Les Maîtres du feu à la TOHU | Un Gala de feu ardent et exaltant

Une foule nombreuse s’était réunie pour le Gala de feu des Maîtres du feu, vendredi dernier, à La Tohu. Retour sur une soirée exaltante et impressionnante.


Pour ceux qui n’y sont jamais allés, La Tohu est un bâtiment éco-énergétique situé dans l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension a la particularité d’avoir une salle circulaire à 360 degrés. Cette architecture unique en Amérique du Nord permet de voir chaque détail du spectacle, peu importe où on est situé. Cette configuration a réellement pris tout son sens lors du Gala de feu de vendredi.

D’abord, avant que le spectacle commence, on note une ambiance tamisée et relaxante, grâce aux chants de gorge et une trame sonore atmosphérique et planante. Les odeurs de feu et de vin promettent une soirée des plus captivantes!

Place au numéro d’ouverture. Une narratrice entame une dystopie, où le peuple des Porteurs d’Étincelles (enfance, imagination) furent décimés par l’Armée Mécanique (monde du travail et rationnel). Plusieurs artistes de feu arrivent sur scène, faisant tournoyer des boules de feu desquelles tombent de nombreuses étincelles. Le chef de l’Armée mécanique arrive sur des échasses, et il porte une carapace en flammes, riant aux éclats en détruisant les rêves des Porteurs d’étincelles. Mais le peuple se rebella contre le pouvoir établi, en créant un rituel de vengeance, pour ouvrir le «grand portail de lumière». Malgré que le début du numéro semble un peu maladroit (certains artistes ont l’air de se demander quoi faire), le flow reprend assez vite. Arrivent ensuite les tribus des 4 saisons, par 4 différentes allées autour de la scène. En tout, ce sont environ 20 artistes qui prennent d’assaut la scène.

Et c’est ainsi que le rituel de feu commence… Laissant place à une vingtaine de numéros tantôt émouvants, tantôt spectaculaires, jamais redondants.

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À souligner, la performance d’un équilibriste qui s’est tenu sur une corde raide pendant tout son numéro, faisant presque le grand écart sur la corde. Autre numéro particulièrement prenant : celui des guerriers Maori, avec leur chants de guerre vraiment efficaces et convaincants. Par ailleurs, le numéro de Simon Dragon, l’organisateur de la soirée, était intéressant aussi : il crachait du feu dans un gros oeil de glace (qu’un sculpteur à scie à chaîne avait auparavant tailladé pour en faire une bouche édentée!). Cet oeil a été mis en feu par la suite, à l’aide d’une corde mise sur celui-ci. Toute une alchimie!

Les artistes ont utilisé plusieurs accessoires, tels des monocycles, des cerceaux (dont un numéro magnifique de cerceau aérien, réalisé à l’intérieur d’un immense structure en forme de diamant constitué de tiges métalliques). Une quantité industrielle de choses a été enflammée : un arbre métallique, un énorme squelette tenu par trois personnes, des éventails, des bâtons de feu, doigts de feu, des nunchaku, des cordes, des balles à jongler, des bâtons fleurs… Une diversité infinie, quoi.

Les costumes des artistes valent la peine d’être mentionnés. Ils étaient époustouflants – dans les premiers numéros, c’était des tenues avec des fourrures animales, et des accessoires tribaux. Dans la majorité des autres numéros, il y avait prédominance de noir et rouge. Notons le costume d’une troupe en particulier : elles portaient des corsets, et leur jupes étaient faites d’une structure de 3 cerceaux de différentes grandeurs. Celui de la base, le plus grand, était en feu à différents points. Superbe!

 

Spectacle enflammé, ambiance tiède

La foule était étonnamment peu participative au cours de la soirée, les artistes recevant la plupart du temps des applaudissements tièdes malgré le talent exceptionnel des artistes. Les gens ont tout de même applaudi à plusieurs reprises l’équipe technique qui nettoyait la scène entre les numéros… et semblait aussi canaliser les énergies tribales/primitives, faisant souvent des bruits d’animaux pour meubler les silences! Car il manquait d’ambiance par moments… Les effets sonores commençaient un peu en retard quelques fois, laissant des secondes un peu inconfortables. Mais lorsque la musique y était, l’effet était très efficace. Des chants nordiques (inuits et amérindiens) ont donné une dimension spirituelle intéressante au spectacle.

Entre chaque numéro, ça fourmille de techniciens, qui nettoient la scène de fond en comble pour s’assurer de la sécurité. L’animateur de la soirée – hybride entre artiste du feu et «fou du village» habillé de loques – a un peu cassé un peu le rythme… Le personnage, que nous trouvions d’ailleurs très drôle dans son humour absurde, nous a cependant fait décrocher un peu du côté dramatique/solennel de toute l’histoire. Le « fou du village» a présenté un numéro plus tard dans la soirée lui aussi, et quoique déjanté, il fut bien exécuté. Il jouait surtout avec les trames sonores pour semer la confusion (passant du classique/ambiant au death metal, en passant par la pop)!

Mon numéro préféré de la soirée fut celui qui avait pour concept la santé mentale. Le groupe de musique Tintamarre y accompagnait les artistes ; c’était torturant à souhait, et ça collait très bien aux événements qui se déroulaient sur scène. Deux membres de Tintamarre ont pris part au numéro, en jouant des docteurs fous. Une grosse boîte en forme de tête carré était sur la scène, et l’un des deux docteurs lui donnait des «électrochocs», à l’aide d’instruments de pyrotechnie. Ensuite, plusieurs aliénés vêtus de simples jaquettes blanches d’hôpital ont sorti de cette boîte en criant. Les «malades mentaux» ont fait une diversité de choses : monocycle, jonglerie, danse, contorsion… Le tout avec divers objets enflammés, tels des bâtons ou des boules enflammés au bout de chaînes. Les aliénés ont finalement enfermé leurs docteurs dans la boîte! Un chaos extrêmement structuré et bien rodé.

Puisqu’il s’agit d’un gala, il y avait un jury déterminant un grand gagnant. Sept numéros ont été mentionnés, mais c’est finalement Nicole Heaslewood qui a gagné. Félicitations à la gagnante et à tous les participants. Le Gala de feu des Maîtres du feu fut, au final, une véritable orgie de lumière au coeur de cet hiver interminable !

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