Loïc April

Loïc April à la Casa Del Popolo | Peu de lumières, beaucoup de feedback

Des costumes, des paillettes, des jeux de lumières, des accessoires, des monologues… Ç’aurait été de mal connaître Loïc April de s’attendre à voir quelques artifices de la sorte lors du lancement de son album homonyme à la Casa del Popolo. C’est plutôt habillé en noir de la tête aux pieds que l’ancien leader du groupe Protofiev est discrètement monté sur la scène peu éclairée du bar du boulevard Saint-Laurent. Pour la prochaine demi-heure, il laissera les pièces de son premier album parler d’elles-mêmes.

Après avoir laissé couler un bain de feedback bien abrasif, Loïc April a commencé sa prestation avec Prestidigitateur. Son album n’étant disponible que depuis quelques heures, on peut comprendre que plusieurs membres du public n’étaient pas familiers avec cette chanson en deux temps. Si certains ont pu croire avec la première moitié de la pièce qu’il s’agirait ce soir-là d’un spectacle tranquille, Loïc et ses musiciens ont mis toute la gomme dans la deuxième moitié plus punk et agitée.

On avait déjà pu le voir casser ses pièces un mois plus tôt en formule duo, avec Denis-Paul Mazerolle, en ouverture de Phoebe Bridgers. C’est toutefois en quintette, avec trois guitares, s’il vous plait, que Loïc April a voulu faire justice à ses compositions. Des points pour la démarche est d’ailleurs beaucoup plus efficace lorsqu’elle sonne comme une tonne de brique, alors que le coda instrumental de Purgatoire était particulièrement planant avec toutes ces six-cordes qui jouaient à l’unisson.

Ceci est sûrement dû au fait que les pièces de l’album avaient d’abord été créées en groupe plutôt que seul en studio, comme l’explique Loïc April en entrevue après le spectacle. «C’est comme un laboratoire : j’arrive avec des idées et on check, « ah ça c’est-tu correct? » « Ah peut-être si la guitare joue pas à ce moment-là, ça, ça rentre… » pendant des blocs de trois heures le matin, deux fois par semaine pendant six mois, pis ça a donné un album.» En plus de travailler en équipe pour la musique, le chanteur et guitariste a également eu la chance de collaborer avec Philippe B, présent au lancement, pour les paroles.

« Là c’est un lancement, faque ça a l’air il faut qu’on se parle »

C’est assez clair que Loïc April préfère jouer ses pièces que de discuter avec le public. Ses interactions étaient assez limitées et rares, sa plus longue intervention ayant eu lieu tout juste avant la dernière pièce. Il a alors commencé à saluer les gens de son équipe, avant de finalement abandonner et suggérer aux gens d’acheter un vinyle puisque «dans le fond, tous les remerciements sont là». Il conclut sa parenthèse en demandant que l’on tamise encore plus les lumières pour Le silex qui aimait trop le froid. Comme il l’a fait pour débuter son spectacle, Loïc April en a profité pour soumettre le public attentif à une autre vague de retour de son bien corrosif avant d’entamer l’une des pièces les plus sombres de son court long jeu. Sa huitième et dernière pièce terminée, il a brièvement remercié le public de s’être déplacé avant de quitter la scène.

«Huit chansons, je pense que c’est pas mal le minimum qu’on peut avoir pour un album», admet Loïc April en entrevue après le spectacle. « Mais je pense que j’aimais mieux vraiment focusser sur huit chansons puis maximiser mon produit. » Il reconnait d’ailleurs avoir « des retailles et des maquettes » en sa disposition qui ne se sont pas concrétisées dans le projet final.

« On dit que les artistes en général ont toute leur vie pour faire leur premier album mais moi, j’avais déjà un EP [DIV/SION] et j’étais signé alors c’était comme semi-vrai » ajoute-t-il, en précisant que toutes les chansons de son nouveau projet ont été créées dans la dernière année.

Son premier album maintenant lancé, Loïc April avoue se sentir « soulagé », et force est d’admettre qu’il a su relever le défi. Avec ses textures dream pop, ses sonorités qui empruntent au rock alternatif du tournant des années 1990 et son flair indéniable pour des mélodies accrocheuses, Loïc April, le disque, promet de faire passer une demi-heure envoûtante à chaque écoute.

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