Rick Astley – 50 (***) | Un retour sur disque passable, malgré les nombreuses références religieuses

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Rick Astley a peut-être pris « officiellement » sa retraite du monde de la musique en 1993, mais semble-t-il qu’il lui reste encore des choses à dire. Depuis qu’il s’est retiré, il a effectué un retour sur disque en 2001, a lancé un album de reprises en 2005, est devenu un phénomène viral avec le « rickrolling » et aujourd’hui, il propose un tout nouveau disque de compositions originales, simplement intitulé 50.

De prime abord, il semble étrange d’écouter du Rick Astley en 2016. De nombreux adultes dans la vingtaine n’étaient pas encore nés lorsque le chanteur britannique est devenu une vedette planétaire avec Never Gonna Give You Up et Together Forever en 1987. Alors, qu’a-t-il à offrir au public d’aujourd’hui ?

Cette critique aurait été très différente si nous nous en étions tenus qu’à une seule écoute. L’album a tout d’abord laissé une très mauvaise impression. De la pop religieuse ? Vraiment ? Car oui, les textes sont bourrés de références à Dieu, au point de se demander si Astley n’est pas devenu un « born-again Christian ». Après vérification, ce n’est pas le cas.

Angels On My Side est une pièce pop extrêmement entraînante qui reste longtemps dans la tête, qu’on l’aime ou non. Si on a l’impression d’entendre le chanteur parler littéralement d’anges, selon des entrevues en ligne qu’il a accordées il s’agirait plutôt de ses « anges » à lui, c’est-à-dire sa femme et sa fille, ce qui rend soudainement la chanson plus sympathique.

Accompagné de chœurs féminins, Astley nous entraine dans une pop aux accents gospel, et c’est ce style qui définit l’ensemble de l’album. C’est de la soul un peu banale, qui tente d’être au goût du jour sans vraiment y parvenir, mais qui est parfaite pour écouter au gym ou sur les sentiers de course.

Bien entendu, pour l’apprécier il faut savoir faire fi des textes qui traitent de saints (Coming Home Tonight), de la danse comme moyen d’affronter le diable (Dance, dans laquelle des arbres se transforment également en anges…), ou de la façon dont le chant (… « Praising to the heavens with my voice ringing… ») a sauvé Astley de bien des malheurs au cours de sa vie (Keep Singing).

Père spirituel de Sam Smith et d’Adele, et s’inspirant de cette dernière pour intituler son album, Rick Astley a tout de même su concocter un ensemble de chansons qui, au bout d’écoutes répétées, s’avèrent plus intéressantes qu’à la première impression.

Le chanteur a apparemment joué de tous les instruments que l’on entend sur le disque, celui-ci ayant été enregistré dans le studio personnel d’Astley.

Le cinquantenaire a fait un excellent travail au niveau instrumental et vocal, sa voix tenant le coup après toutes ces années (quoique légèrement plus nasillarde qu’auparavant).

Définitivement, la soul et le gospel lui vont à merveille (après ses succès pop des années 80, il avait d’ailleurs opté pour la soul dans ses albums de 1991 et 1993).

Notons particulièrement la jolie ballade Let It Be Tonight, qui aurait tout d’un futur classique si Astley ne l’avait pas gâchée avec un passage récité au milieu de la chanson, sur lequel il utilise Auto-Tune ou un autre logiciel du genre. Cela donne l’impression qu’il a entendu un album de Kanye West et a voulu jouer avec les mêmes jouets que le rappeur, sans savoir bien les utiliser.

Une autre pièce gospel, qui n’est pas gâchée cette fois-ci, est Let it Rain. On peut y voir encore une image religieuse (celle du baptême, avec un peu d’imagination), mais la pièce est somme toute très agréable, sans toutefois rien révolutionner.

Et cette dernière phrase pourrait résumer l’album : une œuvre proprette, gentille, bourrée de bons sentiments dégoulinants (et un peu trop de références religieuses !!), qui ne bouscule rien, et qui n’est, dans le fond, qu’une célébration de la vie et de la famille par un cinquantenaire qui apprécie son existence.

À la première écoute, ce disque se serait mérité une note beaucoup plus basse, mais tout au long des écoutes répétées, force a été d’admettre que plusieurs airs sont accrocheurs, et on se surprend à fredonner ces chansons en nettoyant la vaisselle ou à plusieurs autres moments de la journée.

Et comme retour sur disque, il existe pire. Rick Astley n’inspirera probablement les jeunes générations à se précipiter sur son album, car le chanteur n’a rien de vraiment pertinent à proposer aux jeunes, mais ses anciens amateurs seront heureux de le retrouver heureux, paisible et plus mature.

 

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