Los Lobos – Gates of Gold (***½)

Los Lobos - Gates of Gold Los Lobos Gates of Gold

Pour le néophyte, celui qui ne connaît de Los Lobos que la trame sonore de La Bamba, l’écoute de l’album Gates of Gold offre une alléchante expérience. On y retrouve un rock classique aux accents blues, mené par des guitares pesantes et marqué d’une sorte de nonchalance de fin de journée d’été.

La formation californienne, qui existe depuis 1973, mélange habilement les genres. La pièce d’intro, Made To Break Your Heart, est un rock bluesé un peu pépère a priori, mais le solo de guitare au beau milieu nous annonce d’emblée, avec ses distorsions et sa lourdeur, que cet album va être légèrement plus décapant qu’il n’en donnait l’impression.

On saute d’un genre à l’autre avec beaucoup de cohérence tout au long de l’album. Comme son titre l’indique, Mis-Treater Boogie Blues est une chanson énergique dans laquelle la batterie, la basse et le piano servent de trame de fond à des solos de guitare entraînants.

La voix de David Hidalgo est très agréable et parfaitement adaptée à ce genre de musique. Sur There I Go, un léger effet d’écho et de distorsion y est appliqué, et cela rend la pièce encore plus intéressante, une sorte de morceau dépouillé où la batterie et la basse sont à l’avant-plan, agrémentées de touches de guitares qui se répondent les unes aux autres.

Too Small Heart est un excellent rock bien rythmé qui semble tout droit sorti d’un album de Jimi Hendrix, non seulement à cause du son de guitare identique, mais de la voix de Hidalgo à laquelle on a appliqué un effet qui rappelle celle du défunt guitariste.

Poquito Para Aqui ressemble davantage à l’idée qu’un néophyte pourrait se faire de Los Lobos, basé seulement sur le succès du groupe avec La Bamba en 1987. Cette chanson en espagnol a tous les aspects d’un air traditionnel mexicain (maracas, accordéon, etc.) à qui on a donné un léger lifting rock (encore et toujours les guitares électriques). L’enthousiasme qui se dégage de la chanson est contagieux et vous vous surprendrez à la fredonner après une ou deux écoutes.

L’intro de la chanson titre de l’album, Gates of Gold, évoque un peu les couchers de soleil dans le désert, ou la fin d’un épisode de Lucky Luke. Et puis ça devient une ballade à saveur country tout à fait sympathique, où la guitare électrique marque le rythme en parallèle avec la batterie.

La Tumba Sera El Final a un petit côté « Guantanamera » qui fait très traditionnel, d’autant plus qu’il s’agît d’un autre titre chanté entièrement en espagnol. Ça charmera certaines personnes et moins d’autres, et c’est la pièce qui semble le moins bien assortie au reste de l’album, qui dans l’ensemble est plus rockeur. Mais ce n’est pas méchant.

Magdalena conclut en beauté le disque, la basse écrasante marquant le rythme avec la guitare électrique et la batterie, le tout survolé du chant un peu plaintif de Hidalgo qui sied à merveille au ton de la chanson.

Gates of Gold est un album étonnant pour le mélomane qui ne connaît pratiquement pas cette formation légendaire. Difficile de dire ce que les amateurs de longue date en penseront, mais nul doute que cet album sera bien reçu. Los Lobos ne donne pas du tout l’impression d’être un groupe qui en est à sa quatrième décennie d’existence. Ça sonne frais et relativement jeune. Le groupe ne propose rien de nouveau musicalement avec cet album, ça s’inscrit plutôt dans la tradition du rock-blues du sud des États-Unis, mais c’est fichtrement bon!


 

* Los Lobos sera en spectacle au Théâtre Banque National de Saguenay le 15 avril 2016. 

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