Nick Cave

POP Montréal 2019 – Jour 3 | Nick Cave à l’Église St-Jean-Baptiste : Musique et conversation avec le génie ténébreux

Dans la foulée du succès de son projet « The Red Hand Files », où il répond aux questions que lui adressent ses fans en ligne, Nick Cave a décidé de s’ouvrir encore plus à ses admirateurs en proposant une tournée de spectacles « musique et conversation ». Ladite tournée s’arrêtait à Montréal vendredi soir, alors que l’artiste se prêtait au jeu d’une longue mais fascinante rencontre de trois heures avec ses fans, avec pour seul support un piano à queue installé au milieu de la scène de la somptueuse église St-Jean-Baptiste.

Il n’y a pas des tonnes d’artistes qu’on aimerait voir en Q&A, soyons francs. Surtout pas assis sur un banc d’église pendant trois heures.

Mais Nick Cave n’est pas n’importe quel artiste. C’est un gourou, un philosophe, un poète hors-pair, un homme d’une grande intériorité et d’une spiritualité fascinante, qui a vieilli comme un bon vin (excusez le cliché!). Il en a vécu des choses, en a partagé des grandes réflexions, en a écrit des chansons magnifiques.

L’exercice de vendredi soir permettait d’entrer encore plus en profondeur dans l’univers de ce grand manitou, qui répondait avec une ouverture totale à toutes les questions, une vingtaine en tout. Que ce soit au sujet de la vie, de la mort, du deuil, de ses chansons, d’une rumeur à l’effet qu’il ait évité de mettre les pieds en Colombie-Britannique après qu’un fan lui ait lancé un soulier, ou des albums, livres et films qu’il apporterait sur une île déserte, Nick Cave partageait le fond de sa pensée en tout respect des gens qui osaient lever la main pour s’adresser à lui, sans aucune retenue et avec son éloquence légendaire.

On a pu en apprendre davantage au sujet de son processus de création, ce qui est toujours intéressant. De son deuil à la suite du décès tragique de son fils Arthur il y a quatre ans aussi.

La phrase sans doute la plus marquante de la soirée est venue en toute fin de soirée, lorsque questionné à savoir s’il était un artiste de mémoire ou de transgression. Réfléchissant à voix haute, il s’est plutôt invité une troisième catégorie : un artiste d’aspiration (« yearning» ), qui a dédié sa vie à ce qu’il ne parvient pas à comprendre. Hautement pertinent.

Évidemment, il n’y avait pas que les questions et les réponses, même si celles-ci ont occupé environ les deux tiers de la soirée. La musique était aussi au coeur de l’événement, avec des magnifiques versions piano-voix de certaines de ses meilleures chansons comme Jubilee StreetThe Ship SongThe Mercy Seat ou encore God Is In the House, de circonstance dans un endroit comme l’église St-Jean-Baptiste. Il nous a également partagé des reprises d’Avalanche de Leonard Cohen (Montréal oblige) et  Devil Town de feu Daniel Johnston (qu’il a cité comme un auteur-compositeur hautement sous-estimé), en plus de se prononcer en faveur de cette surprenante reprise de sa propre chanson, Red Right Hand, par un certain Snoop Dogg.

 

Au final, on préférera toujours un concert en bonne et due forme de Nick Cave et de ses implacables Bad Seeds, mais après toutes ces années, il fait bon constater que Nick Cave tente des expériences de la sorte, qu’il partage sa sagesse et sa grande pertinence avec le coeur ouvert gros comme ça.

On le prend comme il vient, peu importe la formule. On passe toujours une belle soirée avec Nick Cave.

 

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