Ballet-Opéra-Pantomime

OFFTA 2017 | Un Quatuor pour la fin du temps revisité

L’OFFTA, le festival d’arts vivants de Montréal a ouvert sa 11ème édition il y a quelques jours. Placé sous le signe de l’hybridité, le festival se donne pour mot de « repousser toutes les limites imposées par les disciplines » afin de donner lieu à des rencontres artistiques explosives. C’est d’ailleurs le cas pour les deux spectacles qui auront lieu le 7 et 8 juin prochains à la salle Pierre-Mercure, issus d’une collaboration entre les Productions Ballet-Opéra-Pantomime et les créateurs Dave St-Pierre, Karina Champoux, Anne Thériault et Frédéric Tavernini.

Le projet mêlera la musique de Messiaen et son célèbre Quatuor pour la fin du temps (interprété live par Hubert Tanguay-Labrosse, Julie Triquet, Valentin Bajou et Gaspard Tanguay-Labrosse), des éclairages d’Hubert Leduc-Villeneuve, des visuels d’Alex Huot et une grande exploration du corps avec les interprètes-danseurs cités précédemment.

quatuor-posterLe projet est né de l’envie d’Hubert Tanguay-Labrosse, codirecteur artistique et directeur musical de la compagnie BOP aux côtés d’Alexis Raynault, de recollaborer avec Dave St-Pierre, suite au succès de leur spectacle Le Vin herbé en 2016, et de s’attaquer cette fois-ci au monument composé par Messiaen : « Nous n’avions pas encore fait de ballet dans nos productions, il était donc temps de se plonger dedans et notre collaboration avec Dave St-Pierre s’était très bien passée l’année dernière, nous avons eu envie de retenter l’aventure ».

Le chorégraphe s’est entouré de trois autres danseurs-créateurs avec qui il a souvent collaboré dans le passé afin de proposer une nouvelle lecture de la partition : « J’ai toujours travaillé avec eux en collaboration et quand j’ai été approché pour ce projet, j’ai proposé que l’on pousse vraiment cela en invitant des créateurs et pas seulement des interprètes. On semble tous être à la même place artistiquement, on questionne la danse, on est plus vers le performatif et on parle avec ce qu’on est. Le fait de recevoir l’écoute des musiciens par dessus ce qu’on propose nous pousse à voir toujours plus loin dans ce que l’on propose. C’est très inspirant ».

Si [le spectateur] n’aime pas la danse, il pourra toujours fermer les yeux et simplement écouter la musique, l’inverse fonctionne aussi. Parfois, on le laisse libre, d’autres fois avec les éclairages, on l’amène vers quelque chose de précis.

Anne Thériault et Karina Champoux s’accordent avec Dave St-Pierre sur l’importance d’avoir les musiciens présents aux répétitions : « La danse se fait à travers eux, autour d’eux. Ça change beaucoup d’avoir la musique qui est invisible mais qui est quand même là, présente et qui nous enveloppe. »

Selon Hubert Tanguay-Labrosse, la collaboration semble avoir été plutôt facile entre musiciens et chorégraphes notamment par le fait que ces derniers étaient déjà quatre pour échanger des idées et très à l’écoute des propositions faites par les musiciens. L’un des buts du projet est cependant de laisser le spectateur libre de recevoir ce qu’il veut du spectacle : « S’il n’aime pas la danse, il pourra toujours fermer les yeux et simplement écouter la musique, l’inverse fonctionne aussi. Parfois, on le laisse libre, d’autres fois avec les éclairages on l’amène vers quelque chose de précis, explique Dave St-Pierre. Il y a beaucoup de choses qui se passent à la fois, c’est aux gens de voir à quoi ils accrochent plus », complète le clarinettiste.

La fascination des chorégraphes pour les musiciens semble réciproque et promet une belle complicité sur scène. « On est fasciné pas seulement quand ils jouent mais aussi quand ils ne jouent pas » ajoute Anne Thériault, appuyée par Karina Champoux : « Le plus important sont les personnes regroupées ensemble et d’être à l’écoute de chacun d’entre nous ».

Une chose est certaine, le mot « sensibilité » revient souvent dans la bouche des artistes lorsqu’il s’agit de parler d’art et des gens qui les entourent. On nous promet donc une fascinante redécouverte de l’oeuvre emblématique d’Olivier Messiaen à travers des corps décomplexés et qui s’exprimeront avec une grande vérité. Ils pourront s’appuyer sur les solides musiciens qui les accompagneront tout au long de ce voyage, auquel les directeurs des productions BOP n’ont mis aucune limite.

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