Satyricon

Satyricon au Théâtre Corona: « Le black metal est européen. Et Montréal est européen. »

Le groupe culte norvégien Satyricon faisait un arrêt à Montréal sur ce qui est censé être une dernière tournée en Amérique du Nord. Généreux, ils ont livré deux heures de concert, plutôt centré sur leurs derniers albums.

Le Théâtre Corona peine à se remplir en ce jeudi soir alors que Panzerfaust ouvre le bal. Les Canadiens utilisent intelligemment l’espace réduit en mettant le chanteur sur un podium derrière la batterie. Moine de l’ombre au visage caché, hurlant la noirceur du monde alors que les stroboscopes blancs nous détruisent les yeux. Le son est vraiment moyen et ne permet pas d’apprécier à leur juste valeur les excellents riffs, et le black metal pesant et atmosphérique de Panzerfaust sur des pièces comme The First Con Man, The First Fool. Dommage.

S’en suivent les habitués de Goatwhore, Pute Chèvre pour les intimes, dont le son sera aussi de qualité très médiocre, gâchant définitivement les premières parties ce soir. Le micro du chanteur est moins fort que celui du guitariste sur tout le début du concert. Mais les Américains bardés de clous sont bien rôdés. L’immense Ben arpente la scène allant chercher chaque fan du regard alors que Sammy envoie ses riffs de la mort comme Baring Teeth For Revolt ou Apocalyptic Havoc, qui déclencheront les premiers mosh-pits. Dommage encore, pas leur meilleure.

Place au plat principal !

La scène est dégagée pour faire place aux légendes norvégiennes. Si jamais tu n’aimais pas la pochette du dernier album, qui ne fait pas l’unanimité, et bien tu va l’avoir dans la gueule en immense fond de scène pendant deux heures.

Satyricon ouvre avec le récent Midnight Serpent et la foule exulte enfin. On entend finalement les guitares. Le black-metal très mid-tempo des Scandinaves prend toute sa dimension en concert, surtout sur les extraits des derniers albums, n’en déplaise aux puristes qui les délaissent depuis les années 2000. Repined Bastard Nation fait lever les poings alors que Satyr lève son pied de micro cornu dans les airs. Toujours classe, avec un look un peu trop propre pour du black metal, le chanteur mène le bal et va chercher le public, faisant chanter sur des pièces comme Now Diabolical ou Black Crow On A Tombstone. Sa voix est moins agressive et puissante avec les années, mais sa présence toujours remarquable.

Au fond à droite de la scène, l’impassible Frost martèle ses fûts, levant parfois ses yeux possédés. Le nouvel album est mis à l’honneur, et c’est définitivement To Your Brethren In The Dark qui ressort le mieux avec son riff mélodique et lancinant, qui vient lentement nous attraper aux trippes et nous traîner dans l’ombre en communion de headbang général. Satyricon nous propose quand même quelques vieux titres comme Walk The Path Of Sorrow, ou le splendide Mother North qui termine avant le rappel.

Les Norvégiens balancent un des meilleurs riffs black’n’roll de l’histoire avec Fuel For Hatred qui relance le mosh-pit. Dur de relever l’intensité après avec le plus lent The Pentagram Burns. Avant de conclure avec K.I.N.G, et que le groupe viennent saluer. L’occasion de voir de plus près l’étrange créature qu’est Frost, communiant avec la foule sans mots, juste en frappant la scène du pied, suivi par le public entier. Satyricon a peut-être perdu un peu de puissance et de noirceur avec les années, mais aura défendu la flamme du black métal norvégien jusqu’au bout de notre côté de l’Atlantique. Et jusque dans notre ville, bénie par Satyr : « Pour moi, le black metal reste européen. Et Montréal est européen. »

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