Messe des Morts

Messe des Morts VII – Psaume II | Intronisation et bénédiction finale de Gaahl

Une dernière soirée conclue en beauté par une performance incroyable de Ghaals Wyrd, avec également une excellente prestation de Enthroned, sans oublier Behexen et Hetroertzen. Une belle année pour la Messe des Morts qui semble avoir trouvé, ironie du sort, refuge dans une église…


Quand on habite à l’Est, le Théâtre Paradoxe, c’est vraiment loin. Et alors qu’on sombrait dans l’enfer des constructions éternelles sur les routes de la ville, on a manqué un bout de Bois. Le groupe de Québec a ouvert la messe devant une salle déjà plus remplie qu’hier à la même heure. On sentais la jeunesse du groupe très statique, mais appliquée musicalement pour nous présenter leur matériel avec sa part de riffs intéressants.

S’en suivait un projet de black metal amérindien et gaspésien, faisant juste élargir la remarquable diversité géographique des artistes du festival. Ifernach est mené par un chanteur maquillé, intriguant et très présent qui occupait bien l’espace. Le reste du groupe assurait l’arrière, où on retrouvait notamment le batteur de Deathbringer.

Le gars de sécurité est resté surpris lorsque le frontman a sorti un couteau immense et l’a agité devant le public. Musicalement, les compositions sont assez inspirées, avec des morceaux plus mid-tempo aux accents clairement punk, avant de revenir après un interlude aux airs rituels pour des passages plus lents presque doom, aux incantations étranges tels les cris à la fin de Enemy At The Shores. Le concert se finit audacieusement sur un seul riff de basse, concluant la pièce Solemn (prelude). Une bonne surprise, un groupe à suivre.

 

Hetroertzen

On passait ensuite en Suède alors que la salle était déjà bien remplie pour admirer Hetroertzen. Le groupe au nom imprononçable a donné une des prestations les plus énergiques de la soirée, avec un bassiste au look androgyne à la Tribulation, se remuant sans arrêt, accompagné d’une guitariste et d’un chanteur qui dégageaient aussi une bonne énergie. Et on voyait que les musiciens se faisaient plaisir à jouer ensemble, assez rarement démontré dans le genre. Peut-être la performance la plus rock’n’roll au sens scénique du terme, malgré l’extrême noirceur des occultes pièces du quatuor, avec son lot de super riffs accrocheurs. Un point de plus pour la Scandinavie.

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Behexen

On augmentait alors le degré de satanisme et d’intensité avec l’arrivée de Behexen, formation où on retrouve deux ex-Sargeist. Malheureusement la qualité du son a pris un coup et c’est devenu très confus et incompréhensible pour les guitares. Dommage, car les Finlandais se donnaient à fond, avec leur répertoire black metal crasseux et thrash à souhait, même si on voyait qu’eux-mêmes avaient du mal à s’entendre au début. L’intensité du chanteur au serpent dessiné sur le crâne arrivait à embarquer la foule au son de brutales incantations comme Celebration Of Christ’s Fall. Encore un titre qui était enfin intronisé dans l’ultime blasphème d’être joué dans cet ancien lieu sacré. Behexen s’en est sorti malgré tout avec les honneurs grâce à sa rage et conviction dans son art noir, affirmé par vingt ans d’expérience qui font parler la poudre.

Grille de chansons Behexen

  1. Cave Of The Dark Dreams
  2. My Soul For His Glory
  3. By The Blessing Of Satan
  4. Mouth Of Leviathan
  5. Wand Of Shadows
  6. Wrathful Dragon Hau Hra
  7. Celebration Of Christ’s Fall
  8. Death’s Black Light

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Arkhon Infaustus

Comme chaque année le black métal français est représenté, et c’est au tour des célèbres Arkhon Infaustus d’investir la scène. Avec trois guitares, un accordage très bas et une voix death d’outre-tombe renforcée par des chœurs, un tempo presque doom, les Parisiens se sont imposés comme le groupe le plus lourd du festival, avec un attirail redoutable pour nous écraser de fréquences graves dans les bas fonds de l’enfer. Très brouillon au début, le son s’améliorera un peu, mais pas facile d’encaisser autant de fréquences basses pour le pauvre système de son qui s’est fait maltraiter par la Messe des Morts. Et si on ne connait pas les morceaux ça devient vite long et ennuyant. Mais les français n’en restaient pas moins acclamés par une foule compacte.

Grille de chansons Arkhon Infaustus

  1. Amphessatamine
  2. Deadcunt Maniac
  3. When They Have Called
  4. The Precipice
  5. Ominous Circles
  6. Silent Voices
  7. Trigrammation
  8. Whirlwind Journey

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Enthroned

Retour au black metal dans la grande tradition, corpse paint et blast beat sans concessions avec Enthroned. Le son était enfin meilleur et les Belges on fait parler l’expérience (est.1993) en nous assenant une leçon dans le genre. La horde est menée par l’imposant Nornagest qui arpentait la scène sans cesse et savait aller chercher les fidèles nombreux, poing levés pour chanter la prière « Sanctvs Satani » dans le refrain de Through The Cortex. Et enfin la batterie était compréhensible. Peut-être parce qu’elle était jouée par nulle autre brute que Menthor, qui a été récemment nommé dans les 5 most insane black metal drummers par le magazine Metal Injection. Autant dire que ça mitraillait pour soutenir les riffs mélodiques presque classiques de Enthroned comme Ha Seitan et Of Feathers and Flames. Rien d’original, mais quelle claque! Des maîtres du genre pour introniser la Messe des Morts dans les murs du Théâtre Paradoxe.

Grille de chansons Enthroned

  1. Of Shrines Of Sovbereigns
  2. Baal Al-Maut
  3. Through The Cortex
  4. Ha Shaitan
  5. Behemirion
  6. Obsidium
  7. Rion Riorrim
  8. Tellvm Scorpionis
  9. The Ultimate Horde Flights
  10. Of Feathers and Flames

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Ghaals Wyrd

Le rideau se ferme et nous attendons le dernier acte, la tête d’affiche avec la première venue en Amérique du Nord de Ghaals Wyrd, nouveau groupe du célèbre hurleur de Gorgoroth. Le rideau noir ne s’était pas encore ouvert que retentit sa voix grave dans une incantation en norvégien, Steg, une pièce de son projet Trelldom, ici revisitée. Un morceau hypnotique et répétitif qui voyait Ghaal rester proche de la batterie en fond de scène, avant de s’avancer lentement sous une ovation. Sobrement vêtu de noir et de son blouson de cuir, le chanteur occupait l’espace avec une présence des plus incroyables et fascinantes.

Il y avait une intensité, un feu mystique qui brûlait dans ses yeux clairs qui perçaient au milieu de son corpse paint. Après avoir arpenté les immenses scènes du Wacken ou encore du Graspop dans ses dernières années avec Gorgoroth/God Seed, Ghaal pouvait à nouveau communier avec le public à proximité, touchant les mains des premiers rangs tout au long de sa prestation remarquable. Il utilisait sa voix avec un registre d’une richesse étonnante, usant beaucoup de chant clair et grave même dans les morceaux de Gorgoroth, aux tons solennels, jamais faux malgré les mélodies inattendues. Et parfois en fin de phrase claire, il explosait dans un hurlement venu des entrailles de la bête, glaçant le sang. Sa démarche lente était intrigante, mais il se déplaçait sans arrêt sur la grande scène, allant chercher chaque membre du public de son regard inquiétant.

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Une force tranquille, puissante et occulte, un charisme et une présence uniques, capable de nous emporter dans une transe musicale. Car l’homme est entouré d’excellents musiciens, portés par un très bon son, qui communiquent aussi bien avec le public, surtout aux premiers rangs. Lorsque Gaahl serre ta main tout en continuant de chanter en te fixant dans les yeux pendant d’innombrables secondes, tu frissonnes tellement que le temps s’arrête dans une étrange mais puissante communion d’énergie. Pour le côté classique et brutal on a quand même droit à quelques bons morceaux de Gorgoroth comme Carving A Giant, Exit-Through Carved Stones, Incipit Satan ou Prosperity and Beauty qui se mélangent étonnement bien avec les pièces moins brutales de Trelldom/God Seed, tant l’interprétation de Gaahl est unique et différente. Une personnalité, un chanteur hors normes et singulier. Quelle prestation fantastique, transcendante, conclusion parfaite de cette Messe des Morts qui revit à merveille dans cette belle église. Ave Satanas.

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