L’orchestre Klangverwaltung et le Chorgemeinschaft Neubeuern à la Maison Symphonique | Redécouvrir le Requiem de Mozart et le Magnificat de Bach

La première fois que je suis allée voir le Requiem de Mozart, j’avais quatre ans et demi et je me suis endormie sur mon banc de cathédrale après avoir expliqué à mes parents à quel point ce spectacle était vraiment nul. Désireuse de retenter l’expérience quelques seize ans plus tard, j’ai sauté sur cette occasion d’assister à la fois au Magnificat de Bach (BWV 243) et au Requiem de Mozart K 626) le même soir à la Maison Symphonique, par l’Orchestre allemand KlangVerwaltung et le Chorgemeinschaft Neubeuern. Et je ne regrette pas.

Magnificat! fut une soirée comme on en voit rarement. Deux oeuvres d’une telle ampleur exécutées l’une à la suite de l’autre laissaient présager d’un concert certes sacré mais avant tout exceptionnel, et le public n’a pas été déçu.

Le concert a directement débuté sur le Magnificat de Bach, royalement interprété par cet orchestre baroque et ce choeur parfaitement synchronisé. Enoch Zu Guttenberg à la direction rivalisait d’ingéniosité pour diriger à la fois le choeur, l’orchestre et les quatre solistes.

Si le ténor Daniel Johannsen s’est parfois retrouvé en difficulté dans les lignes les plus graves du Magnificat,  il a pu se rattraper lors du Requiem et se joindre alors pleinement à la soprano Susanne Bernhard, la mezzo-soprano Anke Vondung et la basse Tareq Nazmi. On pourra regretter peut-être les mouvements du choeur durant la pièce, qui s’assoient et se relèvent lors de leurs différentes entrées, mais il s’agit vraiment d’un très léger détail donné par devoir d’esprit critique plus que par envie. Le Magnificat ayant été, très honnêtement, interprété de façon magistrale.

 

Requiem accéléré…

Le Requiem de Mozart qui venait après l’entracte a pu en revanche laisser quelques scepticismes. Si l’entrée tonitruante du trombone sur le Requiem et Kyrie a fait sursauter plus d’une personne dans le public – et fait rire la plupart des collègues d’orchestre du malheureux cuivre – elle n’en a pas moins lancé avec ardeur une messe des morts très… vivante. Trop peut-être? Les mélomanes du public ont pu regretter la rapidité de l’interprétation de la pièce, jouée presque une fois et demie au-dessus des tempos auxquels notre oreille moderne est habituée.

Et pourtant, on ne pouvait qu’apprécier tout d’abord la parfaite exécution de la pièce malgré sa vitesse, qui prouvait simplement que l’orchestre et le choeur maîtrisaient l’oeuvre et ne se perdaient pas dans la vitesse imposée par le maestro Guttenberg ; et de plus se souvenir que ce tempo était avant tout un parti pris par l’orchestre et le choeur que nous avions sous les yeux.

En effet, le Klangverwaltung est spécialisé dans l’interprétation de pièces baroques, et expose ouvertement son souhait de jouer les pièces comme elles étaient l’étaient à l’époque. Le tempo rapide du Requiem de Mozart s’explique donc par cette volonté historique, tout comme les intonations et les accents presque exagérés par le choeur et les instruments tout au long de l’oeuvre, ainsi que l’accordage de l’orchestre auquel l’oreille a du s’habituer en début de concert. Nous avons donc pu assister à un Requiem à la fois vif et fortement contrasté.

Il faut ainsi saluer les choix très nets d’interprétation de la pièce de Mozart, qui ont donné lieu à un concert d’exception et une version du Requiem comme on en entend rarement. Le plafond mobile de la salle ayant été abaissé pour l’occasion, l’acoustique parfaite du concert nous a laissé profiter pleinement de l’ensemble de plus de cent cinquante musiciens et chanteurs qui célébrait ces grandes messes de vie et de mort.

Une standing ovation comme on en voit rarement à la Salle Symphonique a conclu le spectacle et je me suis dit que définitivement, j’avais été bien bête de m’endormir sur mon banc d’église à quatre ans et demi. Mais que je m’étais finalement bien rattrapée.

Magnificat! est en tournée en Amérique du Nord et sera présenté à Toronto le 22, à New York le 24, à Philadelphie le 25 et à Boston le 26 Octobre 2016.

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