Opéra de Montréal

L’Opéra de Montréal ouvre sa saison avec Tosca

Comme l’année dernière avec Aida, l’Opéra de Montréal a choisi d’ouvrir sa saison hier soir avec une superproduction, le classique Tosca de Giacomo Puccini, et reste ainsi dans la lignée de la dernière saison qui s’était conclue en mai dernier avec La Bohème, un opéra tout aussi connu du même compositeur.


Avec Tosca, L’Opéra de Montréal a décidé de ne pas lésiner sur les moyens : décors grandioses, costumes d’époque, et une habituée du personnage pour chanter le rôle-titre. De plus, Tosca est le fruit d’un partenariat avec le Cincinnati Opera et le Michigan Opera. Il n’en fallait pas moins pour être à la hauteur qu’exige cette grande oeuvre.

Si le début du premier acte a paru un peu essoufflé, il n’en fut plus rien avec le deuxième et le troisième acte. Mais c’est surtout Melody Moore-Wagner, à la fois pétillante et espiègle dans sa jalousie, sensible et bouleversante dans sa tragédie, qui nous captive d’un bout à l’autre. On la sent à l’aise dans ce rôle pourtant si exigeant, totalement possédée par son personnage torturé qui plonge dans le drame par amour pour son amant. Melody Moore-Wagner chante avec une grande facilité sa partition, s’amuse et prend possession de la scène.

Une autre très bonne idée fut de réinviter Gregory Dahl, qui avait fait une apparition très convaincante l’année dernière dans Aida et à qui Tosca offre un rôle à la hauteur de son timbre : également possédé par son personnage vil et manipulateur, le terrible Scarpia qui poussera Tosca à sa fin, Dahl tient la scène et nous charme tout autant que Melody Moore-Wagner. À eux deux, ils nous offrent un deuxième acte envoûtant duquel on a du mal à décrocher.

Petite déception cependant avec Giancarlo Monsalve, dans le rôle du peintre Mario Cavaradossi, qui n’a pas su nous convaincre tout à fait. Un peu coincé sur scène et souvent forçant, il manquait de puissance et de moelleux dans sa voix pour un rôle de cette ampleur. Le même reproche pourrait s’appliquer à Patrick Mallette, qui chantait un Angelotti un peu trop convenu.

Les nouveaux décors que l’Opéra de Montréal a emprunté à l’Opéra de Cincinnati semblent fonctionner parfaitement sans écraser la scène et ajoutent au contraire beaucoup de profondeur à cette interprétation classique et traditionnelle. Néanmoins, la mise en scène où les personnages se retrouvent souvent de dos notamment au premier acte est un peu plus problématique surtout lorsque cela se reproduit fréquemment et fatigue très vite le spectateur. L’autre petit bémol vient des costumes que portent Melody Moore-Wagner et qui auraient pu être repensés, notamment la robe du premier acte, robe bonbon, qui ne met pas assez en valeur sa merveilleuse prestation.

Du côté de l’orchestre, on peut toujours compter sur une base solide de la part des musiciens de l’Orchestre Métropolitain,  même s’ils auraient pu être dirigés avec un peu plus de souplesse par Giuseppe Grazioli. Tosca est un opéra difficile à accorder avec les chanteurs puisqu’il faut trouver un équilibre entre le cadre donné par la partition et la liberté  que l’on peut accorder pour que la fluidité de la musique, qui peut changer de caractère très soudainement, puisse ressortir. Le manque de malléabilité s’est notamment fait ressentir dans le final du premier acte lorsque le choeur commence à s’élever.

Mis à part quelques petits ajustements à faire pour les trois prochaines représentations, la version de Tosca présentée par l’Opéra de Montréal est plutôt convaincante et a su tirer son épingle du jeu en s’appuyant sur des valeurs sûres qui permettent à la partition de Puccini d’exister sans paraître fade et flegmatique.

 

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