Youngnesse

OFFTA 2016 | Youngnesse: Pour finir en beauté

Le OFFTA, qui fêtait ses 10 ans cette année, s’est clôturé en beauté mercredi soir avec un programme double au Théâtre Aux Écuries : Ruminant ruminant, de Brice Noeser, et Youngnesse de la compagnie projets hybris.

Photo: Cindy Voitus

Photo: Cindy Voitus

Manifestation artistique annuelle créée en marge du FTA, et pour combler une partie du vide laissé par la disparition du FIND (Festival International de Nouvelle Danse), le OFFTA s’est donné pour mission d’offrir une plateforme à la jeune culture underground locale, à la création d’avant-garde en arts vivants, à l’émergence de nouveaux talents et au métissage des disciplines. Des artistes aujourd’hui reconnus, comme Étienne Lepage, Frédéric Gravel, Nicolas Cantin ou Emmanuel Schwartz, sont tous passés par le OFFTA.

21 spectacles auront été présentés cette année dans des lieux bien établis comme le Monument-National, La Licorne, le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui ou encore la Maison de la culture du Plateau Mont-Royal. En mettant cette fois-ci le focus sur la scène contemporaine autochtone, et par le biais de plusieurs activités satellitaires, les jeunes artistes laissés pour compte ont pu trouver au OFFTA une tribune pour exprimer leur art comme ils l’entendent, c’est-à-dire sans concessions.

La première partie de l’offre aux Écuries aura permis de découvrir la forte présence en scène de Karina Iraola, qui est passée par les Ateliers de danse moderne de Montréal où elle a rencontré avec sa forte tignasse le flamenco qui ouvrait Ruminant, ruminant. Un court spectacle de 35 minutes qui ne demande qu’à être développé pour exister à part entière. Il faudrait entre autres éliminer les pancartes et renforcer la partie texte pour ne pas qu’on se retrouve à devoir fermer les yeux sur des phrases aussi banales que : «Qu’est-ce que tu as mangé ce matin?»

Brice Noeser, qui signait là une chorégraphie éclatée, était aussi interprète de la pièce avec elle, mais sans autant de magnétisme. De bonnes idées cependant ont été exploitées, comme cet échange de vêtements où lui enfilait sa robe et elle ses pantalons. Il y avait chez eux deux un côté ludique qui servait bien cette piécette qui promet.

Au retour de la pause, nous faisions la découverte de cinq corps indistincts allongés et empilés au centre de la scène. Côté jardin, un orchestre de trois musiciens, Technical Kidman, dont un qui chantait avec un ton funky sur cette musique métallique et électronique qui est venue tout de suite chercher le public à majorité jeune dans la salle. La musique aura été d’ailleurs l’élément le plus fort de Youngnesse, le plus abouti au stade actuel de cette production.

Photo: Cindy Voitus

Photo: Cindy Voitus

Car la pièce, mise en scène par Philippe Dumaine, est encore à une étape de développement dont la suite viendra avec le temps et l’inspiration de ses cinq jeunes interprètes. Une jeunesse qui crie pour se faire entendre, et rappeler au monde qu’elle existe, entre la désillusion et l’espoir. «Nous rêvions à des colères magnifiques», pouvait-on lire sur une grande banderole. Les références au printemps 2012 ainsi évoquées et invoquées à bon escient, allaient de pair avec des slogans anti-Charest. Il n’est pas facile d’être jeune aujourd’hui, mais tout peut basculer vers mieux, pouvait-on en déduire.

Autre référence qui donnait du poids à ce spectacle de 45 minutes, fut celle à la poète Huguette Gaulin, auteure de Lecture en vélocipède, son seul recueil, avant de s’immoler par le feu à 27 ans sur la Place Jacques-Cartier. Quand la poésie parle, elle sait se faire entendre. Et il aura été étonnant de constater cette année, autant au OFFTA qu’au FTA et au Fringe, à quel point la poésie est devenue une arme entre les mains des jeunes.

On pourra retrouver projets hybris en avril 2017 à La Chapelle Scènes Contemporaines pour une toute nouvelle création dont le titre provisoire est (MORE) PROPOSITIONS FOR THE AIDS MUSEUM.

Enfin, pour célébrer l’énergie créatrice de ces deux dernières semaines d’ébullition artistique multidisciplinaire, tous les festivaliers étaient conviés au grand party de clôture du OFF et du FTA au QG du FTA, histoire de finir en beauté cette manifestation couronnant les 10 ans de l’un comme de l’autre.

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