Mandolin Orange

Mandolin Orange à L’Astral | Effacer l’ordinaire à petits coups de mélodies

20Alors que la moitié de Montréal est allée applaudir Queen Céline au Centre Bell, une poignée d’irréductibles folkeux s’étaient réunis, ce mardi 19 novembre à L’Astral pour écouter le groupe de Caroline du Nord Mandolin Orange. Il faut dire qu’après un passage en festival, l’an passé, c’est le premier concert officiel donné à Montréal pour la formation venue du Sud-Est des États-Unis.

Le mardi c’est country

À la base, le couple et duo (composé d’Andrew Marlin et Emily Frantz) est accompagné sur scène d’un guitariste, un violoniste et un contrebassiste, tous disposés en cercle autour d’un seul micro à la manière de ces groupes des années 30. On s’attend presque à ce qu’une personne du public s’exclame « Les culs trempés! Ça alors c’est pas possible! » (les fans de O’Brother apprécieront). Quoiqu’il en soit, le duo augmenté attaque son concert en douceur avec Golden Embers, également titre d’ouverture de son récent et troisième album Tides of a Teardrop paru en février de cette année.

Pour être honnête, c’est un exercice difficile d’écrire sur un show quasi-parfait. En effet, entre les chansons, les artistes sont bienveillants et très proches de leur public. On les sent émus de jouer pour la première fois en sol canadien. Et que dire des chansons? Les musiciens font preuve d’une aisance sans pareil, tandis que Andrew et Emily chantent à tour de rôle ou en harmonie sans jamais accrocher ne serait-ce que l’ombre d’une fausse note!

Ceux-ci ont offert des moments d’émotions intimes comme avec Wildfire ou Hey Stranger, qui font ressasser les échecs, les ruptures amoureuses et autres bons moments de la vie… On a aussi eu droit à des moments plus dansants, comme le prélude à Gospel Shoes où le violoniste et Andrew à la mandoline se parlent et se répondent à coup de solos improvisés, s’approchant chacun leur tour du micro central! Sans oublier le guitariste barbu qui vient mettre son grain de sel au milieu de tout ça.

Saisir l’instant

Une question me vient alors. Certes, la prestation est sublime, mais en dépit de ça… Pourquoi nous faisons cela? Je veux dire, pourquoi nous bravons la neige et le froid un mardi soir pour assister à un concert d’un groupe que nous aimons, entourés d’inconnus qui partagent visiblement les mêmes goûts? Tout simplement parce que l’art, et ici plus particulièrement la musique, existe pour nous arracher de notre quotidien et de notre condition d’humain.

En effet, il y a une formule consacrée en latin qui est Memento Mori et qui veut dire « Souviens-toi que tu vas mourir », dans le sens que quels que soient notre condition sociale, nos origines, notre patrimoine, etc., nous, simples mortels, c’est ce destin inéluctable qui nous attend tous à la fin du chemin qu’est la vie. Sans exception aucune. Et c’est là que le rôle des artistes devient primordial dans le fait de nous permettre une pause, toute illusoire, au milieu de cette existence qui peut paraître soudainement vaine quand on en connaît l’issue.

Ce mardi soir, Mandolin Orange a réussi l’exploit de suspendre le temps pour nous emmener dans un endroit douillet et apaisant, fait de mélodies douces et de voix envoûtantes. Alors, est-ce que le groupe a fait sa part? Totalement! Et est-ce que l’hiver me déprime? Probablement!

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