Charles Richard-hamelin

Récital tout Chopin de Charles Richard-Hamelin à l’Outremont | Un régal !

Les 700 mélomanes sortant de la salle principale du Théâtre Outremont semblaient flotter sur un nuage, tellement le Récital tout Chopin du jeune prodige québécois Charles Richard-Hamelin les avait séduits. Et pour cause…

L’effet est similaire partout où le pianiste de 27 ans se produit, ici et à l’étranger, avec sur le bout des doigts son compositeur de prédilection Frédéric Chopin. Lauréat en 2015 de la médaille d’argent au Concours international de piano à Varsovie, avec déjà dans ses bagages le prestigieux Prix d’Europe 2011, Charles Richard-Hamelin, originaire de Lanaudière, est le fier successeur des pianistes québécois de haut calibre, tel Louis Lortie, Alain Lefèvre ou André Laplante (auprès de qui il a étudié).

Richard-Hamelin s’est amené sur la scène de l’Outremont sans la démarche victorieuse que lui auraient pourtant assuré les quatre concerts à guichets fermés donnés à la Salle Bourgie en septembre dernier. Prenant tout son temps pour ajuster son banc, il s’est lancé comme du haut d’un tremplin de 300 mètres en entamant sur son impérial piano Yamaha une Nocturne, suivie d’une Ballade, de la Polonaise-Fantaisie, et de l’Introduction et Rondo en mi bémol majeur.

Sans partitions, donc sans tourneuse de pages, il est chaudement applaudi entre chaque pièce qu’il rend avec une dextérité pianistique frisant la perfection. De la douce pluie fine d’été à l’emportement vigoureux, de la dentelle à la bourrasque, entre lenteur et langueur, la musique de Chopin enivre l’assistance. Comment le pianiste fait-il pour connaître par cœur chaque note, et le traitement ou respiration musicale à donner à chacune, pour que l’œuvre apparaisse enfin dans sa plénitude intangible?

Au retour de l’entracte, vêtu du même complet sombre et chemise noire, il répétera son maniérisme d’ajustement du banc de piano, en gardant tout près de lui le mouchoir de poche avec lequel il s’épongera souvent le visage en se tournant vers le rideau en fond de scène. Trois mazurkas suivront, puis les quatre mouvements de la Sonata no. 3 en si mineur, le tout avec une technique et une musicalité hautement maîtrisées. Que de bonheur!

Triplement diplômé (Université McGill, Yale School of Music, et Conservatoire de musique de Montréal), Richard-Hamelin continue de se perfectionner actuellement avec le pianiste Jean Saulnier.

Son premier disque solo, sous étiquette Analekta, offre la fameuse Sonata no. 3 (la pièce qui lui a valu son prix à Varsovie), alors que son tout récent deuxième album, enregistré en concert au Palais Montcalm de Québec, présente en plus de Chopin des œuvres de Beethoven et d’Enescu.

Enfin, il faut souligner l’étonnante acoustique du Théâtre Outremont qui n’est pourtant pas une salle de concert. Les pianissimos les plus sensibles comme les fortissimos les plus vigoureux de Chopin sont rendus par Charles Richard-Hamelin avec ce qui s’appelle du grand art.

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