Show des finissants de l’École nationale de cirque | Hangar des possibles à la TOHU

L’École Nationale de Cirque, véritable couvoir du cirque nouveau en Amérique du Nord, présente les deux spectacles de ses finissants en alternance jusqu’au 4 juin. Mardi soir à la TOHU, on aura pu s’extasier devant « L’amour et les extraterrestres », conçu par le comédien Didier Lucien. Alors que le lendemain était donné « Hangar des possibles », cette fois sous la direction d’Yves Dagenais. Deux signatures d’une modernité renversante qui font que Montréal est vraiment une ville de cirque.

Le titre de ce deuxième spectacle n’est pas très approprié, encore moins sexy, mais c’est bien le seul reproche que l’on puisse lui adresser. Yves Dagenais, comme Didier Lucien, vient principalement du théâtre. Co-fondateur de la compagnie La Grosse Valise où il a créé en 1983 le personnage coloré d’Omer Veilleux qui a circulé avec au-delà de 1 000 représentations, il a enseigné jusqu’à récemment à l’ÉNC, pour devenir ensuite directeur artistique du Centre de recherche en art clownesque.

Et c’est ce même Yves Dagenais qui a publié en 2015 le premier et seul dictionnaire universel des artistes clowns intitulé « Le Petit Auguste, répertoire de clowns, augustes, excentriques et autres comiques ». Fort de ses quelque 40 années à évoluer sur la scène artistique, on peut dire qu’il sait de quoi il parle, et ça paraît.

Avec les dix artistes du « Hangar des possibles », il nous transporte bien au-delà de ce qui est convenu en art circassien. Son numéro d’ouverture, avec Rosita Hendry à la corde lisse, vêtue de ce qui ressemble à une robe de mariée blanche, démarre bien cette soirée tout en contraste. Car elle sera suivie par un numéro de groupe où une horde de travailleurs de la construction, avec leur veste orange à rayures jaunes fluo, jouent dur entre gars. Plus tard, les mêmes machos arboreront des robes légères de couleurs vives, alors que les filles porteront pantalons à bretelles et cravates.

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Que ce soit pour le main à main, le cerceau chinois, le trapèze ballant, le cerceau aérien, l’équilibre ou encore le cadre russe, chaque discipline est rendue avec une inventivité, et un amusement du moins en apparence, qui tout du long rivalisent d’originalité et de modernité.

La conception des éclairages, et les choix musicaux passant d’un air d’opéra à du rock dur, y font pour beaucoup aussi. Il n’est pas étonnant de retrouver parmi les conseillers artistiques de chaque numéro des noms comme Estelle Clareton, Johanne Madore et Julie Vincent. Le rendu du travail des acrobates se rapproche beaucoup de la danse et du théâtre.

Depuis sa fondation en 1981, l’École nationale de cirque, avec sa vingtaine de diplômés par année, est reconnue dans le monde également pour l’enseignement qu’elle prodigue aux instructeurs et aux formateurs de cirque. L’École est au cœur de la Cité des arts du cirque qui réunit aussi le regroupement des arts du cirque En Piste, le siège social du Cirque du Soleil, et l’inestimable TOHU qui est la toute première salle de spectacle circulaire au Canada.

L’ÉNC a contribué à l’émergence de plusieurs compagnies dont les plus renommées, en plus du Cirque du Soleil, sont le Cirque Éloize et Les 7 Doigts. Elle participe régulièrement avec ses étudiants à des événements aussi prestigieux que le Festival Mondial du Cirque de Demain de Paris ou encore le Wuuqai en Chine.

hangar-possibles-02Même que trois compagnies établies en France, Un loup pour l’homme, Cirque Trotola et Cirque Le Roux, ont été fondées par des diplômés de l’École. Et c’est le cas aussi bien ici avec une dizaine de compagnies émergentes, parmi lesquelles le Cirque Alfonse et Les Improbables.

L’on ne peut que souhaiter bonne route aux finissants de la cuvée 2017, sachant que plus de 95% des diplômés travaillent dans leur discipline dès les premiers mois suivant leur sortie de l’École. D’ailleurs, plus d’une centaine des artistes circassiens qui les ont précédés font partie aujourd’hui des spectacles du Cirque du Soleil en tournée partout dans le monde.

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