Marie Davidson

Red Bull Music Festival 2019 – Jour 1 | Marie Davidson et sa propre recette

Cette année, le Red Bull Music Festival a choisi de mettre de l’avant certains artistes de l’underground montréalais en leur donnant les moyens de monter des soirées uniques où ils pouvaient se faire plaisir. Vendredi, dans le cadre de sa soirée « Save the Last Dance for Me », Marie Davidson jouait à la SAT le dernier concert d’une tournée estivale qui l’a amené aux quatre coins de l’Europe.


Marie Davidson, la curatrice

La soirée à la SAT nous a permis de mieux saisir l’univers de l’artiste de l’électro Marie Davidson. Pour cette soirée, elle faisait aussi figure de curatrice, invitée à proposer son line-up de rêve… À cause du changement de salle et d’horaire à quelques jours d’avis, nous sommes arrivés un peu tard, à temps pour attraper les deux derniers artistes jouant dans la salle principale. Ceux-ci nous ayant saisi dès notre arrivée, nous en avons négligé d’aller voir ce qui se passait dans la Satosphère, où on promettait une ambiance plus tranquille, coussins disposés sur le sol à l’appui…

Seule montréalaise ayant eu la chance de profiter des générosités de la multinationale allemande lorsqu’elle a établi temporairement sa Red Bull Music Academy à Montréal en 2016, Marie Davidson offre sur scène une électro très contagieuse, sans agressivité. Difficile de résister à sa coldwave, fortement influencée par les belles années du disco italien. Plusieurs pièces de son très bon dernier album Working Class Woman (entre autres : Workaholic Paranoid Bitch, Lara, Work It) ont ponctué son set.

 

Marie Davidson, la maître

L’artiste montréalaise, qui promet un changement de style assez drastique pour son prochain album, impressionne par sa maitrise de ses machines et de la scène, ce qui lui permet de s’éloigner de la recette traditionnelle. Elle réussit à faire lever la piste de danse de façon organique, sans avoir recours à des breaks bâillant tapissés de longues montées convenues qui se couronnent d’un drop, efficace simplement parce que la section rythmique revient en force.

Plusieurs fois durant son set, on est saisi par sa façon de faire doucement naitre la danse alors qu’on se croit entre deux pièces. Après quelques minutes, on réalise que le pas de danse est désormais ancré bien profondément et qu’on se trouve dans une structure de sons synthétiques envoutante et originale. Marie Davidson sait donc apporter ses rythmes avec subtilités, au point où l’une de ses pièces réussit à doucement faire lever la piste de danse sans même utiliser de grosse caisse, ce qui est un exploit en soi, misant plutôt sur les sons acidulés plutôt rétro et l’ajout progressif de nouvelles couches sonores.

Si la qualité du son dans la salle était à souligner, c’est par contre moins réussi quand elle prend le micro, car son timbre de voix, plus parlé que chanté, est généralement en compétition avec le fort contenu en basses fréquences de sa musique, nous amenant un peu trop dans la zone de l’annonceur de bingo qui parlerait par-dessus une trame sonore bien compressée. Mais son (charmant) accent québécois, bien assumé lorsqu’elle parle/chante en anglais, son entrain sur scène et son charisme réussissent facilement à nous faire oublier cette image. Surtout, elle sait bien doser et ici, c’est en étant fidèle à la recette qu’elle réussit : elle attire l’attention vers sa voix et sa personne de façon assez sporadique durant sa performance pour laisser la vedette aux effets visuels et surtout à la piste de danse, ce que trop d’artistes de musique plus club ont tendance à oublier de nos jours.

Fin de soirée plus fade…

La performance suivante, celle du duo Depth Charge, a bien fini la soirée, qui s’est étirée un peu au-delà des heures normales pour une salle montréalaise. Set bien huilé, très efficace, mais le charisme et l’originalité de l’artiste montréalaise nous manquaient. On nous a d’ailleurs servi en fin de parcours une énième citation de Blue Monday…

Manque d’originalité ou désir de plaire à la foule? Après les épices gastronomiques proposées par Marie Davidson, cette fin de soirée nous a semblé un peu monochrome, comme si on ne nous servait que du sel. Du sel rose de l’Himalaya, peut-être, mais du sel quand même, et juste du sel. C’est dommage, car les 45 minutes précédentes offertes par le duo avaient été fort intéressantes sur la piste de danse.

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