Shining

Shining au Théâtre Fairmount | Éloge de la douleur

Lundi dernier, les chantres de la souffrance, des pensées suicidaires et de l’autodestruction, Shining ont offert une performance digne de leur réputation. Partageant le haut de l’affiche avec l’impitoyable formation Revenge, ils ont offert au public montréalais un bon exemple du mot « intensité ».

Deathbringer

Deathbringer a ouvert la soirée avec un mélange fort honnête de black et de death. Mention spéciale au chanteur qui a donné une performance solide devant une foule pour le moins clairsemée. La prestation passionnée des Montréalais aurait cependant pu bénéficier d’un mixage un peu plus clair, en particulier dans les basses fréquences.

 

Wolvhammer

Dans un style intégrant des éléments sludge à du black métal, Wolvhammer a bien su tirer son épingle du jeu. La performance efficace du chanteur tant au niveau vocal que scénique mérite également une mention. Son chant tranchait avec force au travers d’un murs de distorsion et il savait occuper une scène. Les ambiances sombres, frisant parfois le black atmosphérique étaient bien servies par des structures de morceaux accrocheuses aux breaks bien placés. Plusieurs passages ne manquant d’ailleurs pas de rappeler Shining.

 

Revenge

Le trio canadien Revenge a pris d’assaut la scène avec son black/death fielleux et disons-le, quelque peu uniforme. Revenge ne fait pas dans la nuance et la subtilité, ce qui est tout à fait leur droit. Par contre, la formule tend à s’épuiser après quelques pièces. Il faut cependant admettre que le son brutal du groupe fait un véritable effet de rouleau compresseur, ce qui est le bienvenu dans une soirée de musique extrême. Le contraste des voix grave et aigue donne également une couleur fort intéressante à cette masse sonore. Impact assuré mais sans trop de surprises, il faut l’admettre.

 

Shining

Le clou de la soirée fut évidemment Shining, groupe suédois dirigé par Niklas Kvarforth.  Charismatique, le leader a vite fait d’habiter la scène de sa présence. Son côté théâtral sert bien cette musique à la fois abattue et agressive. S’éloignant de plusieurs clichés associés au métal, elle fait avant tout l’éloge de la douleur, au sens figuré et littéral, comme en témoignent les lacérations du chanteur…

Après un départ en lion, Shining n’a pas diminué d’intensité, laissant une belle place au remarquable guitariste Peter Huss. Ses solos poignants, d’un poignant lyrisme apportent cette touche de tendresse et vulnérabilité au milieu de la tempête. Il est à noter aussi que jamais il ne sombre dans le cliché ou la ringardise.

L’atmosphère particulière de cette musique est créée par une oscillation continuelle entre la mélancolie et la hargne. L’auditeur passe ainsi par une gamme d’émotions offrant un exutoire à la colère, la tristesse, le désespoir et autres états d’âmes considérés comme négatifs. Cet effet est entre-autres nourri par des arrangements intelligents et des compositions solides. Kvarforth pousse le tout à son extrême en interprétant avec beaucoup de nuances les paroles. Par exemple, en passant adroitement du chant clean au chant de gorge. Les échanges en forme d’appel-réponse avec le bassiste créent également un bel effet de profondeur.

Shining a prouvé par sa performance qu’il demeure un groupe au caractère unique dans le monde du métal autant sur scène que sur disque. Confirmant également les talents de compositeur et de leader de Niklas Kvarforth.

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