Les Zapartistes au Club Soda | Le 21e siècle dans le tordeur

Les Zapartistes signent leur 21e spectacle avec leur bon vieux slogan « parce que rire est une si jolie façon de montrer les dents », une devise bien à leur image, défiant le cynisme public par l’humour.

Zap 21 est un retour sur l’actualité politique des 15 dernières années, avec des lunettes bleues et de gauche, un point de vue pleinement assumé des trois mousquetaires Vincent Bolduc, Jean-François Nadeau et Christian Vanasse, ainsi que de leur ombre Nadine Vincent à l’écriture. Sur scène, trois musiciens accompagnent le groupe en formule cabaret, donnant un ton combatif à la représentation face à l’industrie de la musique en continu.

Corruption, laïcité, attentats, environnement, courses au leadership du PQ, il y a certes là matière à réflexion. Alors que sauver les humains « est tellement 20e siècle », les Zapartistes mystifient le début de cette époque qui se dit plus écologiste :

Avant, on voulait sauver des Africains qui mangeaient des racines. Maintenant, on veut sauver les racines.

Nul besoin de partager la même vision politique pour apprécier cette 21e production. Le spectacle est intelligemment écrit dans son ensemble et ratisse assez large pour rassembler gauchistes comme gens de droite par l’humour et l’autodérision. Encore faut-il porter assez d’intérêt à l’égard de l’actualité pour en saisir les subtilités et reconnaître tous les personnages issus du milieu politique et médiatique.

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À cet effet, notons de brillantes imitations de Lucien Bouchard sur la paresse des Québécois, de Gilles Duceppe sur l’incohérence de leur vote et de Ron Fournier sur la défense de leur langue, faisant référence au tollé du remplacement de Jacques Martin par Randy Cunneyworth comme « coach » de l’équipe du Canadien de Montréal.

img_3973Entre les Labeaume, Tremblay, Charest, Marois, Couillard, Harper ou Trudeau de ce monde se glissent quelques autres personnalités publiques, dont une magistrale imitation de Sami Aoun, résumant le conflit au Moyen-Orient en beaucoup trop de mots et de ferveur à la minute. La sortie des tombes de Michel Chartrand, venant nous hanter sur la lutte des classes, était un autre moment réussi de la soirée, auquel trône au sommet l’entrée en matière de la CCCHHHAAARRRTTTEEE des valeurs québécoises de Bernard Drainville.

Et pour ceux qui se le demandent : oui, les Zapartistes ont eu le temps de concocter un numéro mettant à l’affiche la nouvelle prise de pouvoir américaine. Le séisme planétaire du nom de Donald Trump n’a pas été laissé pour compte dans une étonnante performance de Vincent Bolduc, à la chevelure orangée.

En plus des personnifications, les sketchs sont entrecoupées de pièces musicales, offrant un tour de chant à nos politiciens sur des airs connus mais avec de toutes nouvelles paroles. Les gags ne vous feront peut-être pas rire aux éclats, mais ils vous donneront certainement un rire communicatif, comparable à l’effet d’entraînement d’un discours partisan. Au fond, vaut mieux rire de ce début de siècle que d’en pleurer, « après le fumier, viendront les fleurs.

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* Le spectacle Zap 21 sera présenté à Québec ce vendredi 18 novembre à l’Impérial, puis à Longueuil le 16 décembre au Théâtre de la Ville.

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