NXNE 2014 – Jour 5 | Courtney Barnett, CTZNSHP, Sonic Avenues et plus

Au cours de notre cinquième et dernière soirée à NXNE, à Toronto, nous avons assisté à trois spectacles donnés par des artistes québécois, dont CTZNSHP, ainsi qu’à une performance d’enfer par la très charmante Courtney Barnett.

 

Sonic Avenues

Notre soirée musicale a débuté vers 17 h alors que les Montréalais du groupe Sonic Avenues donnaient un spectacle à l’extérieur de la Edward Day Gallery, sous un petit chapiteau. Le punk décoiffant du quatuor ne laisse pas indifférent : ça brasse, ça décape, et ça parvient même à se démarquer d’autres formations du genre grâce aux harmonies vocales à trois voix, très bien réussies. C’est une musique à faire hocher de la tête frénétiquement et, même si après un moment c’est répétitif et chaque chanson donne l’impression d’être construite sur le même moule, au demeurant c’est entraînant, mélodieux, et vraiment très agréable.

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White Poppy

Puis ce fut au tour de White Poppy de s’installer sous le même chapiteau. Changement de registre total ; on tombe ici dans une musique expérimentale, majoritairement instrumentale, créée par des loops de guitares et autres effets sonores, ceux-ci étant générés par des instruments électroniques installés sur une table ainsi que des pédales par terre pour la guitare électrique. L’artiste, une jeune femme du nom de Crystal Dorval, crée à elle seule cet univers sonore qu’elle décrit sur son site web comme de la pop « expérimentale et thérapeutique ».

Mais ce que la musicienne de la Colombie-Britannique nous a surtout offert dimanche, c’est une « musique pour endormir bébé », le genre que l’on retrouverait sur un disque pour aider les tout-petits à faire leurs nuits. Lorsque les pédales sont manipulées à plusieurs reprises par les mains, les effets créés par ces pédales devraient peut-être être repensés et faits à partir d’instruments plus accessibles… C’est un peu contre-productif. Mais bon, à la base, ce spectacle manque d’intérêt dans l’ensemble. Nous avons quitté avant la fin, exaspérés, ayant eu l’impression tout au long de la « performance » d’avoir plutôt assisté à un long « soundcheck ».

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The Auras et The Loose Pistons au Silver Dollar Room

Puis nous sommes allés nous installer au Silver Dollar Room pour les prochaines heures. Premier groupe : The Auras, une formation torontoise dont les membres ont probablement grandi en écoutant Pink Floyd, The Doors, Jefferson Airplane et tous ces groupes qui donnaient dans le rock psychédélique, car c’est un peu à eux qu’on pourrait les comparer musicalement.

Trois guitares, trois chanteurs à tour de rôle (qui s’accompagnent aux chœurs), de bonnes pièces dont les passages instrumentaux s’étirent dans de longs solos langoureux et tripatifs. Seul bémol ( et de taille!): leur batteur avait de la difficulté à garder le rythme, et ce, à quelques reprises au long de la performance. Ça gâche le plaisir…

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Puis les Loose Pistons, de Montréal, ont pris place sur la scène.

Le chanteur, excellent, est complètement endiablé sur scène – difficile à prendre en photo, car il ne tient pas en place! – , et possède une très bonne présence devant la foule, toute en confiance (mais sans arrogance).

C’est un rock qui frappe dur que le groupe propose, un genre de garage rock à la Rolling Stones (des débuts), ou pour rester au Québec on peut penser à Mordicus ou même par moments aux Breastfeeders (mais sans tout l’habillage rétro cool de ceux-ci). Les quatre membres de la formation possèdent une belle écoute, se regardent constamment dans les yeux, une chimie qui opère à 100% et qui donne d’excellents résultats au plan musical. Lorsque le chanteur a demandé en anglais au public « Ça va? Le volume n’est pas trop fort? », les gens dans l’auditoire ont eu quelques rires gênés. Ce qu’ils n’osaient probablement pas dire, c’est que oui, c’était fort. Mais c’était également très bon!

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Courtney Barnett

Et puis l’excitation dans la salle a monté de quelques crans, tandis que la place se remplissait rapidement jusqu’à être totalement pleine, pour la prestation très attendue de Courtney Barnett, qui en était à sa troisième présence sur cette scène en autant de soirs.

Selon un vrai fan qui a assisté aux trois spectacles – un maniaque de musique et de festivals avec qui nous avons passé le reste de la soirée —, le bouche à oreille a opéré, car apparemment il y avait vraiment beaucoup moins de gens le premier soir.

Mais dimanche, ça sentait la sueur et le chien mouillé dans la place alors que la chanteuse et guitariste australienne est montée sur scène avec son bassiste et son batteur. Si sur disque ce qu’elle fait semble être une sorte de musique cynique, blasée, esthétiquement soignée, sur scène c’est un tout autre monde : c’est rock, c’est sale, ça déchire, ça déplace de l’air comme pas deux, et on embarque dans cette belle folie contrôlée.

Les solos de guitare de Barnett sont effectués avec énormément de talent et de passion, et la bonne humeur semble être partagée par les trois membres de la formation, qui donnent au public ce qu’il demande, c’est-à-dire d’excellentes chansons pop-rock et de l’énergie.

Souvent, les paroles des chansons sont davantage récitées que réellement chantées. Barnett a été comparée à Kurt Cobain, mais on pense également en l’entendant à Chrissie Hynde et à Debbie Harry, et peut-être à la chanteuse de Camera Obscura pour le look et le petit air triste/détaché qu’elle prend parfois.

Le spectacle extrêmement apprécié du public, s’est conclu sur Barnett qui a laissé glisser sa guitare entre les mains de ses admirateurs, qui se sont alors mis à jouer avec l’instrument et à créer des sons cacophoniques, tandis que Barnett quittait la scène avec ses musiciens. La guitare est restée dans le public, et le compte Twitter de NXNE confirmait plus tard que la chanteuse avant bel et bien laissé définitivement au public sa guitare. Beau cadeau!

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Fin de soirée avec CTZNSHP

Enfin, nous nous sommes rendus au Baltic Avenue pour assister à la performance d’un autre groupe montréalais, CTZNSHP. Le groupe, qui affirme faire du « haze-rock », captive immédiatement l’audience avec ses pièces d’une intensité phénoménale. Cette intensité augmente d’autant plus alors que le chanteur Jesse LeGallais, avec son petit look à la Louis-Jean Cormier (c’est dû à la carrure et la pilosité), observe la foule avec des yeux perçants – non menaçants, mais pénétrants, qui semblent tout voir.

LeGallais vit les chansons, il les ressent au plus profond de lui. Il semble par moments perturbé par la musique. Mais tout ceci fait partie de la performance, et nous sommes subjugués par la beauté de la musique, la précision des musiciens, et l’ensemble de la prestation, quasi parfaite.

Notre compagnon de soirée a même comparé LeGallais à David Byrne – que ce même ami prétend avoir vu en spectacle avec les Talking Heads à la belle époque de la boîte de nuit le RPM à Toronto. Lorsque nous avons parlé après le spectacle à LeGallais, et que nous lui avons transmis nos commentaires et éloges, celui-ci a paru profondément touché et a fait preuve d’une formidable humilité, et l’impression favorable qu’il nous avait donnée sur scène n’a été que confirmée par son attitude en face à face.

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On n’aurait pas pu demander meilleure expérience pour terminer ce festival, qui nous a donné la chance de nous remplir les oreilles de musique très cool et diversifiée.

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