crédit photo: Marjorie Guindon
Mentana

Mentana au Centre Phi | Une ode à l’Amérique

Le groupe montréalais Mentana donnait jeudi soir un concert au Centre Phi avant d’entamer prochainement l’enregistrement de leur prochain album. Une dernière occasion aussi pour les spectateurs de s’attacher aux quelques titres du réussi premier opus « Island Desire ». Retour sur la prestation étonnante d’un groupe prometteur.

C’est bel et bien à Montréal que se tenait physiquement le quintette folk de Mentana sur la scène de l’excellent Centre Phi (quelle acoustique!). Mais sincèrement, cette soirée aurait pu tout autant se dérouler ailleurs. Sur une route par exemple, au détour de silos à grains dans le Midwest. Ou encore au bord des falaises du fantastique Grand Canyon. Bref, ce sentiment d’évasion, la riche musique du collectif Montréalais le procure.

 

Une belle entame avec The Great Novel 

C’est par un parfait complément à la tête d’affiche du soir que la soirée a fait rugir son moteur. Les locaux de The Great Novel ont réussi le pari de captiver la foule, et ce par le prisme des premières notes de leurs morceaux rugissants. On est déjà dans le rythme du cri libertaire, celui du voyage. Puissance et efficacité : ces deux termes pourraient résumer une entame plaisante d’un groupe qui mérite d’être connu. Une entrée de choix en somme pour le plat de résistance que sera Mentana.

 

Mentana et ses harmonies complices

Viennent ensuite sur scène les six musiciens qui composent Mentana. Baignées dans une folk-americana récompensée aux GAMIQ et Jutras pour diverses raisons, les sonorités du groupe québécois s’élèvent grâce aux pouvoirs harmoniques du couple Robin-Joël Cool (guitare, voix et harmonica) et Viviane Audet (piano, banjo et voix). Une complicité dans la vraie vie qui déteint sur scène tant la résonance est précieuse, à double effet même puisque contrastée par la voie rocailleuse de l’un et enchanteresse de l’autre. Ainsi, pendant près d’une heure et demi, les musiciens s’immergent dans leur monde sans toutefois oublier de jaser et remercier un public attentif.

Robin-Joël louera même les dieux du hockey d’avoir évité au groupe de jouer en même temps que l’équipe dirigée par Claude Julien. Le temps d’une soirée, la glace du Centre Bell sera ignorée pour faire place à la chaleur musicale. Et c’est pas plus mal parce que la guitare de Jo Fournier glisse subtilement sur les voix du couple Cool/Audet tandis que Pablo Seib (basse) s’accroche subtilement à la locomotive guidée par Yannick Parent à la batterie. Quel touché d’ailleurs pour ce dernier: c’est doux et bien dosé.

Cohérent et à son affaire, Mentana déploie donc son jeu sans embûche. Et à l’image de la magique Icefields Parkways des Rocheuses, c’est une véritable autoroute de bonheur qui se traverse avec à la fois des rythmes profonds et endiablés comme sur Shutdown, No Return ou encore la nouvelle Hanging On dont le jeu de basse est un régal. Tout en puissance, ce sont aussi Gamblin’ Man ou Western Soil, qui s’affirme elle par ses sonorités gutturales. Mention aussi au jeu de lumière, simple mais fabuleux hier soir, qui a amplifié les élans vaporeux de You Don’t Know Me ou les envolées du violon sur la dansante Speed the Plow (My Good Old Charlie) avant le rappel. C’est donc Islands & Rupees qui conclura la route parcourue en compagnie de Mentana. Un retour sur scène magnifique, dont l’introduction par les douces notes du piano jouées par Vivianne Audet laisse transparaître chez chacun les étoiles du Grand Nord. Un beau moment.

 

Un imaginaire réaffirmé

Si les références à l’Amérique profonde sont évoquées, ce n’est pas dans le but de poursuivre les critiques élogieuses faites par d’autres confrères. Non. C’est qu’indéniablement, l’imaginaire des grandeurs de l’Ouest transparaît dans le style musical abordé par Mentana. Un imaginaire nourrit à l’évidence par nos expériences enfantines, puis plus tard par les romans de Kerouac par exemple.

C’est ainsi que se construit la force de Mentana, où l’art sensible se marie à l’image cendrée d’un pneu qui se consomme infiniment sur le bitume. Une ode à l’évasion qui, à l’écoute des titres du collectif montréalais, transpire l’exploration des sens. Séduisant, tout simplement. Et on le sait désormais, Mentana retournera bientôt en studio. Alors réjouissons-nous de la poursuite de ce périple.

 

 

Liste des chansons

  1. Intro
  2. The Vagabond
  3. No Return
  4. Shutdown
  5. Devil on the Corner
  6. Rise After Wreck
  7. Bowling Alley
  8. You Don’t Know Me
  9. Tiger
  10. Famous Girl
  11. Hanging On
  12. Outsider
  13. Gamblin’ Man
  14. Subterranean Homesick Blues (reprise de Bob Dylan)
  15. Western Soil
  16. Speed the Plow (My Good Old Charlie)
  17. Islands & Rupees

 

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