Orchestre Métropolitain (avec Joseph Moog) | La Force du Destin

L’Orchestre Métropolitain a donné rendez-vous au public ce dimanche à la Maison Symphonique de Montréal. Au programme : le deuxième concerto pour piano de Rachmaninov et la quatrième symphonie de Chostakovitch. Retour sur un concert impressionnant.

Après un mot d’accueil du directeur général de l’orchestre métropolitain, le maestro Yannick Nézet-Séguin et le jeune pianiste Joseph Moog sont entrés sur scène au côté des autres musiciens déjà installés. Les premiers accords solitaires du pianiste, savamment mélangés par la pédale, ont directement donné le ton : la soirée promettait d’être intéressante. Tout au long du deuxième concerto de Rachmaninov, Joseph Moog a su transcender le public, l’orchestre et bien sûr le concerto. Pas une note à côté et une interprétation au service de la musique uniquement. Rachmaninov, lorsqu’il est surjoué, devient vite lourd à l’oreille et parfois désagréable. Sans fioritures ni grandiloquence, le Rachmaninov de Joseph Moog était empli du dynamisme de ses vingt-neuf ans, à la fois humble et vivifiant.

Photo par François Goupil.

Photo par François Goupil.

L’orchestre, très bien dirigé par son chef, a mis en avant la performance du pianiste avec des vibratos à couper le souffle sans jamais prendre le dessus sur celle-ci. Très attentif au moindre changement de tempo ou aux possibles emballements du jeune soliste, maestro Nézet-Séguin a mené toute la pièce avec un plaisir non dissimulé, se permettant même, lors de la dernière réexposition du thème, de ralentir l’orchestre le plus possible pour mieux savourer, les yeux fermés, les dernières notes d’un des hits de la musique dite « classique ».

Une standing ovation de cinq minutes absolument méritée a salué la performance de tous les musiciens. Pour notre part, on n’avait juste rien à redire. Galant, Joseph Moog a gratifié le public de quelques remerciements en français et a offert son bouquet de fleurs à la première violoniste. Il a ensuite interprété, en rappel et avec une belle finesse, l’Étude-tableau op.33 n°8 de Rachmaninov, pour rester dans le thème.

Après l’entracte, maestro Nézet-Séguin a pris le temps de présenter au public la quatrième syphonie de Chostakovitch, sur un ton qui relevait presque de l’avertissement. Composée en 1961, la pièce n’allait pas être aussi plaisante à l’oreille que la première partie du concert. Entre éloignement de la forme tonale et sonorités allant jusqu’au quintuple forte, nous risquions d’être surpris.

Et finalement, nous avons été encore plus impressionnés par cette deuxième partie de concert. Le niveau des musiciens tout d’abord, qui ont tous puisé dans toutes leur ressource pour interpréter brillamment ce cri du coeur du compositeur. Les chromatismes des cordes, les nuances des cuivres et des bois, la rythmique sans cesse modifiée des percussions… On a senti que chaque pupitre préparait la pièce depuis longtemps et voulait lui rendre honneur.

Mais surtout, le chef d’orchestre a été hypnotisant du début à la fin, en menant avec force et grandiose cette pièce difficile. Yannick Nézet-Séguin a donné toute sa cohérence à l’oeuvre, la rendant abordable pour un public pas forcément initié. Sans jamais lâcher son orchestre, concentré dans les moindres départs, il avait les yeux partout en permanence et n’a pas commis l’erreur de centrer son attention uniquement sur les nombreux solos. La fin, à la limite de l’inaudible, a été tout simplement bouleversante, la salle entière retenant son souffle avec les musiciens. Souvent un peu trop prompt à se lever, le public de la Maison Symphonique a applaudi longuement la performance d’hier dans une standing ovation encore une fois très méritée.

Bonne nouvelle : le concert a été capté par Radio-Canada. Il est disponible sur le site internet de la radio et sera rediffusé à la télévision (ICI Radio-Canada Télé) le 26 mars à 22h53 pour la Quatrième Symphonie de Chostakovitch, le 7 vril pour le Concerto n°2 de Rachmaninov et sur ICI ARTV le 9 avril à 19h. À ne pas manquer.

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