Sigrid

Sigrid au Théâtre Corona | La sobriété a bien meilleur goût

Après avoir fait un tour à Osheaga durant l’été, Sigrid était de passage au Théâtre Corona afin de présenter son album Sucker Punch dans un cadre plus intime. Sans grands artifices, le spectacle de Sigrid a su charmer par ses sourires complices, ses quelques grimaces et ses nombreux contacts visuels avec son public.

La magie de Sigrid

La sensation norvégienne a offert un spectacle à l’image de son premier album, Sucker Punch: éclaté, rafraichissant, accessible et sans prétention. Bénéficiant d’un grand espace, Sigrid a préféré effectuer des aller-retour entre jardin et cour, proposant par conséquent un spectacle relativement sobre mettant en valeur ses chansons très colorées et un éclairage audacieux.

C’est en évitant les extravagances que Sigrid a su garder son énergie durant tout le spectacle, offrant ainsi une prestation constante sans grande longueur, avec une voix toujours aussi puissante et un charisme toujours aussi contagieux. Il faut toutefois signaler que Sigrid n’a pas offert de rappel durant ce spectacle.

La foule du Théâtre Corona était étonnamment variée en termes d’âges, on y trouvait autant une jeune personne d’environ 10 ans (qui connaissait les paroles) à des spectateurs d’au-dessus de 60 ans. Sigrid s’est même permise de souligner sa joie face à la présence d’une (très) jeune personne.

C’est par cette magie, que l’on pourrait autant attribuer à son style policé qu’à ses textes frontaux et honnêtes ou à ses rythmes pétillants, que Sigrid a pu monter les échelons si rapidement et a su plaire à un large auditoire. Cet auditoire généreux semblait plus que satisfait par les nombreuses chansons tirées de Sucker Punch mais aussi des EP Raw et Don’t Kill My Vibe. C’est les succès Strangers, Mine Right Now, Don’t Kill My Vibe et Don’t Feel Like Crying qui auront le plus séduit la foule.

Pop, mais pas nécessairement populaire

Encore l’année dernière, Sigrid était assez méconnue du public. C’est lorsqu’on lui a attribué le prestigieux BBC Sound of… 2018 que Sigrid a vu sa carrière être propulsée, alors que les entrevues et les performances télévisuelles ont été multipliées. Pour ce prix, Sigrid était en compétition contre des artistes comme Billie Eilish, Khalid, Rex Orange County et ALMA. Le succès à la fois populaire et critique de son premier album (paru en mars) n’a fait que confirmer l’envolée de l’artiste norvégienne de 23 ans, qui a fait le tour des festivals durant l’été.

À première vue, Sigrid pourrait cadrer dans le stéréotype de la «simple» star pour adolescents, recrachant des hymnes pop fades et conformes. Or, Sigrid jongle avec les limites conventionnelles de la pop, explicitant notamment cette distance qu’elle veut prendre avec l’industrie de la musique dans sa chanson Business Dinners. Il faut aussi noter que Sigrid porte souvent les mêmes habits (soit des jeans et un t-shirt blanc), ce qui peut constituer une signature artistique mais aussi un pied de nez au cadre encore misogyne de l’industrie musicale. Cette sorte d’humilité, que l’on pourrait apparenter à celle de Charlotte Cardin, est rare auprès des artistes pop, et constitue indubitablement un élément la démarquant.

Raffaella: douce découverte

D’une simplicité effarante, la première partie du spectacle, Raffaella, en a surpris plus d’un en enlevant dès le départ ses sandales. De quoi mettre le ton à son spectacle: douce et gracieuse, la jeune Américaine entonnait des mélodies pop frôlant le folk, telles Sara Hartman et Janet Devlin. Elle a même glissé quelques phrases en français, évitant le simple «Bonjour Montréal» (ou le «merci» lâché par Sigrid un peu plus tard). Le public s’est très rapidement accroché aux lèvres de Raffaella, qui s’est avouée plus gênée de parler en français que de chanter en public.

 

 

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