POP Montréal 2014 – Jour 5 | The Unicorns de retour au Métropolis

L’édition 2014 de POP Montréal se concluait dimanche soir avec un grand coup de nostalgie pour hipsters : le retour (improbable) des Unicorns dans un Métropolis bien plein. La courte prestation décousue nous a rappelé à quel point les Licornes montréalaises ont les qualités de leurs imperfections, et brillent dans la dérision. 

Alden Penner, Nicholas Thorburn et Jamie Thompson n’avaient pas partagé la scène depuis plus de dix ans lorsque Win Butler les a convaincus, cet été, d’assurer la première partie de quelques shows d’Arcade Fire aux États-Unis.  Façon de retourner la faveur, dix ans après qu’AF ait suivi les Unicorns en tournée. Les rôles étaient alors inversés. C’était à la veille de la grande ascension d’Arcade Fire avec Funerals… et de l’implosion des Unicorns.

Lancé d’abord en 2003, puis re-commercialisé en 2004, l’unique disque complet du groupe, Who Will Cut Our Hair When We’re Gone?, a pris des airs d’album culte au cours des dernières années. Et pour cause : son impact sur la scène indie rock montréalaise est considérable, sans compter que son ingénieux mélange de textes macabres, d’humour pince-sans-rire, de musique lo-fi éclatée et d’imagination débridée n’a jamais vraiment été égalé. Du moins, pas dans ce genre.

Ce petit bijou d’indie rock déjanté avait droit à une réédition cet été, d’abord en MP3, puis plus récemment en CD, et bientôt en vinyle. Les concerts ne sortaient donc pas tout à fait de nulle part.

Photo par MAM

Photo par Marc-André Mongrain

Et tant qu’à se réunir, pourquoi pas conclure ça avec un grand coup : un Métropolis en clôture du festival POP Montréal, qui a sans doute contribué à la décision des Unicorns de remonter en selle pour un soir. Et après ?  Après on verra, répètent-ils sur toutes les tribunes.

En attendant qu’on en sache davantage, les fans patients jubilaient à la seule idée de voir les trois complices enfin réunis l’instant d’un concert, et ça s’est senti dès les premières notes de Jellybones, accueillie à tout rompre.  Le rythme bondissant opérait plutôt bien et les musiciens ne semblaient pas perdus, ni dépassés par les événements. On prenait ça relax, sans se casser la tête.

C’est d’ailleurs ce que l’on retient de cette soirée spéciale ; les Unicorns n’ont jamais été le groupe à l’interprétation la plus appliquée, mais ils compensent amplement avec une savoureuse dose de dérision bien placée. Et d’auto-dérision. Une denrée rare de nos jours dans le monde tellement-trop-sérieux du rock indépendant.

Ça se voyait dans des détails comme les projections à l’arrière de la scène : des genres de screen savers tout droit sortis des débuts du Web.

Il y a aussi quelque chose d’étrangement comique à entendre Thorburn et Penner se donner la réplique dans Child Star : « I hate you » de chanter l’un, à qui l’autre répondra « I hate you too ».

Quelque chose d’autant plus étrange d’entendre les paroles prémonitoires de la bien-nommée The Unicorns : 2014. « Tomorrow is 2014 / When I’ll be 32 / And we’ll be 13 / But will there be enough room for me? / Enough oxygen, for me to breathe ».

Photo par Marc-André Mongrain

Photo par Marc-André Mongrain

Quelque chose d’étrange même dans le choix des premières parties, surtout l’inclusion d’une drag queen torontoise nommée Light Fires, qui chantait seule sur scène sur une trame dance-pop jouée à même son iPhone, en multipliant les danses exubérantes. On se serait cru au Cabaret Mado.

Même les interventions entre les chansons des Unicorns contribuaient à ce sentiment de confusion volontaire. « It’s a real treat for us, tonight… but sometimes, it’s time to go », lance Thorburn avant d’entamer Ready To Die, peu après avoir chanté I Don’t Wanna Die.

Toujours dans cet esprit cabotin, les trois membres sont revenus pour un premier rappel : un accord, merci bonsoir !  Les fans en redemandent. Ils reviennent : encore un seul accord, merci bonsoir !  Le public chante à tue-tête le nom du groupe, et celui-ci rapplique cette fois avec l’incontournable I Was Born (A Unicorn). Et voilà qui concluait un spectacle de tout juste 60 minutes. Difficile d’en faire plus avec un seul album sous la cravate (et une reprise de Daniel Johnston, Rocket Ship, dans la manche).

Pour ceux qui ne seront pas tombés dans le piège des attentes démesurées, le petit happening du Métropolis aura été plutôt satisfaisant. Pas parfaite, parfois même brouillon, mais fort sympathique et savoureusement nostalgique.

Et pour le reste ?  Pour le reste, on verra….

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