Corridor

M pour Montréal | Entrevue avec Corridor: Ascension internationale fulgurante

Le 18 octobre dernier, Corridor a sorti son troisième album « Junior » sur Sub Pop Records, mythique label américain qui a fait connaître les plus grands noms du grunge. Sors-tu.ca a pu discuter au téléphone avec Dominic Berthiaume, bassiste et chanteur, avant qu’il ne parte en tournée européenne et nord-américaine avec le groupe. Nous avons parlé de cette signature, de leur désir de propulser leur musique à l’international, ainsi que du spectacle de lancement de Junior à venir, présenté dans le cadre de M pour Montréal.

Les choses ont déboulé vraiment rapidement pour le quatuor formé en 2012, surtout depuis le succès culte de Supermercado (2017). Corridor est notamment déjà allé trois fois en Europe, et a visité pour la première fois les États-Unis en 2018 lors du SXSW. Le groupe d’art-rock a également accompagné Crumb et a fait la première partie de Shame, lors de deux tournées américaines. Il a aussi présenté des concerts à Amsterdam et à Paris.

Depuis fin octobre, les Montréalais ont amorcé la tournée de promotion de Junior, et ils se trouvent présentement en Europe, où ils visitent entre autres les Pays-Bas, la France, l’Angleterre et l’Allemagne. Ils reviendront ensuite de notre côté de l’océan (à Toronto, Montréal et Québec), avant de repartir pour d’autres spectacles aux États-Unis et un à Vancouver.

Photo par Caroline Désilets

Garder les pieds sur terre

On a d’abord voulu soutirer quelques mots à Dominic Berthiaume, à propos de cette signature historique avec Sub Pop. Il est important de mentionner que le label n’a jamais inclus de groupe francophone à son écurie depuis sa création, en 1986. Ayant lu quelques entrevues au préalable, on s’est aperçus que le groupe semblait presque surpris de son propre succès! « Ça s’est passé vite. En même temps, on n’avait aucune attente par rapport à ça. C’est une surprise, c’est le fun, on est contents. Au final, ça va nous permettre de nous faire entendre par un plus grand auditoire. » Tout de même. On réitère; c’est la maison de disques qui a fait connaître Nirvana et Soundgarden. « C’est une bonne nouvelle pour nous. En même temps, ça garantit rien pantoute d’être sur Sub Pop. […] Mais ça nous assure le support d’une grosse équipe qui est rodée et qui a un following mondial. Ça va nous aider, mais on ne peut pas avoir les attentes que ça va blower… »

Au lieu de travailler avec 2-3 personnes pour une sortie d’album, on travaille avec 45 personnes. Donc, c’est sûr que ça se passe plus.

Interrogé à propos des ambitions du groupe d’élargir leurs frontières et de percer de nouveaux marchés, Berthiaume explique qu’ils vont « jouer là où il y a de la demande », là où ils savent qu’il y a « de l’intérêt ». « On démarche pas des territoires en se disant que c’est possible. […] Pour l’instant, on ne s’aventurerait pas en Australie ou au Japon tout de suite. Si on voit qu’il y a de l’intérêt, on ira, mais on n’est pas rendus là! (rires) »

Notre interlocuteur nous parle ensuite d’un de ses festivals de prédilection, se situant en Espagne. « Personnellement, j’aimerais bien aller au Primavera Sound, à Barcelone. Le line-up est toujours vraiment cool. C’est un des plus gros festivals de musique au monde. Il y a des artistes du moment, mais le festival est encore assez pointu dans sa programmation, comparé à d’autres Coachella et Osheaga de ce monde. » On peut facilement spéculer que Corridor s’y rendra un jour.

Chanter dans la langue de Molière à l’étranger

Par ailleurs, en tant que groupe francophone, l’expérience d’aller jouer dans des pays qui ne parlent pas nécessairement en français doit être assez unique. Toutefois, Berthiaume soutient que « ça change pas grand-chose ». Ah oui, vraiment? « Au final, les gens à l’extérieur n’en parlent pas vraiment. Ils viennent voir nos shows, ils aiment la musique, et après le show, ils viennent dire que c’est ben bon. On peut pas s’attendre, aux États-Unis, à ce que les gens se mettent à chanter vraiment fort nos paroles. C’est un peu rough pour eux à chanter. Mais sinon, l’expérience est assez similaire. »

Corridor à Paris, photo par Mathieu Zazzo

Junior: sérieux et fantaisie

L’album Junior a été réalisé par Emmanuel Éthier, producteur et ami du groupe. Cette production soignée révèle une trame éclatante, bien tissée, incrustée d’artefacts sonores, où virevoltent des mélodies légères et pétillantes. Présentant quelques influences synth-pop discrètes, de même que des sonorités issues du jangle pop/post-punk, on y devine aussi la présence de Sonic Youth.

Junior a été composé lors d’un blitz créatif; six chansons ont été conçues lors d’une fin de semaine « fructueuse ». Berthiaume indique qu’ils se sont « forcés à aller deux jours de suite et à jammer pendant six heures », pour tracer « les lignes directrices principales et les riffs, les bases assez avancées » des chansons, qui ont été abouties ensuite.

D’ailleurs, la pochette de l’album représente bien le mélange de sérieux et de fantaisie propre au groupe. «Ça fitte avec nous, on a toujours eu cet univers… On niaise un peu, mais on niaise pas en même temps. On se prend pas trop au sérieux.»

Spectacle de lancement lors de la vitrine M pour Montréal

Le spectacle de lancement officiel de Junior, qui aura lieu au National le 22 novembre prochain, est présenté à l’occasion du festival-conférence M pour Montréal. Ce dernier a pour but d’aider des artistes émergents d’ici à exporter leur musique à l’extérieur du Québec et à l’international. « C’est la première fois qu’on va jouer à Montréal dans une aussi grosse salle. Pour nous, c’était un coup de dés. […] J’ai hâte de voir quelle va être la réception. C’est excitant de jouer au National, j’ai vu un paquet de bands que j’aime dans cette salle-là. » À noter que le groupe se produira aussi à L’Anti Bar & Spectacles, à Québec, le 28 novembre.

Junior est disponible en format digital, disque compact et vinyle via Bonsound (Canada) et Sub Pop (monde).

Photo par Dominic Berthiaume

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