Orchestre Symphonique de Montréal

Marc-André Hamelin et l’OSM | Programme (un peu trop) audacieux…

Les venues du pianiste québécois Marc-André Hamelin rencontrent toujours un franc succès et pour cause : c’est l’un des pianistes les plus complets de sa génération, et vraisemblablement une fierté de la région. Sans faire d’exception, la Maison Symphonique affichait salle comble mardi soir pour le premier concert d’une série de quatre en trois jours seulement. Avec quatre symphonies, cinq oeuvres d’accompagnement et quatre concertos différents en trois jours, Kent Nagano a voulu proposer un programme audacieux, mais probablement trop. Le résultat de mardi soir n’a en effet pas été concluant, malgré un soliste plein d’entrain.

C’est tout d’abord avec une pièce de Steve Reich, Eight Lines, que l’OSM, en formation réduite, a ouvert le concert. La musique de Reich est reconnue pour être minimaliste ; l’interprétation de mardi soir le fut plus encore. Si l’on peut saluer la solidité des deux pianistes dont les parties servaient de point d’ancrage aux autres lignes musicales, on doit cependant noter une grosse faiblesse dans la section des vents alors que du point de vue de la balance, les pupitres des cordes étaient bien souvent timides. Avec une oeuvre répétitive de la sorte, un grand travail sur les différentes lignes et les timbres devrait être fait et M. Nagano n’a vraisemblablement pas pris la peine (ou le temps) de creuser pour rendre cette oeuvre longue de dix-huit minutes un tant soit peu intéressante. Le spectateur a donc eu l’occasion de se perdre plus d’une fois dans une interprétation très droite et directe.

Venait ensuite le magnifique Concerto en Sol pour piano de Maurice Ravel avec nul autre que Marc-André Hamelin pour assurer la partie principale. Difficile de juger cette version tant l’orchestre et le pianiste ne se sont que peu accordés sur la ligne de conduite à défendre. Hamelin, solide mais toujours élégant, a proposé une interprétation très « jazzy » du premier et dernier mouvement tout en laissant le poète en lui s’exprimer dans le second mouvement, malgré un orchestre sans aucune délicatesse. Au contraire, les lignes du pianiste étaient infiniment douces et subtiles. Hamelin n’a pas hésité à rentrer dans un jeu plus percussif et sonore lorsqu’il était nécessaire, notamment dans le troisième mouvement du concerto, mais de manière toujours claire et précise sans jamais heurter nos oreilles.

Mais que dire de l’orchestre ? D’un bout à l’autre, l’OSM semble avoir été un poids pour le soliste alors qu’il proposait une interprétation nette sans fioriture et complication inutiles. Dès le premier mouvement, on a pu entendre la fragilité des vents dans leurs différents solos alors qu’ils tiennent une part très importante dans toute la pièce (Ravel est l’un des compositeurs qui marient le mieux les associations de timbres). Dans le deuxième mouvement, tandis que se déroulait la longue phrase délicate du pianiste, on a malheureusement assisté à un manque de délicatesse flagrant de la part des instrumentistes qui se sont contentés de jouer leurs notes sans prendre la peine de les vivre vraiment et ce, malgré les efforts du pianiste pour les impliquer dans son élan lyrique. Et que dire du troisième mouvement, qui frôla le fiasco à la fin alors que le décalage de l’orchestre était de plus d’un temps avec le soliste qui pourtant gardait le cap dans son tempo ?

On attendait donc la Symphonie n°104 de Haydn avec beaucoup d’impatience pour redresser un peu la barre.  Mais l’impression qu’il en ressortit fut que l’orchestre semblait l’avoir lue une ou deux fois seulement avant de la jouer. Joseph Haydn fait partie de ces compositeurs qui deviennent ennuyant si on ne joue pas avec les surprises et les éclats que contient sa musique : c’est justement ce qui en fait sa force ! La version proposée par Kent Nagano et l’OSM mardi soir fut malencontreusement beaucoup trop sage et sans saveur pour pouvoir amuser et réjouir le public.

D’autres concerts seront à surveiller jusqu’à jeudi en espérant de belles améliorations d’ici là…

 

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