OFFTA 2017 | Un Quatuor pour la fin du temps fascinant

Pour la deuxième année consécutive, les Productions BOP (Ballet-Opéra-Pantomime), fondées en 2013 par Alexis Raynault et Hubert Tanguay-Labrosse s’associaient au chorégraphe et interprète Dave St-Pierre, lui-même entouré par trois de ses proches collaborateurs (Anne Thériault, Karina Champoux et Frédéric Tavernini), pour donner vie à un spectacle autour de la partition du Quatuor pour la fin du Temps d’Olivier Messiaen dans le cadre du festival OFFTA. Retour sur une expérience intemporelle.

Né de la volonté d’associer la musique et la danse, le projet a été donné hier soir en première mondial. Pendant l’heure et demie que dure la représentation, le spectateur est invité à voyager dans un univers qui ne lui est probablement pas familier mais dans lequel il va forcément se retrouver à un moment ou à un autre. En effet, on retiendra de cette soirée des artistes qui se sont livrés et mis complètement à nu avec beaucoup d’authenticité et de générosité.

Au grès des différents mouvements musicaux du quatuor, les interprètes-danseurs sculptent l’espace avec une grande poésie, découpent des formes corporelles originales et intimes. La nudité qui vient ponctuer chaque fin de séquence est un aboutissement nécessaire et est exprimée avec beaucoup de grâce et de pudeur. On soulignera avec grand enthousiasme les projections vidéos, signées Alex Huot, sur les corps dénudés dans le noir qui donnent loisir à l’esprit de vagabonder parmi des oiseaux, des feux d’artifice ou des os du squelette : c’est ainsi qu’elle apparaît comme inévitable et souhaitée. Les éclairages d’Hubert Leduc-Villeneuve confèrent à la pièce une ambiance toute particulière qui contribue à l’immersion totale du spectateur.

Les quatre créateurs sont accompagnés sur scène d’une quinzaine de figurants qui sont eux-aussi dans le total dépouillement. On est plongé dans une autre dimension, qui se poursuit d’ailleurs au-delà des murs de la salle, et qui force le spectateur à laisser tomber toutes ses barrières pour pouvoir apprécier cette expérience. Il n’est pas question ici de vouloir comprendre une histoire ou d’essayer d’appliquer les mécanismes habituels formatés par notre société. Il faut simplement se laisser porter dans ce monde poétique où la sensibilité des artistes rejoint forcément celle du spectateur à un moment donné.

La musique, interprétée avec beaucoup de sensibilité et d’écoute par Julie Triquet, Valentin Bajou, Hubert Tanguay-Labrosse et Gaspard Tanguay-Labrosse, est le point de rencontre entre les différents échanges artistiques. Elle est parfois en totale opposition avec la danse et parfois en totale communion avec cette dernière mais peut compter sur des musiciens attentifs et eux-aussi imprégnés de l’œuvre. Ils font corps avec les danseurs, sont englobés dans un tout qui donne un accomplissement collaboratif et original toujours en évolution.

On ressort de ce spectacle grandi et hypnotisé par les performances de chacun, en souhaitant presque ne pas retourner dans le monde réel.

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