Philippe Lemieux

Salut 2018! | Entrevue avec Philippe Lemieux : « Dès que j’ai trouvé un angle, je n’ai pas le choix d’aller au bout de l’idée »

Dans une société rythmée par le politiquement correct, « Salut 2018 ! – La revue de l’année » offre un moment de répit par son humour désopilant mais tranchant au sujet de l’actualité écoulée. Jouée jusqu’à la fin du mois de décembre sur les planches de divers théâtres québécois, la pièce n’hésite pas à écorcher ces personnalités qui ont donné du fil à retordre aux journalistes. On discute des coulisses du spectacle avec celui qui en écrit le script, le comédien Philippe Lemieux.

Produit par Les 2 colons d’Amérique, Salut 2018! s’annonce d’emblée comme un rendez-vous caustique selon son auteur. Dans la tradition des « Bye Bye », la fameuse revue humoristique diffusée chaque année depuis 1968 à la télé de Radio-Canada, Philippe Lemieux rend apolitique son spectacle qui ne s’apparente pas à un pamphlet. « On ne peux pas sortir de là en se disant : « Oh, regardez la bande de gauchistes, là ». J’essaie d’être le plus objectif possible, d’impliquer tout le monde pour que ce ne soit pas du militantisme politique, mais plutôt une revue de presse », souligne le comédien au téléphone.

Aucun militantisme donc pour le sympathique auteur qui travaille minutieusement sur sa pièce annuelle, et ce depuis près de douze ans. « Ou disons cinq, plus sérieusement », rectifie-t-il lui-même, avant de nous présenter un aspect de la nouvelle monture du spectacle qui fait suite à un remaniement d’équipe en 2017. « Le noyau qui est resté gravite autour de nouvelles personnes, des gens avec qui on avait le goût de collaborer », nous confie le comédien, qui se réjouit à l’évidence de voir à l’oeuvre des nouvelles pousses.

On s’est gâté cette année en allant chercher des personnes avec qui on avait envie de travailler depuis longtemps, comme par exemple Guillaume Borys. Ce sont des jeunes qui ont une belle carrière devant eux… parce que moi, je suis rendu dans la trentaine, donc je ne peux plus me considérer comme un jeune (rires).

Du music-hall dans la partie

Dans son spectacle, Philippe Lemieux consacre près de la moitié de son contenu à des séquences de type music-hall. On y découvre des reprises en hommage à des artistes disparus tels que Charles Aznavour et Carmen Campagne, mais aussi des chansons originales sur Gaétan Barrette ou encore Justin Trudeau. L’auteur s’organise dès lors à l’année pour arriver en confiance au mois de septembre, soutenu par un contenu déjà bien ficelé. «  L’été, je dois essayer d’écrire des numéros musicaux plus importants avec l’actualité de janvier à juin. Puis ensuite, c’est une course contre la montre avec des mois infernaux. Ça va vite. » Difficile dans ces conditions de travailler lorsque l’actualité est toujours plus immédiate et éphémère. Cependant, Philippe Lemieux et son équipe trouvent toujours un moyen d’être réactifs.

On saute dans les sketchs un peu à la dernière minute. Hier encore [ndlr: la veille de l’entrevue téléphonique], on ajoutait des blagues de gilets jaunes. Justement, c’est le fun de pouvoir être souple et s’adapter à l’actualité. Ce qui est intéressant pour le public, c’est de se dire ensuite « Wow, c’est arrivé hier et là c’est dans le show ! ».

Un spectacle caustique et apolitique

Salut 2018! se veut ainsi être un spectacle mordant et humoristique. Comédien dans l’âme, Philippe Lemieux ne manquera toutefois pas l’occasion de souligner un thème contraignant, celui du politiquement correct qui s’affirme toujours plus. À l’heure d’une remise en question du principe de liberté d’expression, c’est parfois l’authenticité qui doit primer selon l’auteur. « Quand j’arrive devant ma table de travail, je dois faire des choix et dès que j’ai trouvé un angle, je n’ai pas le choix d’aller au bout de l’idée. Je ne peux pas trop nuancer, sinon ça va faire perdre l’esprit comique ».

Néanmoins, loin de lui l’idée d’imaginer un spectacle qui crée des scandales et des controverses inutiles puisqu’il se positionne derrière le fameux plan du « thèse/antithèse/synthèse ». Un exercice de style qu’affectionne particulièrement Philippe Lemieux puisqu’il permet de désamorcer des crises éventuelles tout en rendant l’expérience la plus complète possible. Celui qui interprète plutôt des personnages génériques voit ainsi ce rendez-vous comme « un show grand public, un beau spectacle à voir, et plus on approche de la fin de l’année, plus les gens sont réceptifs à ce genre de matériel là ».

Un rendez-vous à ne pas manquer en décembre pour toutes celles et ceux qui veulent retrouver les personnalités qui ont fait 2018, parodiés comme il se doit. Les billets sont disponibles pour les représentations au Café Campus (20, 21 et 28 décembre, en vente ici), à la salle Roland-Brunelle du Centre Culturel de Joliette (14 décembre, en vente ici), au Théâtre Petit Champlain (26 et 27 décembre, en vente ici) et au Théâtre du Vieux-Terrebonne (29 et 30 décembre, en vente ici).


Cet article a été rédigé en collaboration avec Les 2 colons d’Amérique

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