Festival Pouzza Fest

Pouzza Fest 2018 | Poutine et mosh pit dans la convivialité

La huitième édition du Pouzza Fest s’est terminée il y a deux jours, mais les courbatures causées par les thrashs ainsi que la surconsommation de poutine et de pizza se font encore sentir dans le corps de bon nombre de festivaliers. Quelques moments marquants de cette fin de semaine punkrockesque.

 

WAR ON WOMEN

Les programmations précédentes du Pouzza mettaient déjà en valeur les musiciennes. Cette année, la place des femmes dans l’industrie musicale a fait l’objet d’une table ronde. Le hall du Club Soda était bondé pour cette rencontre réunissant la cofondatrice, Hélène McKoy, et plusieurs invitées, dont Shawna Potter.

La chanteuse du groupe punk hardcore féministe War on Women donnait le soir même une prestation remarquable au Jardin des bières. Ironiquement posée en diva, Shawna Potter s’amuse sur scène, au grand plaisir du public et des photographes rassemblés en avant. Dansante et parfois théâtrale dans ses mouvements, elle chante, crie, revendique sans être agressive. Le spectacle s’est terminé par un duo avec Chris #2 d’Anti-Flag, qui succéderont avec leurs attendus Fuck Police Brutality, Drink Drank Drunk, This Is The End (For You My Friend) et autres succès à gueuler le poing en l’air, coincé dans un mosh pit gigantesque.

THE CREEPSHOW

Le psychobilly des Ontariens The Creepshow n’a pas chassé la pluie, mais l’a fait oublié aux nombreux festivaliers vêtus de ponchos de plastique ou de sacs de vidanges en guise d’imperméable. Comme à son habitude, la chanteuse, Kenda Legaspi, est descendue se promener dans le public et, d’une témérité contrôlée, s’est juchée sur un des amplis.

À la toute dernière chanson, pour un second bain de foule, elle a même pris un enfant dans ses bras pour l’asseoir sur scène.

REEL BIG FISH

L’énergie débordante de Creepshow n’avait d’égal que celle de la foule pour Reel Big Fish. Entre deux averses, les danseurs de ska exécutaient leurs pas dans un pit bordélique, particulièrement durant Beer et Take On Me. Les musiciens, dans leurs habits colorés, ont donné un spectacle tout aussi haut en couleur. Après les I Want Your Girlfriend To Be My Girlfriend Too et autres She Has A Girlfriend Now, le groupe a repris des extraits des chansons marquantes les années 90, dont Smell Like Teen Spirit, en les annonçant comme leurs propres compositions puis en avouant leur blague-mensonge. Le groupe a également joué une même chanson en différents styles où le public était invité à sauter, à headbanger, à former un circle pit ou encore à mener une danse carrée telle de fiers Texans.

LES COSTAUDS

Encore une fois cette année, un barbecue sur la terrasse des Katacombes avait lieu ainsi qu’une séance de yoga et de méditation à l’extérieur, un cabaret humoristique, et le Pouzza Bambino. Dans cette aire de jeux gonflables où des Ninja Turtles se dandinaient et donnaient des high fives, le groupe Les Costauds jouaient leur reprise de Goldorak, la chanson de Pac-Man et le générique du Club Dorothée devant une quarantaine de poussettes. Les petits punks collationnaient et s’amusaient avec leur ballon tandis que les grands punks réécoutaient les classiques de leur propre enfance.

BRUTAL YOUTH

Des habitués du festival : les Torontois Brutal Youth. Quiconque ne les a jamais vus en spectacle sera conquis par l’énergie du groupe, enragée et engagée, puis restera surpris par la volonté du chanteur de se frapper le front avec son micro. Le sang coulant abondamment sur son visage. S’il porte atteinte à sa propre intégrité physique au nom du punk, le chanteur porte attention au bien-être de son public, particulièrement lorsqu’un stage diveur a terminé son envol par une violente chute sur le sol.


BARN BURNER

Plusieurs spectacles-réunions étaient organisés dans le cadre du Pouzza. Aux Foufounes électriques, les amateurs de punk local ont pu revoir Brixton Robbers, séparé depuis 2012. Les plus métaleux ont profité de l’unique spectacle de Barn Burner. Si leur musique martèle sans pause le public, le groupe ponctue leur présence scénique d’une tendresse spontanée. Léger baiser du bassiste sur la bouche du chanteur, accolades. Le chanteur a niché sa tête dans le creux de l’épaule du guitariste entre deux solos.

CANCER BATS

Les punks hardcore de Cancer Bats célébraient les dix ans de leur album Hail Destroyer, en plus de clôturer les festivités. Lorsque le chanteur, Liam Cormier, ne s’époumonait pas, suintant et plié en deux, il s’adressait autant en français qu’en anglais à son public. Un joyeux chaos régnait au parterre et leur reprise de Sabotage des Beastie Boys n’a qu’accentué cette atmosphère.

Au soleil, sous la pluie ou à l’abri dans l’une des six salles, les amateurs de punks ont fourmillé dans le centre-ville confirmant que le Pouzza est un incontournable de la métropole, un événement où le défoulement des danses violentes et les chansons aux paroles parfois hargneuses parfois revendicatrices riment avec plaisir et camaraderie.

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