Smashing Pumpkins

Smashing Pumpkins au Centre Bell | Un marathon nostalgie de plus de 3 heures!

La tournée de réunion des Smashing Pumpkins s’arrêtait au Centre Bell mardi soir. Les quelques 10 000 fans réunis ont eu droit à plus de 30 chansons tirées presque entièrement des 5 premiers albums du groupe, pour un total de 3 heures et 15 minutes de spectacle… sans compter les 40-quelques minutes de première partie de Metric. Trop, c’est comme pas assez?


 

On pouvait douter à quel point Billy Corgan serait en paix avec cette idée d’une « réunion » des Smashing Pumpkins, opération nostalgie demandée par les fans depuis belle lurette. Est-ce que le coeur allait y être?  Et qu’en serait-il des membres originaux Jimmy Chamberlin (batteur) et James Iha (guitariste) qui ont accepté l’invitation de revenir au bercail pour l’occasion, contrairement à la bassiste D’Arcy Wretzky qui n’en a jamais eu l’intention, brisant ainsi le concept puriste d’une réunion entière des fondateurs du groupe?

Qu’à cela ne tienne, la simple promesse d’assister à un concert des Pumpkins au cours duquel ils ne pigeraient que dans leur répertoire des années 1990 est en soi alléchant, du point de vue du spectateur. Avec Chamberlin et ses passes de drum hallucinantes, et les guitares tonitruantes de Iha, les fans trentenaires et quarantenaires ont répondu présent.

Corgan a lancé les festivités avec une interprétation solo, à fleur de peau, de Disarm. Tous les musiciens ont ensuite pris place pour Rocket, et tel une fusée, c’était parti en grand! Ok, ils sont en forme, ils sont contents d’être là, et on va passer une agréable soirée!  Les guitares sont mordantes, les solos bien tirés, les cadences savamment martelées. Tout fonctionne, même si Corgan n’est pas toujours là où la note le commande. On s’en fout un peu : il ne l’a jamais vraiment été.

Trop long?

Ça devient ensuite une question de goût : est-ce qu’on aime ou pas les concerts-fleuves ?  Trente-et-une chansons, c’est beaucoup. Surtout quand on compte dans le lot quatre reprises, deux chansons tirées de trames sonores de films (Eye, tirée de l’excellent Lost Highway de David Lynch, et The Beginning Is The End Is The Beginning, seul aspect positif de l’horrible Batman & Robin de 1997 ?), et une nouvelle chanson couci-couça.

Ensuite, bien sur, les hits, et ils en ont pas mal de ceux-là : Today, Zero, Tonight, Tonight, 1979, Cherub Rock, Ava Adore, Bullet With Butterfly Wings… et quelques pistes moins « mainstream » mais jouissives pour les fans qui ont écouté — un concept presque dinosaure aujourd’hui — les disques AU COMPLET à PLUSIEURS REPRISES pendant plusieurs années!  Ça fait en sorte que la foule réagit vivement à des titres comme le slow rock emo par excellence Soma, ou encore la jolie For Martha au piano, ou l’orgasmique Muzzle juste avant le rappel.

Alors si c’est très long, 3h15, mais que tout cela semble réjouissant, on couperait où?

Dans les reprises notamment. Space Oddity de Bowie a tout à fait sa place, d’abord parce que la reprise est inspirée, et aussi parce que ça connecte tout à fait avec l’imaginaire astral des Pumpkins. On devine facilement que le jeune Billy Corgan a écouté en boucles cette chanson mythique, tout au long de sa vie, au point d’en faire un hymne personnel. Et ça paraît quand on le voit vivre cette chanson sur scène.

 

Mais Stairway To Heaven?  N’en déplaise aux auditeurs de CHOM, c’était peut-être de trop, tout comme Landslide de Fleetwood Mac qui s’intégrait mal au reste du show.

Les susmentionnées chansons des trames sonores auraient aussi pu prendre le bord, bien franchement. Aussi bonnes soient-elles sur disque, le public est resté assis sur ses mains pour celles-là.

Mais bon, rien de tout ça n’est bien grave au fond. Les Smashing Pumpkins en ont donné trop, et contrairement à ce que veut l’adage, ce n’est pas toujours vrai que trop c’est comme pas assez. Surtout quand c’est servi avec autant de dégaine et de plaisir, et que chaque chanson dispose de sa scénographie et de ses projections personnalisées.

À ce propos, il y avait peut-être un petit malaise lorsqu’on constatait, durant Rhinoceros, que des images d’archives des premiers vidéoclips avaient été montés pour les projections… en prenant soin d’extraire toute apparition de l’iconique bassiste blonde D’Arcy à l’écran. Mais somme toute, l’exercice nostalgie était très réussi dans le genre, et les bons moments trop nombreux pour bouder son plaisir.

Pour ce qui est de la suite des choses, on verra bien, mais il y a fort à parier que le show de mardi soir était le point final pour tout fan des Smashing Pumpkins qui souhaitait faire la paix avec ce groupe si marquant dans les belles années du rock alternatif, et si fade au cours des 15 dernières années. Des nouvelles chansons?  Bah. Est-ce qu’on retournera les voir dans 2, 3 ou 5 ans lors d’une tournée visant à promouvoir leur retour sur disque?  Il y a de quoi en douter.

Mais mardi, c’était une agréable surprise, un rendez-vous de retrouvailles un peu longuet, mais hautement réussi.

 


Grille de chansons

  1. Disarm
  2. Rocket
  3. Siva
  4. Rhinoceros
  5. Space Oddity (reprise de David Bowie)
  6. Drown
  7. Zero
  8. The Everlasting Gaze
  9. Stand Inside Your Love
  10. Thirty-Three
  11. Eye
  12. Soma
  13. Blew Away
  14. For Martha
  15. To Sheila
  16. Mayonaise
  17. Porcelina of the Vast Oceans
  18. Landslide (reprise de Fleetwood Mac)
  19. Tonight, Tonight
  20. Stairway to Heaven (reprise de Led Zeppelin)
  21. Cherub Rock
  22. 1979
  23. Ava Adore
  24. Try, Try, Try
  25. The Beginning Is the End Is the Beginning
  26. Hummer
  27. Today
  28. Bullet With Butterfly Wings
  29. Muzzle

Reprise

Solara (nouvelle chanson)

Baby Mine (reprise de Betty Noyes)

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