L'Avare

Saison 2016-2017 au Théâtre Denise-Pelletier | Claude Poissant présente les 13 productions

«Quand on me demande quel est le thème de la saison, je réponds qu’il n’y en a pas. Ce sont des choix de spectacles, un à la fois, selon mes désirs de voir présentées ces œuvres-là. Il y a plein de thèmes qui s’entrecroisent», déclare Claude Poissant, directeur artistique du Théâtre Denise-Pelletier, en entrevue avec Sors-tu? au lendemain de l’annonce de la programmation 2016-17 du TDP. Pas moins de treize spectacles seront présentés dans ses deux salles.

Commençons par la grande Salle Denise-Pelletier, qui devrait être rebaptisée Salle Gilles-Pelletier, du nom du cofondateur de la Nouvelle Compagnie Théâtrale d’origine. En plus d’honorer Gilles Pelletier de son vivant, le changement éviterait la situation actuelle où l’on se retrouve avec la Salle Denise-Pelletier du Théâtre Denise-Pelletier.

La saison prochaine s’ouvrira avec Le Timide à la cour, de Tirso de Molina, cet auteur phare du Siècle d’or espagnol qui a été à l’origine du mythe de Don Juan, comme le fut Cervantes pour Don Quichotte. C’est Alexandre Fecteau qui signera la mise en scène de cette pièce méconnue, une comédie d’intrigue et de surprenants retournements écrite en 1611, que le collectif de la Banquette arrière, pour son premier classique en 15 ans d’existence, a choisi de ramener dans l’actualité.

Photo par Jean-François-Brière.

Claude Poissant. Photo par Jean-François-Brière.

«Alexandre Fecteau, dit Claude Poissant, a monté Les Fées ont soif à Québec l’année dernière. Ils ont gagné un prix avec ça, même si Denise Boucher n’a pas aimé leur version, mais c’est une autre histoire. Je lui ai demandé de rencontrer la Banquette et ça a cliqué. La Banquette arrière, c’est une classe de dix finissants qui ont toujours continué de travailler ensemble, ce qui est rare.»

Renaud Lacelle-Bourdon jouera Le Timide, alors que les prétendantes, Magdalena et Séraphina, seront défendues par Sophie Cadieux et Rose-Maïté Erkoreka (qui jouait la femme de Louis Cyr au cinéma).

 

1984 d’Orwell

Suivra le très attendu 1984 de George Orwell début novembre, dans la version récente des deux auteurs britanniques Robert Icke et Duncan Macmillan, qui vient de connaître beaucoup de succès à Londres. «Quand je suis arrivé à Denise-Pelletier, il y a trois metteurs en scène qui m’ont proposé 1984, raconte Claude Poissant. Avec Anne-Marie Olivier du Trident qui coproduit, nous avons choisi Édith Patenaude parce que c’est sa proposition qui nous intéressait le plus. Sachant ensuite que Guillaume Corbeil est un fan fini de l’œuvre de George Orwell, nous lui avons demandé de traduire cette nouvelle version, en connivence avec la metteure en scène.

«Ça vient d’être joué à Québec. Il y a, entre autre, un travail remarquable par Eliot Laprise de caméra live jusque dans les coulisses, en écho à ce Big Brother qui voit tout.» Le toujours excellent Maxim Gaudette jouera le rôle principal de Winston Smith au suffocant ministère de la Vérité, alors qu’Alexis Martin sera lui, le terrifiant Big Brother avec sa Police de la Pensée.

TDP 16-17 - assoifesEn février 2017, viendra Assoiffés de Wajdi Mouawad, une production du Théâtre Le Clou créée il y a 10 ans et jouée ensuite près de 250 fois au Canada et un peu partout en Europe. Un texte onirique sur le mystère de nos désirs intimes.

«Je trouvais important que Le Clou soit sur le grand plateau, pour une fois, eux dont le bagage théâtral s’adresse surtout à l’adolescence. Assoiffés, c’est le hurlement de l’adolescence d’un nouveau millénaire! Mais en même temps, c’est une pièce tout public.»

Benoît Vermeulen, qui a collaboré au texte, reprendra essentiellement la même mise en scène, mais avec une distribution complètement renouvelée. Philippe Thibault-Denis, un jeune comédien pour qui la chance répond à son talent naturel  en se démarquant en audition, sera du nombre, de même que Rachel Graton. «J’ai travaillé avec elle sur On ne badine pas avec l’amour et sur Marie Tudor. J’aime beaucoup cette comédienne pour sa fraîcheur, mais aussi pour la souffrance qui se retrouve dans sa candeur. Je suis très content de ce duo.»

 

Molière par Poissant

TDP 16-17 - avarePuis, avec L’Avare en mars 2017, ce sera au tour de Claude Poissant lui-même de monter à la scène son tout premier Molière, auteur incontournable s’il en est, et qui s’est fait rare au TDP ces dernières années. «J’en avais très envie, dit Poissant, L’Avare est le premier Molière que j’ai lu et qui m’a donné le goût des classiques. Ce qui tourne autour de l’argent reste toujours pertinent. Ce sera mon Panama Papers, dit-il en riant. Mais, je veux avoir la liberté de ne pas savoir encore ce que ça va donner.» C’est Jean-François Casabonne qui sera Harpagon, avec sa convoitée cassette, et Sylvie Drapeau sera l’intrigante Frosine. Autour d’eux, une nouvelle génération d’acteurs que Poissant débusque en allant voir le travail des finissants des écoles, comme pour Laetitia Isambert qui n’est même pas encore sortie du Conservatoire.

Enfin, pas moins de neuf productions prendront place dans la petite Salle Fred-Barry qui constitue un deuxième théâtre à part entière.


À surveiller

Abîmés
Quatre courtes pièces de Samuel Beckett, qui font partie des dramaticules de ce grand auteur traitant d’isolement et d’enfermement. La mise en scène et la scénographie seront signées par Catherine Bourgeois dont la compagnie, Joe Jack et John, a la particularité d’intégrer des acteurs ayant une déficience intellectuelle, comme c’est le cas pour Gabrielle Manon-Rivard que le cinéma a rendu célèbre.

L’Enfance de l’art – Doigts d’auteur de Marc Favreau

Adaptation libre de Nicolas Gendron et ses jeunes comparses d’ExLibris qui n’ont pas connu Sol et Gobelet à la télé. Nicolas Gendron, en plus du texte, jouera dans cette pièce qu’il mettra en scène. Ce sera une célébration de la langue toujours savoureuse du regretté père de Sol, inspirée de sketchs d’humour à peu près tous inconnus. «Une fête à la fois tendre et polissonne», peut-on lire dans le programme.

Enfin, l’auteure Nathalie Boisvert, qui enseigne l’écriture dramatique à l’École nationale, transporte Antigone au cœur du printemps érable qui a coûté le pouvoir à nos dirigeants de l’époque, avec Antigone au printemps. Mise en scène par Frédéric Sasseville-Painchaud, la pièce sera défendue par un trio d’acteurs, dont Léane Labrèche-Dor (la fille de Marc Labrèche) qui continue de s’affirmer de belle façon. «Avec d’un bord Antigone et son frère Polynice qui affrontent leur père, le tout-puissant roi Créon, et leur frère Étéocle de l’autre bord, c’est encore très troublant de lire ce texte», résume Poissant.

Et il ne faut pas oublier Les Zurbains du Théâtre Le Clou encore, qui en seront à leur vingtième édition. Un grand projet d’écriture adolescente auquel se joindra l’écrivaine d’origine vietnamienne que tout le monde aime, Kim Thuy, avec cinq comédiens mis en scène par Monique Gosselin.

Pour en revenir à la grande «Salle Gilles-Pelletier» qui a une capacité de 804 places, le directeur des lieux dit songer à rééquilibrer les publics. «On était à 72% de public étudiant l’année dernière. Vu l’intérêt accru du grand public, on vise maintenant et avec le temps du 60% – 40%. Moi, quand j’étais jeune, j’allais voir La maison de poupée d’Ibsen par la NCT au Gesù, et même si je ne comprenais pas tout, j’en sortais grandi. Je veux que le TDP devienne de plus en plus un théâtre pour tout public», conclue avec cette deuxième saison de son cru le directeur artistique, Claude Poissant.

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