Paléo Festival Nyon

Paléo Festival de Nyon 2019 | La scène québécoise aura définitivement séduit les Suisses

Outre les têtes d’affiches telles que Twenty One Pilots, The Cure ou Lana Del Rey, le Paléo Festival de Nyon (23 au 28 juillet) faisait la part belle cette année au Québec dans son Village du Monde (que vous pouvez découvrir ici). Sur la scène du Dôme, le public suisse aura pu découvrir tout au long de la semaine une programmation québécoise prestigieuse.

Robert Charlebois, invité et invitant

Sans nul doute, les artistes et groupes ayant fait le voyage en Suisse auront marqué les festivaliers et contribué à la réussite de cette 44 édition par leur musique audacieuse et leur enthousiasme sans égal. On pense notamment à cette avant-dernière journée de festival où, suite à l’annulation de Shaka Ponk, l’artiste bernois Stephan Eisher devait improviser un spectacle de dernière minute devant près de 25 000 personnes. Et qui répondaient à l’appel ? Certainement pas Jacob Banks ou Charlie Cunningham, mais bel et bien les Québécois présents à savoir le Cirque Alfonse, mais aussi Tire le coyote et Robert Charlebois qui jouèrent tous deux plus tôt dans la soirée.

Le Cirque Alfonse aux côtés de Stephan Eisher et Mélanie Oesh © Paléo – Manon Voland

Preuve de cette belle amitié existante entre cousins francophones, l’artiste de 75 ans aura donné tout un spectacle quelques heures avant. Repoussant les limites de l’âge avec la scénographie de son spectacle En Charleboiscope, qui impressionna bon nombre de spectateurs, il aura su rendre honneur à sa riche histoire en jouant des titres incontournables tels que Lindberg ou Je reviendrai à Montréal (qu’il interprétera sur la Grande Scène aux côtés de Stephan Eisher et Tire le coyote). Une manière aussi de conclure en beauté une possible dernière visite en Suisse en voyant, par la même occasion, un certain Luc Plamondon le rejoindre sur scène après qu’il eut traversé le Lac Léman pour le voir. Tout un moment vécu par des festivaliers qui ont été baignés par les comédies musicales Starmania et Notre-Dame de Paris.

Robert Charlebois © Paléo – Lionel Flusin

 

Le rap québécois s’impose en Suisse

Le lendemain de ces moments inoubliables, Cœur de Pirate aura également joué au Dôme, dans une incompréhension notable. La scène est effectivement bien trop petite et ne reflète en rien le succès engrangé ces dernières années par l’Outremontaise en Suisse et en France voisine. Face à un public suisse impatient de la voir sur scène après sa venue à Genève en avril dernier, elle aura fait déborder le chapiteau à l’inverse – et c’est dommage – de Koriass qui joua dimanche plus tôt, à 17h, devant un public clairsemé qui aura subit la bouette de fin de semaine.

Koriass © Paléo – Nicolas Patault

Le natif de Ste-Eustache aura su pourtant défendre avec fierté le rap québécois dans un style incisif qui fait sa renommée. Louant les paysages et l’accueil chaleureux des Suisses qui lui rappellent le Québec, il adaptera aussi certains textes (LE job, et non LA job sur Garde ton job). Attisant la curiosité malgré un horaire éloigné de sa clôture nocturne des Francos, le rappeur aura toutefois marqué des points en Suisse à l’instar des excellents Dead Obies (quelle énergie!), et surtout Loud qui jouait deux jours plus tôt.

Si les Suisses ne mesurent probablement pas le succès de Loud au Québec, il est certain que les Québécois ne mesurent pas celui du rappeur en Suisse. N’étant pas sa première visite, l’artiste a su se créer une base d’admirateurs avec le temps en témoigne sa performance devant un chapiteau débordant de toutes parts et qui alluma souvent les lucioles. Simon Trudeau, accompagné de Ajust aux platines, jouera durant une heure ses titres populaires tels que Toutes les femmes savent danser, Fallait y aller, 56k ou encore Devenir Immortel, morceau durant lequel il réussira intensément à faire chanter une foule en délire. Il est évident que le rap québécois fait sa place, et plus seulement dans la province !

Loud © Paléo – Laurent Reichenbach

 

Cardin et Lenoir, les étoiles montantes

La semaine québécoise en Suisse aura offert son lot de moments épiques. Elle aura permis à Charlotte Cardin d’éclore le jeudi soir aux yeux d’un public suisse émerveillé face à la justesse vocale qu’offre la charismatique jeune femme, qui ne manqua d’ailleurs pas de reprendre Fou n’importe où en mentionnant son modèle Daniel Bélanger, qui reste une référence québécoise à écouter de toute urgence. Qu’il aurait été bon de le voir pour cette grande fête québécoise sur l’affiche de la 44e édition du festival.

Plus tôt, notons la prestation remarquée de Hubert Lenoir qui entama son spectacle par l’incontournable Fille de Personne II, étonnement bien reprise par la foule. Aussi énergique en terre helvétique qu’au Québec, l’artiste primé à l’ADISQ n’aura toutefois pas été aussi clivant qu’il a pu parfois l’être dans la province canadienne. Il ne grimpera finalement que deux fois sur les échafaudages, sans verser d’alcool ni briser des micros. Outre ses envolés criardes, il aura surtout été très respectueux envers un public suisse qu’il apprécie, et qui le lui rend bien:

Depuis que je suis venu en Suisse, j’ai une bonne réception. Le show reste pareil, mais l’expérience sociale est différente. J’ai parlé avec des fans en avant qui m’avaient déjà vu et au concert, je sentais qu’il y avait plus de monde qui embarquaient dans le projet. (…) En Europe, je me sens bien reçu et je ressens une bonne chimie, des bonnes vibes.

Hubert Lenoir nous avouera aussi qu’à ses débuts, il recevait de bonnes critiques de Darlène sans savoir si le public suivrait. Finalement, c’est une réussite selon lui. « Honnêtement, je suis content parce que dans cette tournée là, j’ai vraiment senti que dans chaque festival où j’allais, le public chantait les chansons », confiera le jeune homme au micro de Sors-tu.ca. Nul doute que le fantasque artiste refera surface sur le Vieux-Continent après avoir fait autant bouger la foule… et fait l’unanimité.

Hubert Lenoir © Paléo – Anne Colliard

 

Les Trois Accords assurent, la musique traditionnelle enchante le monde

Enfin, outre l’immense performance des Cowboys Fringants en ouverture (compte-rendu à lire ici), il serait idiot de ne pas faire mention aux Trois Accords qui auront mis une ambiance incroyable mercredi 24 juillet avec leurs paroles loufoques et leur capacité à animer la foule, démontrant que le groupe québécois jouit d’un capital sympathie assez énorme en Suisse, notamment pour le titre Tout nu sur la plage qui n’aura pas été joué. Dommage, mais ils se rattraperont avec Saskatchewan en communion avec un public se tenant par les épaules.

Les Trois Accords © Paléo – Lionel Flusin

Honneur aussi à Elisapie qui aura illuminé la première soirée, ainsi qu’à certains groupes programmés qui auront rendu hommage à la musique traditionnelle. Bien qu’ouvrant les portes aux musiques contemporaines, le Paléo Festival de Nyon tenait aussi à faire une place à Bodh’aktan, Bears Of Legend, le Winston Band, le Québec Redneck Bluegrass Project et, étonnement, le Cirque Alfonse (quel spectacle alliant rock et acrobaties). Un choix logique, et finalement judicieux, puisque chacun de ces groupes, par leur jouerie communicative, auront enthousiasmé le public… comme tous les autres formations québécoises durant toute la semaine !

Québec Redneck Bluegrass Project © Paléo – Laurent Reichenbach

 

Pour cette année, le Paléo Festival de Nyon aura donné une formidable visibilité en Suisse à la scène musicale québécoise. Suite à cela, elle aura sans nul doute trouvé de nouveaux adeptes parmi les festivaliers nyonnais de cette 44e édition. En espérant revoir plusieurs ces formations prochainement aux bords du Lac Léman pour de nouveaux spectacles car elles le méritent.

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