Show Pro Bonneau

Show Pro Bonneau | Entrevue avec Moran : Un chant du coeur pour l’Accueil Bonneau

Le mardi 6 novembre prochain, le Club Soda réunira plusieurs artistes sur scène pour le spectacle-bénéfice du Show Pro Bonneau. Présenté dans le cadre du festival Coup de coeur francophone, l’initiative de l’artiste Moran réunira Daniel Boucher, Philippe Brach, Daran, Luce Dufault, Antoine Gratton, Catherine Major, Émile Proulx-Cloutier, Ingrid St-Pierre et Martha Wainwright, qui viendront offrir de leur temps pour soutenir, l’instant d’une soirée, l’iconique Accueil Bonneau.

 1998 résonne encore entre les murs de l’Accueil Bonneau, une année durant laquelle une explosion de gaz emporta la vie de trois personnes et en blessa vingt autres. Que ce soit avant ou après cet événement tragique, les Québécois connaissent sans nul doute l’organisme à but non lucratif fondé à Montréal qui œuvre depuis plus de 140 ans auprès des personnes en situation ou à risque d’itinérance. Une mission louable ayant bouleversé l’initiateur du Show Pro Bonneau, Moran, dont le sujet hante son esprit depuis longtemps.

Un lien fort tissé avec l’Accueil Bonneau

Pour le musicien, l’itinérance se présente comme une véritable injustice dans une société qui brasse autant de milliards dans des investissements souvent invisibles. « Je ne comprends pas pourquoi on ne règle pas la misère humaine, c’est-à-dire la douleur ou la difficulté pour certains de passer par-dessus des épreuves qui peuvent les mener à la rue », soupire celui qui réalisa l’album Sans-abri en 2013 avant que naisse une collaboration étroite avec l’Accueil Bonneau il y a deux ans. L’organisme contacte alors une première fois Moran pour qu’il leur donne un coup de main concret à travers son art. « J’étais heureux qu’ils m’appellent parce que je n’avais pas envie de m’impliquer dans une cause pour faire parler de moi. Ce n’est pas du tout mon genre et je préférais que ça vienne d’eux », souligne ce père de famille de quatre enfants.

Sans hésitation, le Québécois se rend dans l’édifice situé dans le Vieux-Montréal où il découvre un monde insoupçonné où s’activent quelques 30 intervenants et plus de 300 bénévoles durant la semaine. « On ne réalise pas l’ampleur des besoins et des services qui sont offerts. Quand on met les pieds dans le lieu, c’est hyper émouvant et impressionnant », s’exclame-t-il.

Une musique qui rassemble

À l’Accueil Bonneau, 800 repas sont servis par jour en plus de proposer des services qui dépassent la simple distribution de nourriture. « Les bénévoles sont là et se font un devoir d’aller dire bonjour, de demander ce que les gens ont envie de manger, de les servir et de discuter avec eux, parce que c’est la base de tout ». Un contexte humain qui favorise pour l’artiste « l’envie de continuer à vivre, de faire l’effort de remettre les pieds dans les bonnes chaussures ».

Et lorsque ce n’est pas avec ses pieds pour se rendre à l’édifice que Moran manifeste son soutien, c’est avec sa voix que l’auteur-compositeur-interprète le fait. La musique opère comme un médium capable de rassembler, comme en témoigne le clip vidéo de la chanson Merveilleux qui montre à la fois des visages « bouleversants et lumineux ». L’artiste retrace ainsi avec plaisir cette expérience vécue :

C’était une façon pour moi de rencontrer les gars, d’avoir un lien direct avec ceux qui fréquentent les lieux. On a démarré le projet et envoyé la chanson ainsi que les paroles. Le jour du clip, il y avait une cinquantaine de visages dont un – je me souviens toujours – qui ne savait ni lire ni écrire. Il faisait semblant de suivre les paroles avec sa feuille pour pouvoir chanter avec moi et c’est une intervenante qui est venue me dire qu’il suivait à l’oreille, pour me faire plaisir.

Le Show Pro Bonneau pour la bonne cause

En marge du clip vidéo, Moran et son ami guitariste Thomas Carbou ont coordonné également plusieurs concerts durant une année au Verre Bouteille, afin d’amasser des fonds pour l’Accueil Bonneau. « Cela a crée des soirées très humaines où l’erreur était permise et finalement, quand on se permet l’erreur, il n’y en a jamais. Il y avait juste du bonheur d’être là… »

En guise d’accomplissement, le bonheur sera évidemment visible le 6 novembre prochain au Club Soda pour un concert concluant magnifiquement la série de soirées-bénéfices initiée par Moran. « Le spectacle sera un peu plus préparé qu’au Verre Bouteille avec des projections vidéo en plus d’un travail de répertoire pour l’occasion. Il n’y aura pas vraiment de répétition, mais avec dix artistes, il faut savoir vers où l’on s’en va ». Parmi ceux-ci, notons les présences de sa compagne Catherine Major, Philippe Brach, Daran ou encore Martha Wainwright qui se rejoindront sur scène pour des collaborations inédites autour de compositions originales, « sauf une ou deux qui vont être des reprises comme Les Gitans de Mano Solo. J’ai demandé à Catherine de l’interpréter parce qu’elle la connaît déjà et l’adore », se réjouit Moran au téléphone.

De ce spectacle-bénéfice entouré d’artistes prestigieux, Moran espère ainsi faire bouger les lignes et donner une visibilité conséquente à une cause qui l’anime, « de faire en sorte aussi que l’on en parle, que ça change et que ça devienne une responsabilité sociale assumée par le gouvernement de s’occuper des gens dans le besoin ».

Voilà qui est dit, Monsieur Legault.

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