Misses Satchmo

Misses Satchmo – Is That All There Is (****) | Plus audacieux et toujours aussi plaisant

Misses Satchmo - Is That All There Is Misses Satchmo Is That All There Is

La formation a changé, une plus grande place est donnée à l’improvisation, mais l’unicité et le charme de Misses Satchmo sont demeurés intacts sur Is That All There Is, troisième opus de la formation jazz montréalaise. Et cela est dû en grande partie à l’enthousiasme contagieux de sa chanteuse, trompettiste et meneuse, Lysandre Champagne.

La voix de Champagne évoque l’image d’un sourire, ou d’un rayon de soleil. Si Lysandre Champagne décidait d’enregistrer un album de reprises de Children of Bodom, il y a de fortes chances que les critiques parleraient quand même d’une interprétation fougueuse, plaisante et adorable. Bref, il est impossible de l’imaginer être de mauvaise humeur. Et c’est principalement ce que l’on retient d’un album de Misses Satchmo : on sort assurément de son écoute le cœur plus joyeux.

Par contre, la formation, qui ne conserve aujourd’hui que deux de ses membres originaux (Champagne, et le batteur Marton Maderspach), se fait davantage exploratrice dans son approche. L’ajout au groupe du guitariste Jeff Moseley est un considérable pas en avant pour Misses Satchmo, qui rajoute (six) cordes à son arc sans pour autant dénaturer la sonorité qu’il a établie au cours des années.

On a droit à de beaux échanges musicaux tel que sur Old Man Mose, où Champagne et Mosely, ainsi que Yvan Belleau au sax, se partagent les solos. De même, Belleau et Moseley font un excellent travail sur la jouissive My Babe, où la guitare marque le rythme et le sax se lance dans de superbes envolées alors que les percussions sont en feu.

Le plus bel ajout au groupe est probablement la contrebasse de Blanche Baillargeon. Sa forte présence est sentie tout au long du disque, et avec la batterie de Maderspach, elle offre une colonne vertébrale musicale extrêmement solide sur laquelle les autres instruments peuvent s’appuyer.

Le jeu de Baillargeon est rempli d’émotions sur Why Don’t You Do It Right, alors qu’elle soutient la voix vulnérable de Champagne tout au long de cette touchante complainte. Elle fait de même sur la jolie I’ll Wait For You, qui démontre que les grosses notes de la contrebasse et la gentille voix de la chanteuse forment un duo envoûtant. L’un des moments remarquables de l’album.

Un autre excellent morceau est le classique de Gershwin It Ain’t Necessarily So, qui s’ouvre sur un merveilleux dialogue entre la clarinette de Belleau et la trompette de Champagne, et sur lequel le groupe en entier s’amuse pendant plus de cinq minutes.

Impro, plaisir et aventure

Et cet esprit d’amusement, d’improvisation musicale, caractérise l’album en entier. Is That All There Is est le premier disque où Misses Satchmo s’affirme réellement, où la formation n’a pas peur de s’aventurer un peu musicalement et de pousser légèrement les limites de son style de prédilection, c’est-à-dire le jazz du début du vingtième siècle.

Si vous écoutez Misses Satchmo pour la première fois, ce disque est une parfaite porte d’entrée sur le répertoire du groupe. Les deux premiers opus demeureront de parfaits petits albums de jazz amusants et inoffensifs, parfaits pour écouter pendant le brunch du dimanche matin, mais Is That All There Is est le premier disque où Misses Satchmo fait preuve d’un peu de mordant. Et c’est la direction que l’on aimerait que le groupe continue d’explorer à l’avenir.

* Spectacle-lancement le 19 octobre prochain, au Théâtre Outremont, à Montréal.

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