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Lydia Képinski

Lydia Képinski à la Sala Rossa | Disjonctée

« Lydia Képinski en spectacle » est une expression qui frôle le pléonasme. La montréalaise n’hésite jamais à foncer et cherche constamment à innover pour en mettre plein la vue à son public. Fidèle à son habitude, la jeune artiste a offert un spectacle décalé et intime à la Sala Rossa, pour le lancement du festival M pour Montréal.

Short and sweet

Cherchant à explorer tous les aspects de sa musique, Lydia Képinski rejoint indubitablement la nouvelle vague musicale incarnée par de jeunes artistes intrépides comme Hubert Lenoir et Klô Pelgag. Voguant entre l’avant-garde et une sorte de nostalgie des années 80-90, ces enfants terribles prennent désormais d’assaut la scène musicale québécoise en proposant des spectacles impétueux et des paroles poétiques.

Dans une courte prestation, celle qui a pu être aperçue dans le public de Naya Ali (la deuxième partie du spectacle) est arrivée par le fond de la salle, alors que de la fumée envahissait la scène où se tenaient quatre musiciens. Le léger retard de 20 minutes sur l’horaire aura rapidement été oublié, alors que Lydia Képinski, accompagnée d’effets lumineux plus qu’appropriés, semblait possédée par sa propre musique.

Pour 360 jours, Lydia Képinski s’est faufilée à travers l’auditoire pour se rendre au bar situé au fond de la salle. Képinski était en transe, agenouillée sur le comptoir, ce qui a largement satisfait le public. Ce public, elle s’est offerte à lui, multipliant les contacts visuels, les regards aux caméras et les apostrophes.

Teintée de petites danses improvisées, la prestation s’est avérée fluide et généreuse, malgré le nombre limité de chansons. Lydia Képinski a lâché que l’organisation du festival laissait environ 20 minutes par artiste. Or, l’enthousiasme du public a provoqué un rappel, et elle a laissé le public choisir la chanson. Divisée entre Maïa et Andromaque, Képinski finira par jouer cette dernière.

Une année avec divers projets

Lydia Képinski aura plutôt fait figure basse durant l’année 2019. Parfois invitée comme chroniqueuse à la populaire émission La soirée est (encore) jeune, elle a été remarquée en spectacle à L’Esco en janvier dernier pour le Taverne Tour 2019, puis durant les Francos avec le Français Flavien Berger. Aussi, nous avons pu la voir en vidéo clamer des vers de Gaston Miron, dans le cadre de l’exposition Poésie et thé, présentée au Centre Phi.

Un an jour pour jour après la sortie de Premier juin, son premier album, Lydia Képinski a lancé Premier juin REMIX, invitant différents artistes électro à revoir ses chansons. Une bonne manière de boucler l’aventure de la dernière année, tout en célébrant son anniversaire qui est la même journée, le… 1er juin! Il y a quelques semaines, elle a aussi lancé Signal, une chanson en collaboration avec Quantum Tangle.

Un préambule hétéroclite

Le spectacle était divisé en trois parties égales. C’est avec assurance que la Vancouvéroise Prado s’est emparée de la scène lors de la première partie. À la croisée des chemins entre Lizzo et Cardi B, l’artiste a exposé de manière fluide et frontale son répertoire vocal assez impressionnant, le tout teinté de quelques mouvements certes simples, mais authentiques et sentis. Pour son premier arrêt à Montréal, l’artiste émergente habillée de paillettes a performé en live Cockroaches pour la première fois. Bien qu’elle contraste radicalement avec le style de Lydia Képinski, Prado gagne à se faire connaître et répond à un besoin criant en termes de chanteuses canadiennes hip-hop. Une découverte qui mérite le détour.

Naya Ali a suivi avec une prestation dynamique mais conventionnelle, plombée à plusieurs reprises par un problème dans son oreillette, problème que semblait aussi avoir sa prédécesseure. Sauf que cette fois, c’était si important que la chanteuse a dû le souligner plus d’une fois, de vive voix ou par des signes. Habillée d’un gilet pare-balle noir et de jeans déchirés noirs, la Montréalaise a partagé sa fougue avec des rythmes hip-hop accrocheurs. Encore une fois, le clash avec la prestation précédente (et la suivante) s’est fait sentir.

Ces dichotomies ont rendu l’ensemble de la soirée varié, mais hétérogène.

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