La St-Jean des humoristes

Retour sur la St-Jean des humoristes avec Martin Petit, Mike Ward, Sylvain Larocque, François Bellefeuille et plus!

Dimanche 24 juin 2012 – Club Soda (Montréal)

Pendant que plusieurs dizaines de milliers de Québécois étaient réunis au Parc Maisonneuve pour le grand show gratuit de la Fête Nationale animé par Guy A. Lepage, quelques centaines de spectateurs ont préféré débourser pour assister à la deuxième St-Jean des humoristes qui se tenait simultanément au Club Soda et à l’Étoile Banque Nationale, à Brossard. Sors-tu.ca a assisté au show du Club Soda, coanimé par Martin Petit et Etienne Dano.

La soirée était présentée comme un « spectacle-party » et c’est bien ce à quoi ont eu droit les gens réunis pour l’occasion.

L’ambiance était à la fête dans le Club Soda en mode cabaret, mais le public était tout de même attentif pour ce menu varié. Suivant la même formule que les Galas Juste pour rire, on passait de numéros d’humoristes établis comme Mike Ward et Dominic & Martin à de jeunes découvertes avec qui nous avions l’occasion de faire connaissance, notamment Simon Gouache, Sébastien Ouellet et Fred Dubé.

 

Les meilleurs numéros: Sylvain Larocque et François Bellefeuille

Directement tiré de son one-man show Vu d’même, Sylvain Larocque a probablement offert le numéro le plus « politisé » de la soirée: son excellent « programme électoral » du Parti Indécis du Québec (le PIQ), un parti « d’extrême centre »!  Avec l’humour intelligent et efficace qu’on lui connait, Sylvain Larocque a su faire rire de bon coeur toute la salle avec sa critique de la mollesse québécoise en matière de politique, parsemé de jeux de mots habiles mais à la portée de tous.

Maxim Martin n’y est pas allé de main morte non plus, avec un numéro incisif dénonçant à la fois notre « sens tordu du pardon » (avec pour exemple le cas du docteur Turcotte) et notre indifférence face aux nombreux scandales qui ont éclaboussé notre gouvernement. Martin est certes l’un des rares humoristes au Québec à afficher clairement ses opinions tranchantes et les défendre avec véhémence tout en utilisant les absurdités de ce qu’il dénonce pour susciter le rire.

Le numéro le plus chaudement ovationné de la soirée revient à François Bellefeuille, la Découverte de l’année au dernier Gala Les Olivier. Fidèle à son style biscornu (qui n’a rien à avoir avec l’approche de Sylvain Larocque et Maxim Martin), l’ancien vétérinaire à la tête hirsute explique à son petit voisin que les bébés ne viennent pas des cigognes (un « mensonge pour éviter qu’on les mange »!) et se retrouve en deux temps trois mouvements dans une montée de lait à propos du changement de statut de la tomate, de légume à fruit. Du coq-à-l’âne spectaculaire!

À la fois absurdes et cohérents, les textes de François Bellefeuille sont un parfait mélange entre l’aplomb et la brusquerie de Jean-François Mercier et l’originalité des observations du quotidien de Jean-Thomas Jobin. Son petit côté gamin, combiné à ses emportements sur des sujets pourtant banaux, lui confèrent une sympathie immédiate avec le public. Son interprétation sur scène gagne en assurance d’une présence à l’autre et il semble désormais en plein contrôle de son univers.

 

 

Les valeurs sures et les découvertes

Évidemment, Mike Ward a conclut la soirée avec une dizaine de minutes d’humour savoureusement déplacé!  Outre quelques « jokes de cul » – incontournables quand Mike Ward se trouve sur scène – ses blagues sur son adoption d’un petit noir à Vision Mondiale décoiffaient!

De leur côté, Dominic & Martin ont offert ce qu’ils font de mieux: une ligne, un punch, en duo parfaitement coordonné. Contenu un peu convenu, mais livré avec le sens du rythme qu’on leur connaît.

Du côté des découvertes, la foule a semblé apprécié le petit tour de chant des Nanas Coustiques, trois jeunes dames qui proposent de la chanson humoristique légèrement vulgaire sans être obscène.

Parlant de musique, Stéphane Poirier, qui donnait le coup d’envoi de la soirée, a bien réussi son coup en tentant une expérience un peu casse-gueule: chanter des textes de classiques québécois sur des mélodies des Beatles.

L’excentrique Fred Dubé, lui, a semblé confondre la foule avec un étrange mélange d’humour absurde et de contenu engagé. Son « poème » intitulé « Si j’avais la tête à Charest » déplairait sans doute aux détracteurs de Mise en demeure… Vous voyez le genre. Un style qui n’est pas sans charme mais qui mériterait d’être peaufiné.

On ne peut pas en dire autant de Philippe Laprise, qui pourrait faire rire avec n’importe quel sujet, on dirait. Hier soir, il est parvenu à faire d’une anecdote en apparence sans intérêt – le « gros » qui ne peut résister à l’appel d’un cheeseburger double du McDo – un délire boulimique complètement éclaté et hilarant.

Avec un tel menu, il ne fallait pas grand chose pour que la St-Jean des humoristes gagne son pari. Il suffisait de trouver le bon ton pour passer quelques messages, brasser la cage légèrement tout en conservant un air de fête. Avec l’animation adéquate de Martin Petit et Etienne Dano et une telle variété de numéros, c’était fort réussi… pour un prix bien en-deça des Galas Juste pour rire.

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