Paradis Perdu

Paradis Perdu au Théâtre Maisonneuve | Un paradis visuel perdu dans une fable assommante

Ce mystérieux Paradis Perdu nous est enfin dévoilé. Fruit d’une collaboration du metteur en scène Dominic Champagne (ayant oeuvré pour le Cirque du Soleil), du biologiste et cinéaste Jean Lemire et de l’auteur compositeur interprète Daniel Bélanger, cette méga-production multi-disciplinaire est un délice pour l’oeil bien plus que pour l’intellect.

Désolant constat de l’incapacité de l’homme à se défaire de sa nature belliciste, Paradis Perdu est une fable ésotérico-naturiste qui nous transporte dans le rêve du dernier soldat errant d’un monde post-apocalyptique qui tentera de rebâtir le monde en se rapprochant de la nature.

Interprété par l’artiste de scène Rodrigue Proteau, ce guerrier devenu « jardinier » ne parlera jamais – ni les deux personnages incarnant l’amitié et l’amour qu’il créera à partir de la terre, d’ailleurs – laissant soin au « Poète », un personnage halluciné à mi-chemin entre un narrateur et une conscience personnifiée, de nous tracer le récit.

Ce « Poète », c’est Pierre Lebeau et sa bonne vieille voix graveleuse qui convient si bien à ce genre de rôle. Rien à redire sur cette narration bien rendue.

L’ennui, c’est que le texte de Dominic Champagne en met beaucoup trop, décrivant chaque acte ou pensée dans une bouillie poétique agaçante.

La narration est trop lourde, inutilement omniprésente, et verbeuse à souhait alors que les meilleurs moments du spectacle sont ces brefs instants où le personnage (et éventuellement, ses deux complices) entre en symbiose avec l’époustouflant environnement visuel, les effets sonores justes et la musique enivrante de Bélanger.

Moments trop rares, hélàs.


Comme au cinéma

Dommage, parce qu’au plan visuel, on a rarement vu une production aussi parfaite et imposante au Québec. Une esthétique singulière, précise et fine est respectée dans cet univers créé par le biais de projections d’images signées Olivier Goulet et de la scénographie inventive et efficace de Michel Crête.

On se croirait au cinéma, avec une saisissante utilisation du 3-D comme seul Avatar a su nous l’offrir au Septième Art, à date. Le recours à une scène inclinée recouverte de terre – qui, selon les projections, peut s’apparenter à de la cendre, de la poussière, de la lave ou de l’eau –  est également judicieux.

Mais comme pour le populaire film des Na’vi, encore faut-il outrepasser le charabia environnementaliste manichéen pour pouvoir apprécier pleinement un univers merveilleux qui aurait sans doute pu être mis au profit d’une fable plus intéressante.

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