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Semaine Heavy Montréal | Le métalleux insoupçonné en Mehdi Cayenne Club

En cette semaine de Heavy Montréal, on constate que le festival ne suscite pas seulement l’intérêt des grands dudes aux cheveux longs et aux fripes noirs. Tout âge, tout genre, il y a un « pouèle » caché en bien des gens, un passé teinté de nostalgie heavy métal ou une passion secrète pour la musique qui déménage. Tout au long de la semaine, Sors-tu.ca en déterre quelques-uns… ils sont partout, parmi nous : des métalleux insoupçonnés. Deuxième d’une série de quatre : Mehdi Cayenne Club.

Rejoint au téléphone à Rivière-du-Loup au beau milieu d’une tournée québécoise avec Dumas, Mehdi Hamdad nous envoie volontiers un égo-portrait en direct de la chaise du barbier. « Check-moé ça, la belle coupe de cheveux, Rivière-du-Loup style ! C’t’homme-là vient de sauver ma carrière ! »

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Mehdi Hamdad et Guy, le coiffeur de Rivière-du-Loup. (Cornes ajoutées sur Photoshop)

Mehdi Hamdad, alias Mehdi Cayenne Club, est ce qu’on pourrait appeler un « chansonnier rock’n’roll » : il maîtrise les codes de la chanson pop, les met à l’oeuvre sur disque et sur scène, tout en les pervertissant de guitares électriques obliques et d’arrangements intrigants. Sa musique groove, charme, fait rire, émeut. Souriant et éminemment sympathique, il est le genre de gars qu’on présente à sa mère.

Pas tout à fait ce qu’on s’attendrait d’un métalleux ou d’un punk-rocker. « Ça fait 10 ans que je fais des spectacles pour des enfants, des ateliers de poésie. Je suis un bon exemple de citoyen modèle. Et pourtant, j’ai grandi en écoutant de la musique violente ».

Cadet de deux grands frères, il écoutait du Nine Inch Nails le matin, dans le tapis, à six ans. « Quand j’ai commencé à chanter, j’étais pré-ado à Moncton, et j’écoutais du System Of A Down. Imagine-moi à 13 ans dans un garage à chanter « Sugaaaaaarrrrrr »… »

J’ai grandi en écoutant des trucs dark. Ça a aidé ma psychologie. Quand tu vis des trucs fuckés et que t’écoutes de la musique fuckée, ça aide, ça met en contexte tes émotions. Le côté cathartique est très fort.

Contrairement à Fabien Cloutier, Mehdi n’est pas du genre à se lancer tête première dans un mosh-pit pour vivre une implication physique intense dans un show heavy.  « Je suis vraiment un peu autiste de musique. J’adore quand ça brasse, quand c’est physique, mais comme auditeur, je n’ai pas besoin de rentrer dans du monde. Je regarde le show. Ce qui est beau, c’est d’observer un mosh-pit, voir le monde s’aider à se relever. Il y a un climat sauvage, mais c’est de la fausse sauvagerie. »

 

Afropunk

Mehdi ne se considère pas pour autant métalleux. Il exprime même une préférence prononcée pour le punk. Au sens large du terme. « J’ai tendance à graviter vers des musiques qui ont cette intensité-là. Il y a des trucs que je trouve super heavy qui ne sont pas nécessairement métal ; Death Grips, pour moi, c’est tellement punk et heavy. Ou même Nina Simone : c’est fucking punk rock à l’os. C’est plus punk qu’un band punk-pop de nos jours. »

Selfie métalleux, au motel de Carleton-sur-mer

Selfie métalleux, au motel de Carleton-sur-mer

Parmi ses souvenirs marquants d’influences punk, Mehdi évoque également Rage Against the Machine, ce qui le mène à son sujet de prédilection. « J’aime cette jonction entre le punk et d’autres formes. Je dirais que l’afropunk, c’est ce qui m’attire le plus. Je m’identifie à ça, étant né en Afrique (même si j’ai grandi au Canada) ».

« Je suis allé à l’Afropunk Fest, à Brooklyn. C’est vraiment la vibe que j’aime le plus. Je m’y retrouve. La différence par exemple entre le métal et ça, c’est qu’avec le hair metal, par exemple, il y avait moins cette culture du outsider. C’était les cool qui étaient dans les bands métal à cette époque-là, le quarterback, le jock, tu vois le genre ?  Tandis que l’Afropunk, c’est un éventail de gens. Et c’est la rencontre entre le funk et le punk. Des rythmiques moins militaires, plus groovy. »

* Mehdi Cayenne Club prépare un nouvel album pour novembre, et sera en spectacle un peu partout en région en première partie de Dumas, jusqu’au 15 août. Concert également à prévoir le 22 août prochain au Blacksheep Inn, à Wakefield, ainsi qu’au festival Passovah Festival, le 29 août, à la Brasserie Beaubien à Montréal.


5 artistes afropunk incontournables, selon Mehdi

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