Orchestre Symphonique de Montréal

L’OSM et Fellner à la Maison Symphonique | Beethoven, Dutilleux, Ravel et quintes de toux

Sors-tu.ca a assisté mardi au concert de l’OSM. On a aimé : le Dutilleux explosif, Nagano qui danse sur La valse de Ravel et le premier violoncelliste. On n’a pas vraiment apprécié : le concerto de Beethoven, la madame qui ronflait à côté de nous et les quintes de toux entre les mouvements (c’est le début de l’hiver).

Interrogé avant le concert sur le choix des oeuvres, Maestro Nagano a insisté sur le jeu de questions-réponses de l’orchestre avec les parties solistes, qu’il s’agisse du piano dans le 4ème concerto pour piano (Sol Majeur, op.58) de Beethoven ou l’ensemble de douze musiciens pour la Symphonie n°2 « Le Double » de Dutilleux. La valse de Ravel, prolongement ternaire de la fin de la symphonie, clôturait un ensemble d’oeuvres hétéroclites qui pourtant retombaient bien sur leurs pattes. À l’image de l’interprétation donnée ce soir.

Comme un orchestre amateur qu’il est pourtant loin d’être, l’OSM a accueilli le public qui entrait dans la salle avec des bribes de morceaux, une bonne moitié des musiciens répétant à l’envi, chacun dans son coin, les traits délicats de sa partition. Nous n’assistions pourtant pas à une répétition générale et seule l’arrivée du premier violon a calmé l’ensemble. Kent Nagano et le pianiste Till Fellner sont arrivés sur scène et ont interprété un Beethoven sympathique mais curieusement hétéroclite.

Le premier mouvement, marqué par de belles couleurs musicales, a néanmoins souffert d’un manque de compréhension entre le chef Nagano, l’orchestre et le pianiste. Sans que l’un des trois ne soit particulièrement mis en cause : Fellner, sur sa lancée, amplifiait un peu trop les changements de tempo de l’oeuvre, ne permettant pas forcément à Nagano d’ajuster l’orchestre qui de toute manière ne prêtait que peu d’attention à sa direction timide.

Orchestre qui a eu tendance à se fier à ses souvenirs du concerto, enregistré avec Till Fellner en 2010, plutôt qu’aux élans musicaux donnés ce soir par le pianiste. Heureusement, une bonne écoute de la part de chacun permettait de rattraper rapidement les fulgurances et les incidents. La performance, et plus particulièrement la cadence de Fellner furent appréciables, même si on a pu regretter un peu trop de pédale de résonance dans les grandes gammes caractéristiques du morceau.

En lien avec le fil du programme, le second mouvement, joué bien plus lento qu’andante, a mis l’emphase sur l’opposition entre un orchestre forte dès les premières notes et piano dolce de Fellner. Enchaîné très rapidement, le troisième mouvement, explosif, a souffert des mêmes problèmes que le premier.

 

Nagano déchaîné

Légèrement inquiet pour la suite, on a vu débarquer après l’entracte un Kent Nagano remonté à bloc. Alors qu’il faisait presque de la figuration face à un orchestre qui ne l’écoutait guère dans Beethoven, son attachement pour Dutilleux, qu’il a longuement fréquenté, s’est fait sentir dès les premières notes de la 2ème Symphonie. On a pu voir un Nagano déchaîné, emporté par l’oeuvre cette fois-ci brillamment interprétée par les musiciens, enfin décidés à suivre leur chef d’orchestre. L’ajout à la partition originale de l’octobasse dont Montréal est si fière, loin de dénaturer le morceau du  compositeur, l’a au contraire renforcé, lui apportant de puissants contrastes lors des tuttis particulièrement brillants.

Même constant pour le Ravel : après quelques nappes très floues des basses, le thème a su s’émanciper d’une certaine lourdeur et on a eu droit à une Valse des plus incisives. Kent Nagano dansait littéralement devant son pupitre, transmettant toute son énergie à son orchestre. Malgré quelques départs un peu précoces car trop enthousiastes, on a pu profiter des changements d’atmosphère du compositeur et d’une fin explosive. Un joyeux et inattendu Ligeti pour « accueillir l’hiver » (d’après Nagano) a conclu cette très bonne seconde partie de concert. Très travaillé par le premier violon et les cordes, beaucoup moins par le corniste et les vents, ce dernier morceau a été joué comme tous les rappels : vite et fort. Encore empli de l’énergie du Ravel, ce final fortissimo fut cependant loin d’être déplaisant.

En ce qui nous concerne, on a donc été très enthousiasmé par la deuxième partie du concert, quoique l’appréciant avec un gros pincement au coeur : le 4ème concerto de Beethoven aurait mérité d’être bien plus qu’un échauffement. Pourquoi n’a-t-il pas eu droit au même enthousiasme?

Ce programme de l’OSM sera présenté à nouveau ce mercredi 7 décembre à la Maison Symphonique. L’enregistrement du pianiste Till Fellner et de l’OSM sur les 4è et 5è Concertos pour piano de Beethoven est disponible sur le site internet de l’OSM.

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