, un fabuleux spectacle créé là à guichets fermés en 2017 à même les plus belles chansons et musiques de Leonard Cohen. Aboutissement d’une vaste tournée qui a mené la troupe récemment dans 29 villes de 10 pays, dont la Chine, les BJM occupent à nouveau la scène du Théâtre Maisonneuve pour huit représentations seulement, jusqu’au 23 mars, dans le cadre de la 21e saison de Danse Danse.

Fondée en 1972, il n’y a pas loin de 50 ans, la compagnie n’a jamais cessé de grandir et de se positionner à l’avant-garde de l’évolution même de la danse actuelle. C’est le danseur étoile Louis Robitaille qui assure la direction artistique des BJM depuis 1998. Il écrit d’ailleurs dans le programme de la soirée que ce Dance Me « est sans contredit la production qui m’est la plus personnelle ». On l’aura compris, l’idéation de l’œuvre vient de lui, et elle est exclusive, Leonard Cohen lui ayant donné son aval de son vivant.

Le spectacle est imposant, nourri à la base des multiples talents de concepteurs comme Éric Jean à la dramaturgie, Martin Léon à la direction musicale et Alexis Dumais à la conception musicale, Pierre-Étienne Locas à la scénographie, et le designer montréalais Philippe Dubuc à la conception des costumes, y compris ceux de la silhouette sombre du chanteur à la voix grave portant son inséparable petit chapeau, et qui de son profil fantomatique traverse la scène à plusieurs reprises.

Les 13 excellents danseurs, parmi lesquels se démarquent Céline Cassone et Yosmell Calderon, ont eu à travailler avec trois chorégraphes. Et non les moindres : le Grec Andonis Foniadakis qui a reçu la prestigieuse bourse Maria Callas lui ayant permis de poursuivre sa formation à l’École Rudra-Béjart de Lausanne, avant de diriger le Ballet National de Grèce où il est maintenant chorégraphe résident; la chorégraphe belgo-colombienne Annabelle Lopez Ochoa qui a créé des œuvres pour plus de 40 compagnies réputées dans le monde; et enfin, le chorégraphe né à Londres Ihsan Rustem, maintenant établi en Suisse où il est membre fondateur du Ballet Stadttheater de Berne et du Tanz Luzerner Theater.

* Photo par Thierry du Bois.

Trois maîtres à danser donc, mais dont le travail s’harmonise pour donner un tout impeccable. Un tout qui regroupe 16 chansons de Leonard Cohen, parmi lesquelles les plus connues que sont Suzanne, So Long, Marianne, Famous Blue Raincoat, Hallelujah, Everybody Knows, ou encore Dance Me to the End of Love qui a inspiré le titre, enregistrée live à Londres en 2009. D’autres chansons sont moins populaires, à commencer étrangement par les deux premières qui ralentissent l’élan du spectacle à venir.

De plus, ce qui est rarement donné à voir, deux des danseurs chantent live sur cette scène. Ce sont Jeremy Coachman pour Hallelujah (mieux sentie cependant dans la version de K.D. Lang), et Kennedy Kraeling qui interprète So Long, Marianne avec davantage d’intensité.

Mais, l’âme tourmentée de Leonard Cohen n’en habite pas moins tout le spectacle. Celui qui nous a quittés le 7 novembre 2016 à Los Angeles, qui a reçu le prix Glenn Gould, huit prix Juno et un prix Grammy, aurait assurément salué d’un coup de son petit chapeau noir la résultante artistique de l’ensemble.

Bonne nouvelle, une première ici, Dance Me a été capté par deux caméras en prévision d’une projection le 24 mars prochain dans les cinémas d’une quarantaine de villes au Québec. Et autre bonne nouvelle, deux ultimes représentations du spectacle seront données les 11 et 12 juillet 2019 au Centre national des Arts à Ottawa.

Vos commentaires