crédit photo: Nicola D'Orta
Patrick Watson

Nouvel album «Wave» de Patrick Watson | Visite au repaire de l’animal sauvage

Quand la nature est laissée à elle-même, elle se renouvelle, et ce concept s’applique aussi aux êtres humains. C’est un peu ce que Patrick Watson partage dans son sixième album «Wave», lancé vendredi prochain et qui témoigne d’un passage à vide après des épreuves et des séparations. Par un après-midi ensoleillé, nous avons eu le privilège de rencontrer l’artiste à son studio afin de parler plus en détail du processus derrière l’album, et de la tournée mondiale à venir. Une rencontre bien plaisante (en anglais et en français!), avec un homme qui sait garder la tête hors de l’eau pour être en mesure d’expliquer en chansons des moments de transition inévitables.

Un Patrick Watson volubile nous accueille à son studio situé sur la rue Saint-Laurent, affable et décontracté dans son chandail aux couleurs traditionnelles de l’Islande. Loin du cliché de l’animal en détresse qui lèche ses plaies, il se révèle plutôt lumineux et empreint d’humour. Une aura singulière émane du créateur, tenant à la fois du génie d’Einstein et de l’espièglerie d’un troll.

Processus de Wave: aller à la pêche

On commence l’entrevue en parlant du processus créatif derrière les chansons, alors qu’il fume une cigarette. «Dès que j’ai fini Love Songs for Robots, j’ai commencé Wave immédiatement. Tout comme maintenant, j’ai déjà commencé le prochain. Je suis toujours en train d’écrire. Il n’y a pas de début ou de fin, c’est continu.» Il ne fait donc pas de période d’écriture. «J’écris tous les jours, peu importe ce qui se passe. Je travaille tout le temps.» Cela lui permet d’être dans un flot continu d’idées, et de pouvoir capter les chansons lorsqu’elles arrivent.

Magnifiquement hirsute, Watson replace ses cheveux, réfléchit. «C’est un peu comme aller à la pêche. Tu peux aller au bon lac, avec la bonne canne à pêche, avec le bon appât, au bon moment… Ce sont des choses que tu peux contrôler. Mais tu ne contrôles pas si les poissons viennent ou pas. Tu peux mettre toutes les chances de ton côté, mais la seule façon de t’assurer que tu vas attraper des poissons, c’est de pêcher beaucoup.» On lui a demandé combien de pièces il avait créées dans ce processus. «J’ai composé environ quarante chansons en tout… Quarante-sept, je pense.» Et comment différencier le bon grain de l’ivraie, dans cette quantité astronomique? «Il faut que tu écoutes ton corps. Pas la tête, on doit écouter le corps. La musique, c’est très viscéral comme métier.»

C’est un peu ce qu’on ressent, à l’écoute de Wave. Tout semble très instinctif. On dénote aussi une certaine lumière à travers les chansons, malgré une bonne dose de mélancolie.

Repenser sa vie

Wave est le témoin de nombreux deuils vécus au cours des quatre dernières années. Patrick Watson a perdu sa mère, s’est séparé de sa compagne, et son batteur de longue date a quitté le groupe. Dans le communiqué de presse, Watson précisait ceci à propos de l’album: «C’est la différence entre chanter seul devant la tombe d’un étranger lorsqu’on est enfant et chanter aux funérailles de sa propre mère.» Alors on s’est demandé si les chansons ont un peu été une façon de guérir, de prendre soin de sa santé mentale à travers tout ça. Le chanteur et musicien est toutefois loin de s’apitoyer. «Shit happens, comme dans la vie de tout le monde.» Il poursuit en disant que ce n’est rien de terrible, qu’il n’est pas tombé malade, par exemple… Qu’il y a des choses bien pires qui auraient pu arriver. «Je suis très hésitant à dire que c’était terrible. Mais il y a eu des défis, où j’ai dû repenser ma vie au complet différemment.»

Il explique par la suite ce qui se cache derrière le titre de son opus. «L’album s’appelle Wave parce que cette vague est arrivée, et a emporté tout ce que j’avais, dans la façon que je connaissais ma vie. Mais l’album n’est pas à propos de cette vague, ou de ce qui s’est passé. L’album parle du fait que quand tu es pris dans une grosse vague, il y a un moment où tu as besoin de lâcher ton corps, parce que sinon, tu vas te noyer.»

Tu dois lâcher prise et laisser la vague te frapper, parce qu’elle va le faire, que tu nages ou pas.

«Et quand tu lâches prise, il y a un moment très spécial, extatique, où tu t’abandonnes aux vagues — mais tu « n’abandonnes pas » en tant que tel. Tu sais juste quand c’est le temps de nager (rires).»

Un album «humble, sweet et beau à écouter»

En ce qui a trait à la production de l’album, Patrick Watson lui-même s’en est chargé. Il indique que la musique des années 80 l’a beaucoup influencé dans son approche. «Le groupe [Talk Talk] a fait cet album vraiment touchant et simple, appelé Spirit of Eden. Après Love Songs, j’ai senti que je pourrais probablement faire un album un peu orienté comme celui-là. Quelque chose de beau, de très touchant, et de simple. We want to create nice moments!» Il mentionne vouloir essayer de faire quelque chose «d’un peu humble, de sweet et de beau à écouter», en voulant que les paroles mènent le disque plus que la musique.

Et par ailleurs, que signifie l’image de la pochette, créée par l’artiste Brigitte Henry? «Je voulais avoir un visage. Je veux que les gens pensent à cet album comme étant à propos des gens, et non à propos de paysages. Je voulais que ce soit très clair que ça ne parlait pas de ça. Elle a eu l’idée de faire un visage transparent et de le remplir de diverses textures.»

Photo courtoisie de Secret City Records

La vague Watson déferlera autour du globe

L’auteur-compositeur-interprète avait annoncé une tournée mondiale en septembre, en même temps que le dévoilement du titre de l’album. Cette tournée commencera le 31 octobre à Rimouski (!), et Patrick Watson parcourra différentes villes au Québec en novembre et en décembre, tout en passant par San Francisco et Los Angeles. En janvier, il ira dans l’Ouest canadien, ainsi que sur la côte ouest et au sud des États-Unis. Après avoir été au Mexique, il voyagera par la suite dans beaucoup de pays d’Europe. Quel itinéraire! Comment se prépare-t-on à une tournée de cette envergure? Après avoir expliqué qu’elle est séparée dans un pattern de trois semaines de tournée et de deux semaines off, il précise: «Avant une tournée, je dois faire du jogging, je dois être en très bonne forme physique. Je traite ça comme un événement sportif. Ton corps va vivre trois semaines extrêmes, tu dois être totalement prêt.»

L’artiste se produira donc au MTELUS les 10, 11 et 12 décembre. Les deux premières dates sont déjà sold-out, mais il reste encore des billets pour la troisième représentation! Les 15 et 16 décembre, Patrick Watson se produira aussi au Grand Théâtre de Québec.

Wave paraîtra le vendredi 18 octobre, via Secret City Records.

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