Gidon Kremer

Schubert et Schumann à l’OSM | Kremer en demie-teinte, Schubert en lumière

Pour le deuxième soir consécutif, l’OSM invitait jeudi le grand violoniste mondialement connu, Gidon Kremer, dans le Concerto pour violon de Schumann. La soirée proposait également du même compositeur l’ouverture de Manfred ainsi que la Symphonie n°9 de Schubert, dite « La grande ».

Pour la première pièce, Nagano a pris l’option d’une interprétation assez sage. La tension perpétuelle manquait cruellement de soutien dans les passages doux et on a eu beaucoup de mal à distinguer les cellules thématiques car l’équilibre orchestral n’était pas au meilleur de son traitement. Ainsi, les vents passaient souvent au dessus de la ligne mélodique des sections de violons tandis que les altos, violoncelles et contrebasses finissaient par se confondre dans une masse grave indéfinie.

Dans l’ensemble, on a regretté de ne pas voir de ligne conductrice dans les passages polyphoniques ou de travail sur la forme de la pièce qui manquait clairement de définition et de contrastes. La fin a semblé un peu plus travaillée cependant, apportant une petite touche lumineuse à cette pièce d’un naturel si sombre.

Le Concerto pour violon de Schumann nous laissa également perplexe. Gidon Kremer a été un excellent musicien et je voue moi-même une admiration sans-borne à ses enregistrements de jeunesse. Néanmoins, plusieurs problèmes furent marquants dans le concert d’hier soir : les soucis techniques ou de justesse pourraient être oubliés s’il n’y avait pas eu ce total manque d’investissement interprétatif. On le sent complètement dépassé par l’enjeu d’une telle oeuvre, qui est déjà très difficile à défendre à la base, tant les lignes sont sinueuses.

Quelques beaux moments, fragiles et délicats ont parsemé le concerto mais pas assez pour calmer notre frustration de voir un grand soliste autant sur le déclin. L’orchestre, probablement pris à la gorge, n’a pas réussi non plus à apporter un soutien pour nous convaincre et paraissait totalement démuni devant cette partition peut-être déroutante et obscure, mais ô combien magnifique.

Sauvé par Schubert

Mais heureusement, il y a eu la Symphonie n°9 de Schubert qui a terminé le concert d’une manière des plus grandioses. Nagano connaît la pièce sur le bout des doigts, et peut ainsi se permettre d’y apposer sa signature, d’emmener son orchestre où il veut. Cette symphonie se démarque de beaucoup d’autres pièces de Schubert, naturellement torturées et sombres. Ici, de part la tonalité de Do Majeur, on y entend l’espoir, et une certaine allégresse ne peut s’empêcher de poindre régulièrement.

Dès les premières notes, les contrastes entre les pupitres étaient bien mieux définis qu’en première partie, les différents caractères plus assumés, les timbres et thèmes dessinés de manière claire. L’énergie fut présente d’un bout à l’autre sans retomber mollement dans les passages d’abandon menant ainsi à un intérêt absolu pour le discours musical. L’orchestre semblait réellement avoir intégré cette pièce et prendre du plaisir à l’interpréter.

On sait à quel point il peut être facile de se perdre dans une si grande symphonique, longue d’une cinquantaine de minutes, mais ce ne fut clairement pas le cas hier où Nagano et son orchestre ont réussi à nous éblouir, nous prouvant qu’ils sont aussi capables de tenir tête aux plus grands orchestres internationaux.

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