Not Quite Midnight

Not Quite Midnight à l’Agora de la danse | Une oeuvre mature

Depuis près de 30 ans, la chorégraphe Hélène Blackburn, avec sa compagnie Cas Public, s’est taillé une solide réputation autant à l’international qu’ici-même, chez elle. La dernière création de la compagnie, Not Quite Midnight, est une fois de plus à la hauteur d’un talent chorégraphique affirmé qui ne cesse de se renouveler. Si bien que l’année dernière, Cas Public a reçu le Prix de la danse de CINARS, dans la catégorie diffusion internationale.

Not Quite Midnight, avec son titre anglais comme c’est la regrettable tendance dans le milieu depuis un trop long moment, a été créée en 2018, pour ensuite tourner au Canada, aux États-Unis et en Europe, avec des dates qui s’allongent jusqu’en juin 2019. La compagnie, s’étant donné la mission de décortiquer les classiques, s’est penchée cette fois sur l’emblématique Cendrillon, comme ce fut le cas dans le passé avec les contes de Perrault et des frères Grimm. Ou encore et tout aussi bien à même les opéras de Rossini et de Prokofiev.

Hélène Blackburn est reconnue pour la précision de son langage chorégraphique, et les codes stricts de la gestuelle de ses interprètes. Depuis 2001, elle s’aventure occasionnellement sur le terrain du spectacle jeune public, comme ce fut le cas pour Nous n’irons plus au bois avec ses quelque 300 représentations. En même temps, des spectacles comme Barbe Bleue, Journal intime, Variations S et 9 ont été présentés dans des festivals prestigieux à l’étranger et des lieux phare comme l’Opéra Bastille à Paris et l’Opéra de Bordeaux.

Adepte des matinées scolaires amenant les jeunes à s’intéresser tôt à la danse, on ne se surprend pas qu’elle ait eu l’idée de choisir des enfants parmi le public, pour les placer sur scène au cœur de l’action de Not Quite Midnight. Ils sont six danseurs à les encadrer, quatre gars et deux filles, que l’on pourrait dire de force égale, avec un penchant pour le grand 6 pieds Alexander Ellison s’élançant avec une grâce toute particulière.

* Photo par Claudia Chan Tak.

Conceptrice des décors et des éclairages, Émilie B.-Beaulieu a imaginé une dizaine de maquettes réduites, comme des maisons de poupée, appelées à être déplacées fréquemment. L’usage de la glace sèche se fait même à partir du haut complètement de l’espace, voilant avec son brouillard ambiant les déplacements de tout ce beau monde sur scène. La musique originale de Martin Tétreault, un collaborateur fidèle de la chorégraphe, ajoute juste bien une dimension ludique à l’entreprise.

Hélène Blackburn ne se prive pas des influences empruntées au ballet classique, au tango, au flamenco, et même à la valse, la déconstruisant à sa guise. Les danseurs, dont les hommes portent tout autant une longue jupe sombre, se présentent à certains moments avec des talons hauts, aussi bien que les femmes portent le veston. L’œuvre regorge de bonnes idées, rendues malgré le contenu disparate de l’ensemble, avec une belle maturité.

Même si une supplémentaire a été ajoutée à 11h du matin samedi, Not Quite Midnight aurait dû être présentée plus longtemps au Wilder. Le public assurément aurait été au rendez-vous. Surtout que le 21 février prochain, Hélène Blackburn se verra remettre le convoité Prix Hommage RIDEAU, avec tous les honneurs que la chorégraphe mérite bien pour la constance de son œuvre étalée sur trois décennies. Son apport artistique en danse contemporaine opère avec un style très personnel, reconnaissable entre tous.

 

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