LIMBO (Amélie Dallaire)

Limbo au Cabaret du Casino de Montréal | En manque de vertige

Pour une première fois, le Festival Juste pour rire, le Festival Montréal Complètement Cirque et le Cabaret du Casino de Montréal s’associent pour nous présenter LIMBO, un spectacle aux multiples emprunts venu d’aussi loin que l’Australie. À trop vouloir en mettre, avec plusieurs numéros franchement faibles, la résultante s’avère d’une qualité plutôt mitigée.

Créé en 2013 pour le Festival Fringe d’Adelaïde, et ayant connu un bon succès en tournée depuis, LIMBO se décrit dans son matériel promotionnel comme étant « un cabaret grandiose, surprenant et sexy, qui offre des illusions incroyables, des manœuvres spectaculaires et des chorégraphies à couper le souffle ». C’était beaucoup dire.

La mise en scène de Scott Maidment propose plutôt une enfilade de numéros disparates qui, à quelques exceptions près, ne réussissent pas à provoquer vertige et frissons dans le public.

L’ouverture du spectacle déjà, avec ses bruitages incongrus et la fanfaronnade des musiques du New-Yorkais Sxip Shirey interprétées par deux musiciens sur scène, est terriblement ennuyante pour quiconque étant un réel adepte des arts circassiens. Or, Montréal est une ville de cirque, et en comparaison, les shows des finissants de l’École nationale de cirque ont plus à offrir à un public connaisseur que ce melting-pot venu du pays des kangourous.

Le Cabaret du Casino se prêtant mal aux installations élaborées fait en sorte que des disciplines comme le mât chinois ou les tissus lisses n’arrivent pas à faire décoller ce spectacle qui mêle à tout venant rap, banjo, claquettes, break dance et numéro de contorsionniste aux performances des acrobates.

Par contre, le public se réchauffe devant du contenu à teneur plus intrépide, comme les prouesses d’une avaleuse de sabres, quand ce n’est pas des torches enflammées et même de tiges lumineuses. Enfin du spectaculaire!

Même chose, et en plus grand encore, pour ce numéro aérien, du jamais vu, où trois acrobates se balancent au bout de longues perches flexibles jusqu’au-dessus de l’assistance qui enfin retient son souffle et s’en amuse. Voilà un brin de folie audacieuse qui manque au reste. Mais cela ne suffit pas à sauver le spectacle censé de surcroît être sexy et provocateur, s’adressant à un public averti de 18 ans et plus, alors qu’il n’en est rien.

Une particularité se doit d’être soulignée cependant, celle des éclairages qui offrent à certains moments des faisceaux plantés droit à la verticale d’une lumière blanche concentrée que permet le laser. C’est visuellement très impressionnant. L’utilisation aussi par le musicien Eamon McNelis d’un énorme tuba doré fait en sorte que l’élément musique de LIMBO surpasse dans l’ensemble les exécutions des sept acrobates.

Le Festival Juste pour rire, le plus important du genre au monde, fondé il y a 35 ans par ce marchand de bonheur qu’est Gilbert Rozon, le Festival Montréal Complètement Cirque fondé par Nadine Marchand et qui a connu une croissance exponentielle en seulement huit éditions, et le Casino de Montréal avec ses six millions de visiteurs annuellement, n’auront pas réussi en invitant de pair la compagnie australienne Strut & Fret à créer de l’événementiel plutôt que du simple divertissement, comme en procure ce bien trop frileux LIMBO grand public.

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