Benjamin Biolay

Montréal en Lumière 2017 | Entrevue avec Benjamin Biolay : « Buenos Aires est quasi producteur de l’album »

À un mois de son concert à Montréal dans le cadre du festival Montréal en Lumière (le 26 février au Théâtre Maisonneuve), Sors-tu.ca a pu rencontrer Benjamin Biolay à Saint-Malo en France. Le musicien français a fait son retour en avril dernier avec Palermo Hollywood, quatre ans après son dernier album de chansons originales Vengeance. Dans une atmosphère bouillonnante, il a su montrer les différentes facettes de ce dernier opus mais aussi celles d’autres titres plus anciens.

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Buenos Aires. Pour beaucoup, le nom de la capitale argentine est exotique. On imagine la chaleur, le soleil, le tango. Benjamin Biolay, lui, est tombé amoureux de cette ville il y a de ça une dizaine d’années, lors d’une tournée sud-américaine : « Je voulais voir cette ville depuis que je suis tout petit et j’avais raison d’avoir cette pulsion parce que c’était mon endroit idéal. Idéal pour ce que je suis moi parce que c’est pas du tout idéal, il y a plein de sources d’ennui. »

Quelques années plus tard, on retrouve déjà un morceau intitulé Buenos Aires sur La Superbe. Mais le temps est précieux et ce n’est que récemment que Benjamin Biolay décide d’aller enregistrer un double-album en Argentine avec des musiciens locaux. « Pour être tout à fait sincère, au début, je voulais faire mon disque en Argentine avec des musiciens argentins mais je savais pas que ça parlerait de ça. J’avais fait la chanson Palermo Hollywood en premier mais avoir une chanson, ça peut pas aider à faire un concept-album », confesse le chanteur. Il revient en effet de la métropole avec deux opus distincts (Volver, le prochain est à venir en mai) largement marqués par la ville dans laquelle il dit s’être « laissé embarquer » dans sa propre histoire.

Les contributions sont nombreuses, on retrouve la chanteuse de reggae Alika, l’actrice Sofia Wilhelmi mais aussi à la batterie le talentueux Fernando Samalea. « Buenos Aires est quasi producteur de l’album, elle infuse chaque pore de la peau de l’album », déclare poétiquement Benjamin Biolay. Une influence que l’on ressent immédiatement à l’écoute de Parlemo Hollywood et que le chanteur insuffle en live avec ses cinq musiciens inspirés par les rythmes de la cumbia.

De multiples collaborations

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Benjamin Biolay et Chiara Mastroianni

Sur cet album, Benjamin Biolay montre encore une fois son enthousiasme pour les duos. Camelia Jordana mais également Chiara Mastroianni, qui a d’ailleurs interprété quelques titres avec lui lors du concert, ajoutent leur voix à ce nouvel effort. « Il doit y avoir la notion de partage, d’échange dans la musique, sinon c’est une vie de solitaire, c’est chiant, moi ça m’intéresse pas », reconnaît l’interprète.

Ces collaborations sont plus difficilement transposables en tournée. Pour pallier à cela, Benjamin Biolay a intégré quelques samples dans son concert, pour Palermo Queens par exemple, mais il mélange surtout des morceaux de tout son répertoire. Remodelés pour l’occasion, Les Cerfs-volants, Négatif, Dans la Merco Benz et bien d’autres titres ont trouvé leur place dans le spectacle.

Dans tous les cas, Parlermo Hollywood est un album qui laisse une grande place aux femmes, que ce soit dans les duos mais aussi dans les thèmes qui s’y retrouvent.

Buenos Aires je la vois comme une femme. C’est un pays quand même où les femmes sont fortes. […] C’est des piliers de la nation argentine.

« Faire des choses jolies et artistiques »

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Pour beaucoup, Palermo Hollywood est le disque le plus lumineux de Benjamin Biolay jusqu’à présent. Rythmés, dansants… les titres s’enchaînent et laissent place à une dynamique plus marquée que sur les précédents albums. Ce qui s’explique aussi par l’empreinte de Buenos Aires selon le musicien français : « La nuit on va voir un peu de tango, mais même le tango c’est beaucoup plus rock que ce qu’on imagine. En tout cas, les lieux de tango ils sont super rock. » L’énergie de la ville se retrouve donc sur l’album mais également en concert avec, par exemple, une version bien plus rock de Padam Padam.

Et qui dit qu’un jour le Français ne suivra pas le même exemple pour faire un album sur Montréal ? « Un jour ça peut me tomber sur la gueule. […] Mais ça serait un album nord-américain. C’est ce que j’aime dans le Québec. C’est la diversité culturelle, linguistique. »

Généreux, Benjamin Biolay est resté sur scène plus de deux heures et a réalisé un panorama de sa carrière. De quoi faire plaisir à une salle plus que remplie. Et de faire oublier les tensions existantes : «Là je suis dans une phase où j’ai pas du tout envie de faire autre chose que faire des choses jolies et artistiques », assure le musicien. Volver, la suite de Palermo Hollywood arrive en mai. Un album qui se promet lui aussi d’être multiculturel, de quoi peut-être faire oublier un tant soit peu la situation actuelle.

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