Orchestre Métropolitain

Orchestre Métropolitain et Hélène Grimaud à la Place des Arts | Un Bartok d’échauffement et un Mahler grandiose

La Place des Arts était bondée jeudi soir. Et pour cause ! Deux artistes français, de mondes différents mais tous deux internationalement reconnus, sont montés sur la scène montréalaise. Salle Wilfried-Pelletier, les amateurs de chansonniers ont pu applaudir Francis Cabrel tandis qu’à la Maison Symphonique, les mélomanes classiques ont pu entendre Hélène Grimaud et l’Orchestre Métropolitain sous la baguette du maestro Yannick Nézet-Séguin. C’est d’ailleurs à ce deuxième concert que nous nous sommes rendus.

En première partie, la pianiste française de renommée mondiale, Hélène Grimaud, a interprété le troisième concerto de Béla Bartok. Il s’agit d’une oeuvre qui emprunte beaucoup de thème du folklore populaire, malgré le fait qu’elle soit plutôt conventionnelle dans sa forme et dans le traitement de ses thèmes.

On y sent une véritable connexion avec le classicisme de Mozart. C’est une lecture très personnelle que nous a proposé Hélène Grimaud. La pianiste a pris le parti d’une interprétation très romantique et avec beaucoup de pédale, ce qui pouvait parfois nuire à l’écoute des sonorités typiques du compositeur hongrois. On aurait probablement souhaité quelque chose d’un peu plus pétillant et rythmique, moins prudent et plus flamboyant dans les passages qui éclatent. Une certaine liberté dans le jeu de la pianiste au début de son deuxième mouvement (par ailleurs très beau et lyrique) a pu laisser apparaître des manques de précisions dans les attaques des accords de type choral.

On peut néanmoins souligner une belle qualité de son et une grande puissance qui est parvenue d’un bout à l’autre de la salle. C’était un véritable plaisir de pouvoir profiter d’une pièce plutôt percussive interprétée avec autant de profondeur dans le son. Il est cependant un peu regrettable que la musicienne, alors qu’elle était acclamée, ne soit revenue qu’une fois sur scène pour offrir un timide salut et pas de rappel à un public pourtant très chaleureux. Un Bartok solide, donc, mais pas inoubliable.

 

Une cinquième de Mahler digne de ce nom !

La cinquième symphonie de Gustav Mahler, donnée en seconde partie, fut en revanche un énorme succès. Oeuvre d’une durée approximative de soixante-dix minutes et d’une richesse incomparable, elle possède de nombreuses parentés avec la célèbre cinquième symphonie de Beethoven en Do mineur. Ainsi, le rythme du premier thème entendu à la trompette est exactement le même qui ouvre la pièce de Beethoven. Comme son aîné, Mahler commence sa symphonie dans le drame et la termine en apothéose dans un tutti d’orchestre éblouissant.

Yannick Nézet-Séguin, tout récemment nommé à la tête du Metropolitan Opera de New York en succession à James Levine à partir de 2020, a mené d’une main de fer l’Orchestre Métropolitain dont il est le directeur artistique et chef principal depuis 2000. On sent ici que les musiciens sont habitués à travailler avec le maestro et une véritable connexion s’est établie entre eux. Ils réagissent avec grande souplesse et c’est ce qui a fait de la symphonie une véritable réussite, digne des plus grands enregistrements. Tout en finesse, Nézet-Séguin a pu mener avec subtilité, intelligence et fougue une pièce très exigeante physiquement pour le chef et les musiciens.

La générosité du chef se fait entendre à travers le retour des musiciens qui sont tout particulièrement impliqués. Mention spéciale à la section des vents, notamment le trompettiste Benjamin Raymond, très convaincant dans le premier mouvement et le corniste Louis-Philippe Marsolais, magistral dans le troisième. Le célèbre Adagietto repris notamment dans le film Mort à Venise de Luchino Visconti, fut un moment de pure délectation dont on retiendra tout particulièrement les phrases étirées avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse. C’est dans un final en feu d’artifice que le concert s’est terminé, laissant le public dans l’attente impatiente du prochain concert. Il va sans dire que ce soir, Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre Métropolitain ont rendu justice à l’une des plus belles pages de la musique classique.

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