Mile Ex End (Festival)

Mile Ex End Musique Montréal 2017 | De l’importance d’un block party mile-end-exois

Quelle place reste-t-il à Montréal pour un nouveau festival de musique ?  C’est avec cette question en tête que Sors-tu.ca a visité les installations du tout nouveau Mile Ex End Musique Montréal ce week-end.

Photos en vrac


La ville aux 100 festivals

Il y a déjà les FrancoFolies et le Festival de Jazz qui monopolisent le mois de juin, et attirent des dizaines de milliers de touristes dans le nombril de Montréal, pour assister à des concerts extérieurs gratuits, et d’autres payants en salles.

Puis il y a Osheaga qui joue la grosse game, tel un Coachella du Nord avec des grosses pointures qui font les tournées de festivals tout l’été. Les deux tiers de ses festivaliers proviennent de l’extérieur du Québec.

Pour les adeptes d’EDM, il y a îleSoniq. Pour les accros de métal, il y a Heavy Montréal. Pour les vieux punk, il y a maintenant ’77 MONTRÉAL.

Après l’été, il y a OUMF, pour souligner la rentrée scolaire avec des spectacles extérieurs gratuits dans le quartier latin. Il y a aussi POP Montréal, notre petit SXSW à nous à la mi-septembre. En novembre, Coup de coeur francophone qui programme des spectacles 100% francos dans diverses salles, et M pour Montréal qui se veut une vitrine pour nos artistes d’ici auprès des délégués internationaux susceptibles de les exporter.

 

Où se situe Mile Ex End dans cette abondance ?

En juin dernier, lorsqu’on a appris l’arrivée d’un nouveau festival estival majeur dans le portrait, plusieurs y voyaient un joueur de trop. Certains interprétaient l’arrivée de Mile Ex End comme un pied de nez au FME, qui attire le Tout Montréal à Rouyn à chaque année, lors du long week-end de la Fête du travail.  Après tout, le nom d’Alexandre Taillefer est associé à ce nouvel événement, et le Dragon-mécène n’est-il pas celui qui prône la mise sur pied d’un « Facebook québécois » afin de conserver ici les revenus que l’on envoie présentement à Silicon Valley ?  Peut-être jugeait-il qu’il était temps d’arrêter d’envoyer nos revenus festivaliers dans le lointain pays de l’Abitibi ? (On blague, bien sûr).

Pourtant, même si le FME et POP Montréal peuvent avoir l’impression d’être bousculés par ce nouveau géant aux reins financiers solides (et privés), c’est peut-être plus OUMF qui devrait se sentir menacé. Parce que non seulement Mile Ex End — qui porte ce nom même si son emplacement, sous le viaduc Van Horne, est plutôt au croisement de la Petite-Italie et de Petite-Patrie — se tient une semaine avant le festival OUMF, mais sa formule s’apparente beaucoup plus à OUMF qu’à POP Montréal, par exemple. On parle ici d’un block party, avec trois scènes extérieures et d’une programmation principalement constituée d’artistes d’ici qui résonnent avec une foule 18-35 ans.

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Mais OUMF a l’avantage de la gratuité, et vise davantage une foule étudiante. Pour sa part, Mile Ex End coûte environ une centaine de dollars pour les deux jours (selon le moment de l’achat), et vise davantage les 25-35 ans, avec une atmosphère somme toute assez familiale, et un espace vaste où il fait bon errer en admirant les très belles installations artistiques qui décorent ce lieu unique. On est moins dans la cohue du centre-ville, et davantage dans l’ambiance décontractée et presque baba cool du Mile-End.

La programmation de Mile Ex End comptait sur 3 artistes de renommée internationale, soit City and Colour, Cat Power — dont le concert solo, ennuyant et monocorde, a passé dans le beurre complètement — et Suzanne Vega, qui soulignait le 30e anniversaire de son album mythique The Solitude Standing, qu’elle a joué en intégral. Le public cible de OUMF n’était même pas né à l’époque où c’est sorti.

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Pour le reste, les talents d’ici sont à l’honneur. Sur les 22 artistes au menu, seulement 3 chantent principalement en français (Maude Audet, Tire Le Coyote et Lydia Képinski), alors que 3 autres préfèrent l’anglais au français (Charlotte Cardin, Gabrielle Shonk et Matt Holubowski) mais comptent quelques titres francos à leur répertoire, et tout le reste s’exprime soit en anglais ou en… musique instrumentale. Chapeau toutefois pour la représentation féminine, alors qu’on atteint ici presque l’équité, ce qui est rare dans le monde festivalier.

Et évidemment, chapeau aussi pour avoir convaincu Godspeed You! Black Emperor de s’y produire, eux qui refusent à peu près toutes les invitations pour jouer dans un festival extérieur. Il faut dire qu’en dépit des capitaux privés qui soutiennent ce nouveau festival, l’absence de commanditaires majeurs visibles sur le site est assez marquante. On est loin des tentes H&M et autres « scènes Budweiser » des gros festivals. Selon les rumeurs, Godspeed n’accepte pas de jouer là où les marques s’affichent. Ceci explique sans doute cela.

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Coucher de soleil

Si on se demandait pourquoi l’identité visuelle du festival misait autant sur les couchers de soleil, on a vite compris en arrivant sur les lieux, vers 18h, le samedi. C’est qu’à ce temps-ci de l’année, la lumière naturelle de fin de journée se fait particulièrement séduisante à cet emplacement magique.

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Le calmar géant du gros édifice voisin se faisait bronzer la couenne paresseusement, pendant que Matt Holubowski semblait visiblement épaté par le visuel qui s’offrait devant lui.

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Deux gros dinosaures blancs à têtes de gland décoraient aussi chaque côté de la scène principale.

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On a aussi vu, de l’autre côté du site, quelques visiteurs gonflables sudistes douteux :

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Hmm… Pas certain que ces trois-là ne cherchaient pas le trouble.

 

Dimanche mouillé

Si la météo clémente du samedi permettait de voir le plein potentiel du site, on a aussi pu voir l’envers de la médaille le dimanche, puisqu’il a plu toute la journée, donnant lieu à des vues obstruées du genre :

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D’ailleurs, les Glandosaurus (crédit à Anik, Élise et Caroline pour le surnom) avaient l’air un peu moins pimpants, après la panne de génératrice causée par la température :

Photo par Marie-Pier Gagnon Nadeau.

Photo par Marie-Pier Gagnon Nadeau.

Chapeau tout de même à Charlotte Cardin et ses deux musiciens qui se sont avérés de véritables troopers malgré les circonstances difficiles. Quand les 2/3 du band jouent sur des claviers recouverts d’une nappe de plastique, ça donne pas des spectacles à leur meilleur, disons. Ça n’a pas empêché Charlotte de partager quelques titres d’un nouvel EP de 4 chansons qui sera apparemment disponible ce mercredi, ainsi qu’une reprise de Wicked Game de Chris Isaac, son classique Big Boy, et un duo avec Aliocha.

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Andy Shauf, lui, a vu son spectacle triste-mais-si-beau se faire écourter en plein milieu de Early to the Party. Pauvre Andy. Un mois après qu’il lui soit arrivé la même chose à Osheaga…

Le meilleur spot pour éviter la pluie était sans contredit sous le viaduc. Les musiciens qui avaient la chance de jouer sur la scène « secondaire » (la scène Mile-End) étaient gagnants dans les circonstances. Basia Bulat a notamment donné un très bon show, mais c’est Patrick Watson qui aura donné la prestation la plus marquante du week-end, exploitant les lieux à leur plein potentiel, avec une chorale surélevée en bordure de la scène, et un apparat visuel franchement impressionnant. Les fans pourront en voir le résultat un de ces jours, puisqu’une équipe s’affairait à capter tout le concert pour un documentaire, apparemment.

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Les RP du festival évaluent l’assistance à environ 5000 personnes par jour, ce qui nous a semblé, à l’oeil, un brin généreux. Mais tout ça pour dire qu’encore une fois, on n’est pas dans les talles d’un Osheaga ou d’un Rockfest. Si ce genre de cirque vous épuise, Mile Ex End serait peut-être davantage à votre goût, avec son espace facile à circuler, et son esprit plus relaxe.

Reste à voir si l’expérience — avec sa billetterie modeste et son absence de commanditaires majeurs visibles sur le site — sera rentable, à court ou moyen terme.

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